C de coeur, C de gueule

Le raz de marée et l’entendement sélectif de W

Quelques suspicieux, bien sûr mal intentionnés, avaient naguère émis des doutes sur la comprenoire de Bush W. La majorité des électeurs étatsuniens ont estimé qu’il n’y avait pas lieu de s’alarmer. A tort. Ils viennent en effet d’être désavoués par leur président lui-même déclarant, ce 28/12, à propos du raz de marée que ses conséquences « dépassent l’entendement ».

Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que W se sent pris au cerveau. On se souvient comment Michael Moore l’avait montré en plein désarroi de vacuité cérébrale lorsqu’on lui apprit l’attaque des Twin-Towers. Le 27 mars 2003, recevant à la Maison blanche son grand ami Blair, ne déclara-t-il pas ? : «S’il nous fallait des témoignages supplémentaires de la dépravation du régime de Saddam Hussein, cette dernière atrocité [la diffusion d’mages de soldats britanniques exécutés] nous les apporte. […] C’est un acte de cruauté qui dépasse l’entendement. Cela dépasse en vérité la capacité de compréhension de quiconque possède la moindre parcelle d’humanité. »

Certes, comme tout un chacun, W a ses entendements et indignations sélectifs. Le pire c’est qu’il les impose au monde. Ainsi voit-on poindre une nouvelle manifestation de l’imperium (pour reprendre le mot de Theodore Roszak dans son excellent livre, La Menace américaine), cette fois sur le terrain de l’humanitaire en Asie… Désireux, sans doute, de se redorer un blason quelque peu terni dans le «rest of the world», W dispute à l’Onu son leadership sur la coordination de l’aide aux pays asiatiques dévastés par les raz de marée.

Il vient en effet (AFP, 22/12) de décider d’établir une nouvelle coalition internationale afin de secourir les victimes. C’est pourtant le rôle dévolu à l’Onu, via son Bureau de coordination des affaires humanitaires. C’est surtout l’occasion pour le W de poursuivre de sa vindicte et l’Onu et son secrétaire général Kofi Annan, empêcheurs de guerroyer en rond. C’est enfin un manière pour W d’accomplir son devoir religieux au nom du dieu des néoconservateurs et des affairistes. Et cela pour pas cher : Washington, qui avait d’abord offert 15 millions de dollars d’assistance aux pays sinistrés, sous le feu des critiques – dont celles de l’Onu – a porté son aide à 35 millions de dollars. Quel élan de générosité !

Qui saurait chiffrer, par contraste, le coût de la guerre d’Irak ? On s’y perd, tant l’addition est énorme, mais insuffisante encore : W s’apprête à demander au Congrès, en février, un budget supplémentaire de 80 milliards de dollars pour les opérations militaires en Irak, selon le chef d’une délégation de parlementaires américains en visite à Bagdad, Jim Kolbe, président (républicain) de la sous-commission des opérations à l’étranger au sein de la Chambre des représentants. Une paille à côté des 2.000 miliards de dollars investis d’ici à 2008 dans les industries militaro-industrielles destinées à prolonger bien plus avant encore les délires de Reagan et de sa « guerre des étoiles ».

Quant au coût humain en Irak, il surpasse même l’entendement de W : 100.000 morts civils, pour ne compter «que» ceux-là. Un vrai raz de marée.

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