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CHINE. Pour un journalisme olympien

Sauf contrariété extrême de dernière minute, il va y aller. Couru d’avance, au nom de la real-politik, donc des impératifs économiques. De même que les JO sont aussi vitaux pour le nouvel expansionnisme chinois, la présence politique de la France s’impose à son omni-président. Les économies capitalises – fussent-elles « communistes » ou « libérales » – se tiennent par la barbichette des affaires. D’où les terribles pressions portées à l’encontre des empêcheurs de traiter en rond, ces trublions que sont certains journalistes, voire certains politiciens comme Daniel Cohn-Bendit à la langue encore bien pendue – même s’il a failli se la bouffer l’autre fois à la tribune du Parlement européen. Mais le plus important, c’est encore que des journalistes dignes de ce nom se rendent en Chine et témoignent. Qu’il concourent, en somme, pour un journalisme debout et d’élévation, un journalisme olympien.

Exemple historique : 1927, dixième anniversaire de la Révolution d’Octobre. Cérémonies fastueuses, invitations d’innombrables figures de l’intelligentsia internationale. Panaït Istrati, considérable écrivain roumain de langue française, fuit les cortèges et cérémonies officiels, s’enfonce dans la Russie profonde, touche du doigt la réalité terrifiante du bolchévisme. Ce sera « Vers l’autre flamme, Confession pour vaincus », publié en 1929 – témoignage retentissant dénonçant les germes du stalinisme – avant Staline…

Pour la Chine, le casse-tête est vraiment chinois : faire semblant d’accueillir la presse mondiale et, en même temps, canaliser ce flux si dangereusement impétueux dans ses possibles débordements.

Quelle est donc l’actuelle situation à un mois à peine de l’ouverture des Jeux de Pékin ? Pas brillante, c’est le moins qu’on puisse dire !

Cent journalistes et cyber-dissidents chinois se trouvent toujours en prison. Des journalistes étrangers sont bloqués et menacés en dépit des promesses répétées de Pékin de leur donner « entière liberté » avant les Olympiques – tant au Tibet que dans les zones du Sichuan frappées par le tremblement de terre. Censure constante, en ligne et ailleurs. Alors qu’il ne reste que trois semaines avant l’ouverture des Jeux, les membres de l’IFEX (association de défense de la libre expression, basée à Toronto au Canada) demandent aux journalistes de faire monter la pression.

De son côté, Reporters sans frontières (RSF) maintient son appel aux dirigeants et chefs d’État, à commencer par Sarkozy, pour qu’ils boycottent les cérémonies d’ouverture. RSF veut organiser des rassemblements le 8 août, jour d’ouverture des JO, devant les ambassades de Chine. Les Internautes pourront se rendre en ligne à la cyber-manifestation de RSF via http://www.rsf.org

RSF et d’autres membres de l’IFEX comme le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) se sont déjà joints à l’appel mondial en faveur de la remise en liberté des « Huit PO » (Prisonniers d’opinion) chinois avant le jour J des jeux. Les membres de l’IFEX ont fait campagne en faveur de tous les huit, et en particulier de Shi Tao et de Hu Jia.

C’est le moment de protester en écrivant à l’ambassadeur ou au consul de Chine le plus proche. Voir la vidéo d’appel et téléchargez des lettres déjà préparées à:

On peut aussi :
– écouter le poème « Juin », de Shi Tao, traduit en plus de 90 langues, y compris le tibétain: http://www.penpoemrelay.org/

– aller voir la campagne du PEN International « We Are Ready for Freedom of Expression » (Nous sommes prêts pour la liberté d’expression) et lire les noms des 44 journalistes et écrivains incarcérés.

Plus de 30 000 journalistes étrangers sont attendus aux Jeux – trois par athlète…. C’est pourquoi la FIJ fait équipe avec « Play the Game » (Jouer le jeu), une organisation politique qui suit la scène sportive, afin de lancer « Play the Game for Open Journalism » (Jouer le jeu du journalisme ouvert), un site web pour les reporters qui se rendent en Chine et qui ne savent pas quel degré de liberté ils auront pour faire leur travail. Obtenez des conseils et des trucs (y compris de la part de journalistes locaux!) sur la façon de réaliser des reportages à Pékin, depuis les sujets délicats et la façon de les aborder, jusqu’au travail avec des assistants locaux et à la protection de vos sources. Vous avez des conseils à partager? Assurez-vous de les télécharger sur le site dans les forums de discussion. Tout cela se trouve à: http://www.playthegameforopenjournalism.org

Conscients que la connaissance des droits est essentielle et que l’accès aux sites web peut être censuré, Human Rights Watch et le CPJ ont publié un guide de survie en format poche – idéal pour votre voyage. Si vous n’avez pas le temps de le commander, le « Reporters’ Guide to Covering the Beijing Olympics » (Guide du reporter qui couvre les Olympiques de Pékin) peut être téléchargé gratuitement à: http://china.hrw.org/ et sera aussi bientôt disponible en allemand, en espagnol, en français et en japonais. Le Guide comprend les versions anglaises et chinoise des règles temporaires, que les reporters peuvent présenter aux officiels qui les interrogeront sur le terrain.

La FIJ met en place, du 20 juillet au 31 août, une permanence téléphonique d’urgence et des conseils, notamment à l’usage des quelque 10.000 journalistes qui devraient affluer à Pékin sans accréditation. Numéro : + 32 475 76 13 92.

Les observateurs des droits de l’homme estiment que la situation de la libre expression en Chine s’est détériorée de manière tellement substantielle depuis un an « sous les yeux de la communauté internationale », qu’il y a maintenant plus d’écrivains et de journalistes dans les prisons chinoises qu’il y en avait il y a sept mois.

A consulter :

Human Rights Watch :
http://hrw.org/reports/2008/china0708/

– « Failing to Deliver: An Olympic-Year Report Card on Free Expression in China » (Manquer à sa parole : Bulletin de notes de l’année olympique) sur la libre expression en Chine » :
http://www.pen.org/chinareport

– « Falling Short », qui souligne la faillite de la Chine face à ses engagements sur la question des médias : http://www.cpj.org/Briefings/2007/Falling_Short/China/index.html

L’Association mondiale des journaux (AMJ) dispose de tout un tas d’histoires, de dessins, de graphiques et de photos sur le Défi Olympique de libérer la presse en Chine. On peut s’en servir gratuitement à: http://worldpressfreedomday.org/

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