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Mort d’Eddy Louiss. Un grand de l’orgue Hammond, mais pas seulement

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Avec la Multicolor Feeling Fanfare, au Paris Jazz Festival 2011 (Parc floral de Paris). Ph. Myrabella / Wikimedia Commons

Organiste, pianiste, chanteur ; et aussi trompettiste, percussionniste , chef d’orchestre et compositeur : Eddy Louiss vient de mourir à l'âge de 74 ans et avec lui disparaît une grande figure du jazz, du jazz français en particulier. Il était malade depuis quelques années et, ces derniers temps, ne répondait même plus aux appels téléphoniques de ses amis, comme Bernard Lubat notamment, avec qui il avait joué et chanté surtout dans le groupe des Double Six, aux côtés de sa fondatrice Mimi Perrin, de Roger Guérin, Ward Swingle et Christiane Legrand. [Voir ici à propos de Mimi Perrin, morte en 2010 : Mimi Perrin, comme un pinson du jazz ]

"Toujours les meilleurs qui partent", comme il se dit bêtement… Dans cette catégorie, j'ai "raté" le départ, le 11 juin dernier, d'Ornette Coleman, un historique du jazz s'il en est. Rattrapage avec cet article sur CitizenJazz

[dropcap]Edouard[/dropcap] Louise, de son vrai nom, naît à Paris le 22 mai 1941. Son père, Pierre, d’origine martiniquaise, est trompettiste et l’entraîne très jeune dans des tournées estivales où il s’imprègne de la musique dite « typique » : rumba, paso-doble, cha-cha-cha. Il découvre bientôt le jazz et tâte d’instruments comme la trompette, le vibraphone – et l’orgue Hammond, qui deviendra son instrument d’élection. À seize ans, il fait le bœuf avec Jean-François Jenny-Clark et Aldo Romano. Plus tard, il enregistre avec Daniel Humair – il formera avec lui et Jean-Luc Ponty le trio HLP), accompagne Nicole Croisille au bugle (Festival d’Antibes, 1963), puis Claude Nougaro à l’orgue pendant treize ans. Il ne rechigne pas à la variété (avec Henri Salvador, Charles Aznavour, Barbara, Serge Gainsbourg, Jacques Higelin), se lance dans un octette (avec le violoniste Dominique Pifarély), s’adjoint une fanfare de cinquante musiciens professionnels et amateurs… En 1994, il enregistre en duo avec Michel Petrucciani deux disque fameux, Conférence de Presse (Dreyfus Jazz) [extrait ci-dessous]. Il joue également avec Richard Galliano, en duo et en orchestre (souvenir de Marciac, je ne sais plus quand au juste…) En 2000, la maladie le contraint à s’éclipser jusqu’en 2010 où il enregistre à nouveau en studio, se produit à l’Olympia et enfin en 2011, au Paris Jazz Festival, sa dernière apparition publique.

Musicien de tous les registres, ainsi qu’il a été souvent qualifié, à l’image de son ouverture « multicolore » – rappelons sa série de concerts intitulée Multicolor Feeling. Il s’était donné aussi bien dans les improvisations avec les John Surman, Michel Portal et Bernard Lubat, que dans les rythmes afro-caraïbéens ou les enregistrements en re-recording au clavier (Sang mêlé). Il était aussi un des continuateurs de Jimmy Smith, maître du Hammond, instrument de finesse et de fougue (pour ne pas dire de fugue…) qui va si bien au jazz, où il est devenu plutôt rare. La disparition d’Eddy Louiss ne va rien arranger.

Un document de l'Ina du 26 mars 1970 Eddy Louiss à l'orgue et Daniel Humair à la batterie interprètent "Tristeza". Diffusé par l'ORTF dans l'émission Jazz en France, présentée par André Francis. Tout le monde avait 45 ans de moins… Le son laisse à désirer. Cet extrait  de Caraïbes (Dreyfus Jazz), avec Michel Petrucciani, est meilleur : 

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

2 réflexions sur “Mort d’Eddy Louiss. Un grand de l’orgue Hammond, mais pas seulement

  • Au pas­sage : il était le maes­tro des orgues enchanteresses !

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  • HEROUARD

    Putain, ça nous rajeu­nit pas. L’élégant métis des Double Six deve­nu un gros bar­bu. Heureusement res­tent disques superbes. Un de mes pré­fé­rés : le double album live au Caméléon de 68, yes, avec Humair et Ponty, ces 3 jeunes gens cra­va­tés, autre époque. Constamment ins­pi­rés dans l’im­pro, avec une joie de jouer et une entente épous­tou­flantes. un solo mons­trueux de Humair. Et une perle ou deux pour afi­cio­na­dos avec Kenny Clarke et René Thomas, flemme de fouiller dans mes disks because cani­cule, mais ça doit se trou­ver sur You tube. Salut bel Eddy, fais dan­ser la biguine aux anges.

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