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Je veux payer l’impôt, l’impôt juste !

file_233329_97721.1170773885.pngCes combinards anti-impôts, ces traqueurs du bigo, depuis le temps que je les rembarre. « Ça vous dirait de payer moins d’impôt ? En toute légalité, bien sûr ! » : «Nan, m’intéresse pas ; je veux payer l’impôt, moi, l’impôt juste !». Et là, ils-elles tombent sur le cul (je les entends) en raccrochant. Et comment donc !, que j’ai signé l’appel « Pourquoi nous consentons à l’impôt » lancé par le mensuel Alternatives économiques.

J’ai signé mais pas pour autant des deux mains, n’étant pas en tout point d’accord avec le texte [d’où mes crochets]:

« Nous, soussignés, assujettis à l’impôt sur le revenu, et pour certains d’entre nous, à l’impôt de solidarité sur la fortune [pas moi], considérons ces prélèvements comme légitimes et sommes fiers d’apporter ainsi notre contribution aux dépenses publiques nécessaires au progrès, à la cohésion sociale et à la sécurité de la nation. Nous considérons également qu’un impôt progressif sur les successions est le corollaire indispensable des libertés économiques offertes par l’économie de marché. Le marché est facteur de progrès parce qu’ [cette relation de cause à effet est pour moi contestable] il permet à l’esprit d’entreprise de s’exprimer. Mais les inégalités qu’il engendre sont mortifères pour la démocratie si aucune limite n’est mise à la transmission héréditaire de la richesse. Celle-ci doit être acquise par le travail, par le talent, et non par le simple fait d’avoir hérité de ses parents. Une société où le pouvoir économique se transmet par héritage, est une société condamnée à une croissance lente, où les rentiers l’emportent sur les créateurs et où travail et mérite perdent toute valeur. [La transmission des richesses par héritage direct sans prélèvement social revient à reconstituer les lignées aristocratiques – ce que l’on constate d’ailleurs en parallèle avec les concentrations financières].

« L’Etat doit bien sûr savoir se réformer. Augmenter les impôts n’est pas une fin en soi et la liberté de chacun passe par la libre disposition d’une large part du fruit de son travail. Mais voir des candidats à la magistrature suprême proposer des mesures démagogiques en matière fiscale et justifier la sécession sociale des plus riches nous consterne. Car nos revenus ne proviennent pas seulement de notre talent personnel. Ils ont été acquis par notre travail, mais celui-ci ne porterait pas ses fruits sans le stock d’infrastructures, d’innovations, de savoir-faire, de goût d’entreprendre, de lien social, qui nous a été transmis par les générations qui nous ont précédés. C’est cet héritage commun qu’il nous revient de préserver et de développer en priorité afin d’assurer la qualité actuelle et future de notre vie individuelle et collective. Ce qui passe par un niveau élevé de dépenses publiques. Ces dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont aussi un investissement, gage à la fois de justice et de dynamisme. C’est pourquoi nous consentons à l’impôt et récusons des baisses de la fiscalité dont la contrepartie serait l’insuffisance des moyens donnés à la protection sociale des plus pauvres, à l’éducation, à la recherche, à la santé, au logement ou encore à l’environnement. »

Cet appel a été relayé aujourd’hui par Libération, qui s’associe à l’appel – une occasion pour souligner son net recentrage à gauche, si j’ose dire, depuis la reprise en mains par Laurent Joffrin.

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Une réflexion sur “Je veux payer l’impôt, l’impôt juste !

  • La question est “haro sur l’injustice” ! Ce n’est tout de même pas l’impôt qui crée le RMI ! Mais sans finances publiques pour secourir les miséreux, la régression sociale serait comparable au tiers-monde. “L’État n’a pas de parole” : qu’est-ce que ça veut dire ?, sinon s’abstraire soi-même d’un processus politique de responsabilité… Parlons, certes, des dépenses utiles de l’État et de sa gabegie; mais ne les limitons pas au secteur public ! Comme si l’argent privé coulant à flot et en “pure perte” était une abstration, une vue de l’esprit ! Comme si le Dow Jones et le Cac-40 n’étaient que des avatars obèses de l’abbé Pierre. Dans votre point 3, vous parlez d’investissement, là où je rêve de solidarité.

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