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Kadhafi aux portes de Benghazi. Vers un autre Srebrenica ?

Par Michel Gheude, Paul Hermant, Luckas Vander Taelen, Serge Bailly, Marc Ernst

Le printemps arabe est une chance historique pour les Européens. Une porte ouverte sur le dialogue des civilisations, la réconciliation des deux rives de la Méditerranée, le dépassement des drames de la colonisation et des décolonisations, l’espoir d’un monde plus démocratique et plus prospère. L’Europe doit aujourd’hui à cette révolution du sud le même soutien qu’elle a donné hier à celle des pays de l’est. Il n’en va pas seulement de son avenir, il en va de son être même.

 

En Libye, Kadhafi a répondu à la révolution par la guerre. Il y a trois semaines déjà ; il a déclaré dans une allocution télévisée qu'il allait “commencer le travail”. Sa détermination était limpide. Aujourd’hui, le travail est presque terminé, nous n’avons rien fait, et, si rien ne change, on parlera bientôt de Benghazi comme de Srebrenica, ville martyre qui vit des milliers d’habitants  décimés par les forces serbes, malgré la présence de troupes de l'ONU.

Laisserons-nous cette honte se reproduire ? Laisserons-nous massacrer les femmes, les enfants et les hommes de Benghazi pour s'être érigés en symbole des valeurs de liberté et de démocratie que nous voulons pourtant universelles ?

S’il n’est pas contredit dans les heures qui viennent, l’attentisme, sinon la lâcheté des Européens – à l’exception de la France et de la Grande Bretagne- aura révélé notre incapacité à penser notre solidarité avec les peuples arabes autrement que par des propos de salon. Et enterré le projet européen construit sur le « plus jamais ça » et l’idéal des Droits de l’Homme.

La réticence européenne et américaine à se mobiliser, pèsera lourd dans les relations Nord Sud, pour une génération entière. Déjà aujourd’hui, les leaders africains dont l'élection est contestée, comme Gbagbo en Côte d'Ivoire, n'ont aucune raison de s'inquiéter pour leur pérennité. Notre passivité envers Kadhafi leur donne chaque jour davantage raison. Ce qui se passera demain en Libye sera un signal pour tous les démocrates des pays arabes et du continent africain qui espèrent des jours meilleurs et se réjouissent des exemples tunisien et égyptien.  Notre responsabilité est immense.

S’il n’est pas déjà trop tard, il est plus que temps.

Post scriptum : Le conseil de sécurité de l'ONU a voté jeudi soir en faveur d'un recours à la force contre les troupes de Kadhafi.

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6 réflexions sur “Kadhafi aux portes de Benghazi. Vers un autre Srebrenica ?

  • Ouf!!!
    L’ONU a fina­le­ment déci­dé de ne pas res­ter bras croi­sés. 10 pour une inter­ven­tion et 5 abstentions…
    Il était plus que temps…

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  • Malheureusement, Sarko nous engage dans une guerre parce que Kadhafi lui a fait subir une bles­sure nar­cis­sique… Il essaye la méthode Bush pour se faire réélire en 2012 ? Une guerre pour remon­ter dans les son­dages ? un secret à cacher ? ou bien un peu de folie ?

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    • Gérard Ponthieu

      Oui, il y a ça en effet. Et puis, pour ma part, tout bruit de bottes écorche mes oreilles, avec ses tirades va-t-en guerre qui finissent (ou com­mencent) par outre­pas­ser les « nobles » objec­tifs avancés.Voir les guerres du Koweit puis de l’Irak. Certes il y a bien Kadhafi, indé­fen­dable face à son igno­mi­nie et à celle de son régime ; il y a le « réduit » de Benghazi et son urgence à le secou­rir. Mais alors, quid de Barhein, de l’Arabie saou­dite ? Sans par­ler de la Côte d’ivoire…

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      • Dominique Dréan

        Il me semble qu’on a assez deman­dé cet enga­ge­ment pour ne pas venir faire les dif­fi­ciles sur les vraies moti­va­tions pro­fondes et cachées de sarkozy.
        Tout ce qu’il entre­prend – même si c’est par pure huma­ni­té – n’ef­fa­ce­ra pas le sou­ve­nir de l’ac­cueil qu’il a réser­vé à Paris au monstre de Tripoli et là, pour de bon, avec des moti­va­tions plus que douteuses.
        Bonnes ou mau­vaises rai­sons, l’im­por­tant c’est qu’il le fasse. De même que j’ai appré­cié que Chirac n’emboite pas le pas de Bush jadis, j’ap­pré­cie aujourd’­hui que la France soit avec la Grande Bretagne le moteur de cette opé­ra­tion. Dommage sim­ple­ment que le moteur ait été si dif­fi­cile à démarrer.

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  • Vincent

    Pas d’ac­cord !
    C’est tou­jours une erreur de faire la guerre. Même pour dégom­mer un méchant. En Iraq les guerres des Bush ont pro­vo­qué 10 fois plus de mal­heurs que les exac­tions de Saddam. Les peuples veulent la paix avant toute autre chose. En Lybie, si on deman­dait aux gens par réfe­ren­dum de choi­sir entre la guerre et leur vieux tyran, je suis sûr qu’une large majo­ri­té vote­rait Khadafi. Mais per­sonne ne leur a rien deman­dé, ni le tyran, ni les révo­lu­tion­naires, ni les médias, ni Sarko. Sarko qui envoie ses Rafales là-bas pour mieux les vendre et pour essayer de gagner quelques points dans les sondages…

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