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Le futur « transhumaniste », selon le neurobiologiste Jean-Didier Vincent

Temps de lecture ± 12 mn

ECRIVAINS JEAN DIDIER VINCENT ET GENEVIEVE FERRONE CHEZ GRASSETProfesseur à l'Institut universitaire de France et à la Faculté de médecine de Paris-Sud, directeur de l'Institut de neurobiologie Alfred-Fessard du CNRS, un des pionniers de la neuro-endocrinologie, Jean-Didier Vincent est aussi un aventurier intellectuel et, comme tel, un passeur entre des domaines ouverts à la vie au plein sens. C’est dire qu’il ne saurait se limiter au seul domaine du cerveau, dont il est pourtant un grand spécialiste. Ses livres récents donnent une idée de son activité de transfert des connaissances : Casanova ou la contagion du plaisir, Celui qui parlait presque, La Chair et le diable, La Vie est une fable, Faust : une Histoire naturelle (tous chez Odile Jacob), Si j'avais défendu Ève (Plon). Un éclectisme à l’image de sa curiosité insatiable et de son humour à l’occasion provocateur.

 

L’immortalité question existentielle s’il en est et autour de laquelle se sont greffées les croyances religieuses puis leurs dogmes plus ou moins néfastes. De nos jours, ce sont les hallucinés coraniques qui détiennent les records les plus atroces. La compétition a toujours été vive dans ces domaines propices aux plus sinistres et mortifères obscurantismes, sans exclure les religions séculières telles que peuvent être considérés le nazisme et le stalinisme. Je m’égare ? Non, s’agissant cette fois de l’immortalité ici-bas, celle qui touche une autre forme de croyance, liée à la toute-puissance (notion divine) de la Science et de ses dérivés dits technologiques.

J’ai trop tardé à vous présenter le neurobiologiste Jean-Didier Vincent [voir ci-contre également], co-auteur avec Geneviève Ferone, en 2011, de l’ouvrage Bienvenue en Transhumanie. Sur l'homme de demain [ref]Grasset, 288 p., 17,50 €. Geneviève Ferone, directrice du développement durable du Groupe Veolia Environnement, est l’auteur chez Grasset de 2030. Le krach écologique (2008).[/ref]. Livre passionnant autour de perspectives inouïes et terrifiantes, ainsi qu’on pourra le comprendre dans le passionnant entretien que Jean-Didier Vincent a donné au Figaro Magazine, en autorisant sa reprise sur « C’est pour dire ». En le remerciant vivement ainsi que l’intervieweur, Patrice De Méritens.

« L'espèce humaine ne peut durer
que si elle demeure mortelle »

  • Qu'est-ce qui vous a pris d'écrire une nouvelle Apocalypse ?

Jean-Didier Vincent - Je n'ai rien fait d'autre qu'un voyage dans le futur de l'homme, et si j'ai effectivement pensé à l'Apocalypse, ce ne sera pas pour autant un texte sacré. J'ai eu envie de voir ce qu'il y avait dans le ventre de ces gens qu'on appelle les « transhumanistes ». Ce sont des idéologues qui visent au dépassement de l'espèce humaine, qu'ils considèrent comme imparfaite, par une cyberhumanité. Leur rêve est celui de l'immortalité pour une créature, produit du génie de l'homme. Le monde actuel est entré dans une zone de fortes turbulences, nous détenons une puissance de feu capable de transformer la Terre en confettis radioactifs, l'homme est en passe de bricoler son ADN, mais comme nous ne pouvons remonter la grande horloge biologique du vivant, la tentation est grande du passage en force technologique.

Avant l'avènement du posthumain, nous voici donc arrivés dans une phase de transition, celle du transhumanisme. Elle répond en quelque sorte aux préoccupations apocalyptiques anciennes où l'homme, dépassant la créature réagissant aux misères qui lui sont infligées par son créateur, ne compte plus que sur lui-même et sur les technologies qu'il a su développer pour faire face à la grande crise qui frappe l'ensemble de la biosphère. Les transhumanistes ne sont pas une secte, mais un groupe de pression qui utilise pour ses desseins le concept de convergence des nouvelles technologies : les NBIC – nanotechnologies (N), biotechnologies (B), informatique (I) et sciences cognitives (C). En faisant converger sur des projets communs les moyens théoriques et techniques de ces quatre champs disciplinaires, on espère obtenir des résultats supérieurs à la somme de ceux obtenus par chacun d'eux isolément. On peut aussi s'attendre à l'émergence d'observations inattendues. Pour vous faire appréhender ce qu'est la convergence, j'utiliserai cette métaphore peut-être un peu violente : vous faites collaborer un forgeron avec un menuisier et ils vous construisent une croix pour crucifier le Christ...

  • Où sont les transhumanistes et comment travaillent-ils ?

– Leur mouvement est fortement implanté aux Etats-Unis, il a essaimé en Europe, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne. Nous n'en avons qu'un faible contingent en France. Leur « pape » est un Suédois, professeur à Oxford, Nick Bostrom. Il est loin de m'avoir fasciné. En revanche, j'ai rencontré dans la Silicon Valley (que j'appelle la « vallée de la poudre »), pas mal de beaux esprits ainsi qu'une collection d'originaux. Leur projet d' « humains augmentés » remet en cause la définition traditionnelle de la médecine fondée depuis Francis Bacon sur la réparation du corps et le soulagement de la souffrance. Le transhumanisme aspire non seulement à empêcher l'homme d'être malade, mais à le rendre « incassable ». Ainsi, par exemple, l'informatique associée à la biologie moléculaire aboutit à la bio-informatique, qui permet de décrypter les génomes et les lois de la vie avec une acuité, une pertinence, et une efficacité prodigieuses – l'exponentiel étant le mot clé ! Les sciences cognitives, quant à elles, permettent de modifier le cerveau, avec notamment les implants. La seule barrière de communication entre le cerveau et la machine demeure nos sens, avec leurs organes récepteurs qui servent d'intermédiaires. Si ces derniers sont absents par la naissance ou par la maladie, ils peuvent être remplacés par des appareils électroniques implantés directement au contact des voies sensorielles à l'intérieur du cerveau. Voici venu le temps des cyborgs ! Cet ensemble va donner des pouvoirs dont le premier bénéficiaire est d'ores et déjà l'armée américaine, avec la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), principale source de subventions de ces recherches.

Émanation de la recherche militaire états-unienne, ce robot bestial, hollywoodien et terrifiant.

Ainsi se dessine le projet d'un nouvel humain, pas tout à fait encore homo novus, mais sapiens sapiens augmenté, non plus dans le cadre de la natura naturans de Descartes, mais dans celui du per artem artefact. L'augmentation des capacités permettant en toute logique l'augmentation de la vie dans ses fonctions et sa durée.

  • Vous avez parlé d'immortalité pour une créature, produit du génie de l'homme...

– Ce qui ne signifie nullement l'immortalité de l'homme lui-même. « La vie c'est la mort, la mort c'est la vie », disait Claude Bernard – et il n'y a pas de processus de vivant sans processus de mort associé. Grâce à la biologie moléculaire, aux nanotechnologies, aux neurotechnologies, la durée de la vie sera prolongée. Sans être du domaine quantique (une réalité abstraite), la nouvelle matière intermédiaire inaccessible au visible, créée par les nanotechnologies, permettra d'intervenir sur la santé en touchant des cibles à l'intérieur du corps. On pourra entrer dans la cellule malade et, par exemple pour les cancers, appliquer des thérapeutiques auxquelles on ne pouvait pas soupçonner d'avoir un jour accès. Certains produits commencent déjà à bénéficier de ces découvertes. Sous forme nanométrique, au milliardième de mètre, la matière prend des propriétés extraordinaires. C'est ainsi que l'or, métal impassible, change de couleur sous forme de nanoparticules. Quand il rougit, il devient toxique et attaque l'oxygène. C'est surtout à partir du carbone que l'on obtient des matières exceptionnelles, par exemple pour des fils destinés aux ascenseurs spatiaux, dont la résistance sera 1 000 fois supérieure à celle d'un métal de même dimension. Mêlez à cette révolution technologique les progrès de la biotechnologie, et nous deviendrons de nouveaux humains. Le clonage permettra le triage d'embryons, l'élimination comme l'ajout de certains gènes ; on fera même des Frankenstein réussis – des chimères, au strict sens du mot.

  • Avec quelles conséquences ?

– Sans même évoquer les questions d'éthique, auxquelles il serait bon de réfléchir en amont, les conséquences sur le plan social risquent d'être particulièrement destructrices. Le sexe n'ayant plus d'importance, que restera-t-il de nos amours ? Complètement séparés de la reproduction, que vont devenir le désir, l’érotisme - la culture elle-même qui est toujours, peu ou prou, sexuelle ? Il faudra enterrer solennellement le Dr Freud ! Épicure dit que l'âme est le cri de la chair, mais justement, il faut que la chair souffre, qu'elle jouisse, qu'elle éprouve de l'affect, qui est le fondement de l'humain. Nous sommes des êtres duels. Le jour où l'on parviendra à provoquer le plaisir par la libération d'ocytocine dans le cerveau, autrement dit provoquer un orgasme artificiel avec une puce implantée dans la région ad hoc du cerveau, qu'adviendra-t-il d'une société devenue exclusivement onaniste ? Où sera le souci de la descendance ? Quelle sera cette société sans amour, douée de raison et de multiples qualités sélectionnées pour construire les humains ?

  • Une société efficace... c'est presque tentant ! Quand y sera-t-on ?

– On ne le sait heureusement pas. Dans la perspective d'une humanité augmentée, « mort à la mort » n'en demeure pas moins un programme de recherche réalisable. Il suffira de neutraliser les ensembles génétiques qui causent notre perte, et le suicide ou l'accident sera le seul moyen de remplir les cimetières. Nous serons donc cassables mais non mortels, tout comme ces services de vaisselle hérités des grands-parents qui finissent par être détruits avant d'être usés. Clonage et « amortalité » seront réservés aux puissants, la reproduction demeurant la spécialité des humbles. Mais si la possibilité de ne pas mourir est offerte à tous, pauvres et riches, alors, selon la loi de l'offre et la demande, le coût de la mort deviendra exorbitant : offrez la vie éternelle, la mort deviendra précieuse. Au cours de mon voyage en transhumanie, j'ai rencontré un prophète et grand mathématicien nommé Eliezer Yudkowsky, qui ne désespère pas de créer des algorithmes grâce auxquels on pourra introduire dans les cerveaux de la pensée nouvelle et des capacités de conceptualisation, pour l'heure inimaginables. Penser l'impensable ! Mais que sera l'impensable dès lors que nous n'aurons plus l'angoisse de la mort et de l'au-delà, sur quoi se construit la métaphysique ? Frustrés à l'origine, frustrés à l'arrivée ! Nous serons conçus par l'opération du Saint-Esprit (si ce n'est qu'il n'y a plus d'esprit), sans plus avoir à s'en soucier puisque nous serons immortels. C'est trop beau pour être vrai, et proprement inconcevable.

  • Oui, si l'on s'en tient à l'imbrication de la vie et de la mort selon Claude Bernard, mais ce principe ne risque-t-il pas un jour d'être techniquement obsolète ?

– Est-ce fantasmer de penser que l'espèce humaine ne peut durer que si elle demeure mortelle ? La mort supprimée reviendrait à sa négation. Sans même évoquer les problèmes matériels que poserait l'immortalité : asphyxie numérique, survie alimentaire, anémie spirituelle en cas de numerus clausus – sans compter l'ennui ! –, j'oppose à la mort une virtuelle immortalité, celle de la « communion des saints » : vous n'êtes immortel que dans la mesure de l'amour du prochain que vous avez semé autour de vous, lequel vous gardera dans la mémoire du vivant. Que signifie la longévité des patriarches ? Mathusalem, un peu plus de 900 ans, Enoch un peu moins de 400 ans, ou bien encore Abraham, 175 ans, alors qu'il y eut peut-être cinquante Mathusalem, trente Enoch, dix Abraham qui se succédèrent. Ce qui apparaît comme un mythe relève de la communion des saints : Abraham, passé dans un autre Abraham, etc. C'est ainsi que l'humanité évolue, conservant ses propres traces dans l'inconscient collectif, pour reprendre une expression qui sent un peu la psychanalyse. J'espère bien qu'un peu de moi survivra dans d'autres qui m'auront entendu, que j'aurai aimés et qui m'auront aimé.

Augmentons donc la vie de l'homme, supprimons tous ses handicaps, notamment ceux de la vieillesse odieuse, souvent reléguée dans les hospices, cela ne peut qu'améliorer la bonté de l'homme. Vaincre cette forme de pré-mort est la vraie victoire. Mais si nous n'aspirons qu'à la valeur existentielle d'une vaisselle de famille, cette immortalité-là ne me séduit guère. Sans compter que le transhumanisme est une idéologie porteuse d'espérances douteuses...

  • Que voulez-vous dire ?

– En matière militaire, un seul soldat serait capable de détruire une population ennemie. Question d'équipement : avec sa smartdust (poussière communicante électronique), son exosquelette, son corps autoréparable, des nanobots (robots nanométriques) capables d'envahir l'adversaire sans qu'il s'en rende compte, des drones et des chars d'assaut pilotés par la pensée... La quatrième technologie, celle du cerveau, traite de l'interface cerveau-machine : si vous perdez un bras, il sera remplacé par un exobras mécanique autorégulé. Pour vous en servir, vos ordres seront envoyés à partir des données enregistrées par des électrodes dans votre cerveau et transmis par voie de communication d'ordinateurs.

  • Une part de cette science demeure donc hautement positive. L'homme ne risque-t-il pas d'être dépassé par sa création ?

C'est pourquoi il est essentiel que des progrès non technologiques s'accomplissent parallèlement dans l'humain. L'homme est de tous les animaux celui qui ne peut pas vivre seul. Il a besoin de l'homme, c'est inscrit dans sa physiologie. L'autre lui est nécessaire pour apprendre à parler, communiquer, vivre. Il est en même temps unique : pas un individu ne ressemble intégralement à un autre. Mais le transhumanisme risque de nous induire en tentation d'une plus grande uniformité, qui nous ferait régresser au monde des abeilles. Quelques individus aux super capacités pourraient prendre le pouvoir, comme dans les fictions d'Orwell et plus exactement d'Huxley, qui a parfaitement pressenti le phénomène dans Le Meilleur des mondes. D'où le souci de l'entraide : l'attention à l'autre, telle est la morale des anarchistes. D'où, également, la nécessité de retrouver une organisation de société fonctionnant plutôt sur le mode local, utilisant les grandes technologies de la communication pour établir des liens entre les groupes, tout en permettant d'intégrer les individus. Dès lors que nous ne réinventerons pas l'économie – non plus que ce dont nous sommes morts, c'est-à-dire la dangereuse virtualité du capital, qui permet de faire n'importe quoi –, nous reviendrons au contact du réel pour reconstruire des sociétés fondées sur la communion entre les humains.

  • On voit resurgir ici le philosophe anarchiste. Vous avez pointé le bout de l'oreille en évoquant la morale...

– Que voulez-vous, je ne peux m'empêcher de prêcher l'amour entre les hommes. Je suis un athée absolu en même temps qu'un chrétien irrécupérable. Cette religion qui tourne radicalement le dos au Dieu de l'Ancien Testament est fondée sur l'incarnation. Dieu est homme. C'est nous. Avec ce message essentiel : aimez-vous les uns les autres, qui est aussi celui des anarchistes. Pas les poseurs de bombes, comme les terroristes russes avec leur goût du néant, mais des penseurs comme Kropotkine[ref]L’Entraide, un facteur de l’évolution, est un essai de l’écrivain anarchiste russe Pierre Kropotkine paru durant son exil à Londres en 1902. Déterminant dans la théorie anarchiste, le concept d’entraide l’est aussi pour Charles Darwin qui le développe, non pas dans L’ Origine des espèces (1859), mais dans La Descendance de l’Homme (1871), ouvrage dans lequel il s’attarde sur la notion d’altruisme chez l’humain et aussi dans le monde animal, le rattachant à sa théorie de l’évolution. Ce livre s’inscrit en faux contre la notion de “darwinisme social” qui lui sera postérieure, contresens délibéré inventé par les tenants du libéralisme. [Note de GP][/ref], ou Élisée Reclus[ref]Voir également Crise climatique, désarroi des sociétés. L’appel à la nature d’Élisée Reclus [/ref], l'anarchie pour eux étant la forme supérieure de l'ordre, qui s'établit dès l'instant où l'amour règne dans un groupe humain.

  • Pour autant, vous nous parlez ici d'une société virtuelle...

Mais c'est la société actuelle qui est virtuelle, on le voit chaque jour avec la crise financière ! La société future reposera quant à elle sur la technologie, inscrite dans une matérialité. Si l'on suit le principe qui veut que l'on ne connaisse que ce que l'on a fabriqué, l'Apocalypse n'est pas promesse de malheur, mais d'une nouvelle Jérusalem. Le mot, qui signifie « révélation », dévoile à la fois la méchanceté du monde et les risques qu'il court. Les transhumanistes sont donc à prendre comme des sortes d'éclaireurs, dont on appréciera les idées avec circonspection. Il ne faut pas les laisser sur le côté, ne serait-ce que pour ne pas les laisser faire n'importe quoi. Parmi eux, on trouve une collection incalculable d'imbéciles, et quelques génies illuminés. Ils ne peuvent être nuisibles que dans la mesure où ils sont un groupe de pression. À contrôler ! Sachant que les pires transhumanistes sont malheureusement les militaires – et certains médecins qui, quelquefois, ne valent pas plus cher.

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9 réflexions sur “Le futur « transhumaniste », selon <span class="pt_splitter pt_splitter-1">le neurobiologiste Jean-Didier Vincent</span>

  • Oui Gé, you’re right dans ta note 3, le fameux contre­sens « dar­wi­nisme social » est une insulte faite à Darwin (comme l’a bien mon­tré P. Tort). Il faut rem­pla­cer ce syn­tagme par un mot/​une expres­sion plus adap­tée : je pro­pose « Selektion », mot alle­mand de sinistre mémoire, qui a le mérite d’être com­pris par beau­coup de locu­teurs fran­çais et étrangers.

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  • Ne serait-ce pas, avec cette idée de trans­hu­ma­nisme, un abou­tis­se­ment extrême(une forme de délire ?)des domi­nantes de notre contem­po­ra­néi­té : un scien­tisme tech­no­lo­gique et une relé­ga­tion de la quête de sens (conscience)?

    Il sem­ble­rait bien que les popu­la­tions pré-néo­li­thiques s’é­taient adap­tées à cette per­cep­tion « d’ab­sur­di­té » de l’exis­tence humaine terrestre. 

    Le concept de temps cycliques (alter­nance jour, nuit et renou­vel­le­ments des saisons)apparaîtrait bien être à la base des mythes les plus anciens ?

    CROYANCES ET ENTENDEMENT :
    – Forces de la nature
    – Animisme
    – Bovidés = « autres pareils »
    – Concept du cycle de la vie
    – L’éternel retour » .., pour tous et toutes choses
    – Acceptation de la vie et de la mort

    CULTURE :
    – Respect et crainte de la Nature
    – L’homme est à sa place par­mi le monde
    – Symbiose homme nature
    – Population tribale
    – Intelligence relationnelle
    – Mythe « Abel »

    On retrou­ve­rait, dans l’ex­trait ci-des­sous, cette idée fondamentale :
     » intro­duire dans les cer­veaux de la pen­sée nou­velle et des capa­ci­tés de concep­tua­li­sa­tion, pour l’heure inima­gi­nables. Pen­ser l’impensable ! Mais que sera l’impensable dès lors que nous n’aurons plus l’angoisse de la mort et de l’au-delà, sur quoi se construit la métaphysique ? »

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  • léon44

    Superbe entre­tien, aus­si rigou­reux que vision­naire. On ne pour­ra pas dire « je ne savais pas ».

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  • Gérard Bérilley

    Très bonne idée de remettre cet entre­tien en Une de C’est pour dire.
    Pour moi, deux phrases clés :
    « Le sexe n’ayant plus d’importance, que res­te­ra-t-il de nos amours ? »
    et « D’où le sou­ci de l’entraide : l’attention à l’autre, telle est la morale des anarchistes. »

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    • Bien d’ac­cord. Concernant la morale des anar­chistes, il convien­drait aus­si de se réfé­rer à Bakounine quand il dit en sub­stance (je n’ai plus la réfé­rence, toi peut-être l’as-tu ?) : Ma liber­té com­mence avec celle des autres.

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      • Gérard Bérilley

        Oh oui, j’ai cela dans les tré­sors de ma bibliothèque !
        Il y a chez Bakounine plu­sieurs ver­sions de cette idée, il y revient de nom­breuses fois, car c’est le contre pied abso­lu de la pen­sée de Jean-Jacques Rousseau qui était sa bête noire. C’est aus­si une idée qui résume toute sa concep­tion maté­ria­liste. Il dit ain­si « La liber­té d’au­trui étend la mienne à l’infini ».
        Le plus connue, à mon avis, est celle extraite de « Dieu et l’Etat », troi­sième par­tie du Tome I des Œuvres de Michel Bakounine publiées chez Stock en 1895. Ce texte a été titré ain­si par Max Nettlau le grand his­to­rien de l’a­nar­chisme alors qu’il n’est en fait qu’un frag­ment écrit sous forme de note à « L’Empire knou­to-ger­ma­nique et la Révolution sociale (seconde livrai­son) » en 1871. Le voici :
        « Je ne suis vrai­ment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’en­tourent, hommes et femmes, sont éga­le­ment libres. La liber­té d’au­trui loin d’être une limite ou la néga­tion de ma liber­té, en est au contraire, la condi­tion néces­saire et la confir­ma­tion. Je ne deviens vrai­ment libre que par la liber­té de autres, de sorte que, plus nom­breux sont les hommes libres qui m’en­tourent, et plus éten­due et plus large est leur liber­té ; plus éten­due et plus pro­fonde devient ma liber­té. C’est au contraire l’es­cla­vage des autres qui pose une bar­rière à ma liber­té, ou, ce qui revient au même, c’est leur bes­tia­li­té qui est une néga­tion de mon huma­ni­té parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vrai­ment que lorsque ma liber­té, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma digni­té d’homme, mon droit humain, qui consiste à n’o­béir à aucun autre homme et à ne déter­mi­ner mes actes que confor­mé­ment à mes convic­tions propres, réflé­chis par la conscience éga­le­ment libre de tous, me reviennent confir­més par l’as­sen­ti­ment de tout le monde. Ma liber­té per­son­nelle ain­si confir­mée par la liber­té de tous s’é­tend à l’infini. »
        Le meilleur livre syn­thé­tique de la pen­sée de Bakounine est celui de Gaston Leval publié chez Spartacus en 1976 « La pen­sée construc­tive de Bakounine ». Je ne sais si ce livre essen­tiel a été réédité.

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  • HEROUARD

    Oui Bion (le bien ‑nom­mé), le trans­hu­ma­nisme (TSH) est l’i­déo­lo­gie qui struc­ture des frag­ments de dis­cours anté­rieurs qui exalte le sys­tème tech­ni­cien, pous­sant l’u­bris à son acmé. Un de ses porte-paroles des plus déli­rants en France est le Dr Laurent Alexandre. Plus récem­ment Harari, l’au­teur à suc­cès pla­né­taire de « Sapiens : une brève his­toire de l’hu­ma­ni­té » pou­vait lais­ser quelques doutes, sous des saillies d’hu­mour de confé­ren­cier yan­kee et un tom­be­reau « d’é­ru­di­tion » (sou­vent prise à défaut) . Son opus sui­vant « Homo deus, une brève his­toire de l’a­ve­nir » jette une lumière crue sur les solu­tions que nous pré­parent les GAFAM, gou­rous de la Silicon VAlley, mais il semble à ce point fas­ci­né qu’il en oublie de cri­ti­quer sérieu­se­ment leurs pro­jets. Ceux-ci, si on lit bien, réservent leurs (très oné­reuses) recettes magiques à une petite élite de sei­gneurs cyborgs qui régu­le­ront par un eugé­nisme à grande échelle et rédui­ront en escla­vage la masse des « chim­pan­zés du futur » (Kevin Warwick) , vous et moi, frères humains qui ne fusion­ne­ront pas avec la machine. La col­lecte des don­nées, par les algo­rithmes « intel­li­gents » c’est-à-dire par ceux qui savent les pro­gram­mer, est grosse d’une domi­na­tion totale et irré­ver­sible, que j’ap­pelle « data­cra­tie ». Un ouvrage du groupe gre­no­blois PMO en donne un vaste aper­çu : https://​iatrans​hu​ma​nisme​.com/​2018​/​04​/​03​/​r​e​c​e​n​s​i​o​n​-​l​e​-​m​a​n​i​f​e​s​t​e​-​d​e​s​-​c​h​i​m​p​a​n​z​e​s​-​d​u​-​f​u​t​ur/ Si l’on veut bien pas­ser sur un style à mon goût trop empha­tique, brouillant la com­pré­hen­sion de ce qu’a de neuf cette idéo­lo­gie en en fai­sant une sorte de nazisme, les faits décri­vant les pra­tiques déjà mises en oeuvre dans la san­té et l’é­du­ca­tion sont impressionnants.
    Pour la petite his­toire, le for­mi­dable auteur de SF Norman Spinrad avait à peu près anti­ci­pé dès 1961 le sur­gis­se­ment de cette idéo­lo­gie avec son « Jack Baron et l’é­ter­ni­té » : « https://fr.wikipedia.org/wiki/Jack_Barron_et_l%27%C3%89ternit%C3%A9.
    Deux autres Spinrad de cette veine méritent le détour : > « Rêve de fer » : (1972). Ce roman pré­sente un autre roman « Le Seigneur du Svastika », cen­sé avoir été écrit par Adolf Hitler, émi­gré aux États-Unis après la Première Guerre mon­diale > « Deus ex » (1993): per­son­na­li­té pou­vant être entiè­re­ment numé­ri­sée, l’Église catho­lique doit déter­mi­ner si un pro­gramme infor­ma­tique peut avoir une âme.
    Allez à la bonne vôtre, bonne année !

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  • Gérard Bérilley

    La panne de C’est pour dire est-elle sur­mon­tée ? Si oui : hour­ra ! Si non : courage !

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    • Bravo à toi : le pre­mier à anti­ci­per la sor­tie de « réa ». Pour le moment, le malade sembmle en bonne voie…

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