Coup de cœurThéâtre

Marseille. Une (autre) origine du monde

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Conception : Elizabeth Saint-Jalmes (sculptures), Mathilde Monfreux (écriture). Avec : Jessy Coste, Gaëlle Pranal, Virginie Thomas, Mathilde Monfreux, Blandine Pinon, Elizabeth Saint-Jalmes. Musique : François Rossi (batteur). Spectacle présenté par Lieux publics, centre national de création en espace public.lieux p

Aujourd’hui, « Sirènes et midi net ». Toujours aussi inspiré, essentiel : chaque premier mercredi du mois, à l’heure de l’alerte générale, entre ses deux salves de sirènes hurlantes, la magie du théâtre vient secouer la ville de sa quotidienneté, de sa torpeur. Avec effet relatif : il faut déjà être un peu éveillé pour ainsi se « karchériser » le cerveau. Deux ou trois cents braves, seulement, osent s’y risquer (sans risques), à l’heure où la normalité est à son ordinaire ouvrage.

[dropcap]Des[/dropcap] formes informes, des paquets d’entrailles, de la chair, de la viande, des glandes, de la cervelle, du mou, du dégoulinant. Tout ça sur la scène, tout ce tas se met à trembler comme de la gélatine, puis à remuer comme des paquets de boyaux tombés d’on ne sait quel ventre céleste ou chaotique. C’est l’origine du monde, mais pas à la Courbet, bien avant, dans le grand coït créateur de la matière sans nom, l’innommable magma. L’origine ou bien la fin, la dernière apocalypse, comme celle qui nous guette ; celle que nous prédisent radios, télés, gazettes, heure par heure, jour après jour. Ça pourrait ressembler à ça, et les êtres, dès lors – nous-mêmes – pourrions nous transformer en monstruosités gesticulantes, à bout de souffle, venant mourir-pourrir sur le marbre, devant l’Opéra de Marseille, comme sur le billot d’un boucher sans pitié.

Pas drôle, hein ? Tandis qu’un batteur se déchaîne sur ses fûts et cymbales, les paquets globuleux entrent en danse dans la transe.

Il faut être là, pour ces dix minutes d’opéra sauvage, chaque premier mercredi du mois, devant l’Opéra de Marseille. Tout de même pas dur à retenir ! Et à noter pour des Marseillais de passage.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

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