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TAMBOUILLE. L’indigeste bouillon de canards

BouillonQui n’a jamais visité un entrepôt d’invendus des NMMP (Nouvelles messageries de la presse parisienne) ne saurait connaître le goût amer du bouillon de presse. Bouillon est le terme de tambouille qui, dans le jargon, désigne précisément les invendus.

J’en témoigne, ayant moi-même risqué l’ulcère à l’estomac le jour où j’ai parcouru les travées kilométriques de l’entrepôt de Bobigny, en banlieue parisienne. Je m’étonne qu’il n’y ait pas eu, à ma connaissance, de reportage télé sur ce lieu de démystification et d’interrogations quasi philosophiques. Je crois savoir que les choses se passent aujourd’hui à Combes, avec force dépalettiseurs et chaînes de triages assistées par ordinateurs… C’est dire à quel point le phénomène a pris une ampleur abyssale.

« Que de papier ! » n’arrêtait pas de s’exclamer mon père venu en accompagnateur – tandis que j’évaluais, en tonnes !, la mévente de mon canard d’alors (Sexpol, sexualité & politique – je vous expliquerai plus tard). De quoi s’interroger en effet à plus d’un titre (c’est le cas de le dire) : sur la presse papivore et ses prétentions, sur l’écologie et les forêts, sur la bureaucratie induite. Sur la grandeur et aussi la vanité de l’homme, enfin.

On aurait pu se croire à la BN, version entrepôt et savoir plus modeste, quand même, en tout cas plus volatile – et pour cause. Des allées, que dis-je, des avenues parcourues de chariots fourchus, de manutentionnaires sur patinettes électriques… Une morgue journalistique bourrée de canards invendus, ni achetés ni lus ; empilés en strates sédimentaires épaisses d’une douzaine de mètres.

Pourquoi un tel relent de nostalgie ? Parce qu’aujourd’hui [2/02/05], les NMPP mettent en place de «nouvelles règles de gestion des titres de presse» afin de désengorger kiosques et magasins. Voilà qui fleure pas bon le parfum Hachette (49% des NMPP), ou l’outil du même nom [la hachette, pour ceux qui ne suivraient pas…] qui précède les coupes claires sur l’air de la rentabilité. Si trop de canards tue les canards, les plus rachots ont du souci à se faire quant à leur distribution.

Zéro papier → Zéro journaux → L’info en blogs ?

Journal

Selon une étude états-unienne menée en novembre dernier par Pew – organisme indépendant, dit réputé, basé à Philadelphie et Washington – et décortiquée par Paul Cauchon dans Le Devoir, de Montréal, 27 % des internautes affirment lire les blogs. «Ce qui ferait 32 millions d’usagers, autant sinon plus intéressés par les propos de ces nouveaux chroniqueurs que par les chroniques dans les journaux traditionnels. Cette véritable explosion en 2004 est liée, semble-t-il, à la naissance de nombreux blogs commentant la campagne électorale américaine, et de plusieurs blogs critiquant le travail général des médias.» Tiens, tiens…

→ Le dessin ci-dessus a beaucoup circulé sur internet. La légende fait dire au gamin : Intéressant… C’est comme un fichier portable de 500 Ko et on n’a même pas à attendre la fin du téléchargement… Et vous dites que ça s’appelle « un journal » ???

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Une réflexion sur “TAMBOUILLE. L’indigeste bouillon de canards

  • Ah!!!!!!!!!!

    Sexpol!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Toute une époque……………………..

    Je l’ai regretté, çui-là!!!!!!

    J’en ai encore un tas chez moi, je les ai gardés.

    Répondre

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