ActualitéAfrique(s)

Afrique de l’Ouest. Jacques, Laurent et Gnassingbé, un brelan de «vrais amis»

EyademachiracbJe recopie un bout d’AFP de ce matin [06/02/05] : «Jacques Chirac salue la mémoire d’un “ami de la France”. Le président français, Jacques Chirac, a accueilli samedi soir “avec une profonde tristesse” l’annonce du décès de son homologue togolais, Gnassingbé Eyadéma. “Avec lui disparaît un ami de la France qui était pour moi un ami personnel”, a déclaré le chef de l’Etat dans un communiqué diffusé par l’Elysée.»

Un communiqué, c’est de l’écrit, sur papier. Pas une de ces impros qui fait dire blanc, noir et rose en même temps. Non, ça se doit d’être soupesé au trébuchet de la raison d’État, pas vrai ?

Le peuple du Togo souffre sous la botte de ce dictateur depuis 38 ans, date de son coup d’État. Il s’est accroché au pouvoir à coups de filouterie et de terreur : restrictions des libertés – à commencer par la liberté de la presse –, corruption générale de l’armée, de la police, de l’administration ; disparitions d’opposants par centaines, assassinats délibérés. Voilà l’«ami de la France»? L’ami de Chirac, ça oui! Au nom des mutuels inestimables services qu’ils purent se rendre pour la perpétuation du «système Françafrique» qui, de Foccart à nos jours en passant par Pasqua, aura nourri des générations de barbouzes.

Pour ces talents-là, Gnassingbé Eyadéma avait été à bonne école. L’ex-champion de lutte traditionnelle fut aussi sergent-chef de l’armée coloniale française, passé par l’Indochine et l’Algérie. Formation utile avec application directe en 1963. Trois ans après l’indépendance de cette ancienne colonie allemande, Eyadéma participe à l’un des tout premiers coups d’Etat du continent africain après la décolonisation, qui coûta la vie au premier président du pays, Sylvanus Olympio.

Mais Eyadéma n’était pas un Bokassa, ni un Amin Dada. A la différence de ces histrions ougandais et centrafricain, il avait eu cette habileté politique qui fit du Togo, avec la complicité de la France, l’enfant chéri de l’Europe. Ainsi, les Accords de Lomé ont-ils institué un régime préférentiel pour l’importation en Europe de produits des anciennes colonies. Ces accords furent par la suite étendus à la zone Pacifique et Caraïbes avant d’être généralisés.

Dans ce concert des louanges de crocodile, Chirac est rejoint par Laurent Gbagbo qui, lui aussi déplore «avec une grande consternation […] la triste nouvelle du décès brutal de notre cher aîné, […] ami sincère et fidèle de la Côte d’Ivoire». Et d’en rajouter : «Cette disparition est une grande perte pour notre continent, pour l’Afrique de l’ouest et singulièrement pour la Côte d’Ivoire, pour qui l’illustre disparu a toujours manifesté un grand attachement, qui s’est encore récemment traduit par son engagement total dans la résolution de la crise ivoirienne». Vous aurez compris que de telles envolées sont proportionnelles en trémolos à la quantité des armes livrées par le dictateur à «son ami Laurent».

Ah ! l’«âme de l’Afrique de l’ouest», cet indicible auquel seuls peuvent accéder les «vrais amis».

–> En savoir plus : Amnesty internationalReporters sans frontières Fédération internationale des Droits de l’Homme

Partager

Une réflexion sur “Afrique de l’Ouest. Jacques, Laurent et Gnassingbé, un brelan de «vrais amis»

  • bonder

    Extrait de Pomafric des Tryo: France / Afrique l’immaculée, intérêt, petro meurtriers. Pendant que l’Angola se viole, nous on fait l’amour dans l’pétrole. Guinée, Tongo, Bisso, Biafra, On est mouillés jusqu’au Rwanda, on a dopé vos dictateurs. Vous voyez qu’la France à du cœur !!!

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Translate »