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Le Monde, son médiateur, sa calculette, son arithmétique

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Médiateur au Monde et néanmoins ami, Robert Solé ne doit pas être à la fête par ces temps de rage référendaire. Il se défend comme un diable, dût-il bordurer les précipices. Il a eu beau intituler sa dernière chronique « L’Europe sans calculette », il n’a pu, devant le feu roulant des lecteurs, éviter de sortir la sienne – naguère on utilisait un lignomètre – pour tenter de calmer les ardeurs. C’est ce qu’il espérait, mais son honnêteté l’a conduit à « se tirer une balle dans le pied » (selon l’expression que je déteste, parce que c’est un cliché – d’ailleurs cher aux politiciens – , mais qui dit quand même bien ce qu’elle veut dire…).

 

Il lui a fallu se rendre à l’évidence. « J’ai fini, écrit-il, par faire moi-même ce calcul, avec l’aide du service de documentation du Monde, sans le limiter à la page Débats. Sauf erreur, entre le 1er avril et le 12 mai, le journal a publié 15 points de vue favorables au oui et 6 favorables au non, 4 autres étant inclassables. Le Courrier des lecteurs a accueilli pour sa part 11 oui et 9 non. Quant aux entretiens avec diverses personnalités, ils se sont répartis ainsi : 21 en faveur du oui et 12 en faveur du non. »

Bravo pour l’objectivité arithmétique. Restait à trousser la médiation – eh, il est payé pour ça, le Robert. Et c’est là que l’acrobate du juste milieu réinstalle ses filets de sécurité (seulement obligatoire dans les cirques, je crois…) et, très pro, justifie son titre : « Un journal ne se fait pas à l’aide d’une calculette. Et l’équilibre n’est pas nécessairement arithmétique… Selon son habitude, la rédaction a sélectionné, au début de la campagne référendaire, les points de vue qui lui semblaient les plus intéressants et a interviewé les personnalités qui lui paraissaient les mieux placées pour parler de la Constitution européenne. Or celle-ci avait la faveur de la grande majorité d’entre eux. L’idée d’attribuer une place égale aux deux camps s’est d’autant moins posée que la frontière ne passait pas entre majorité et opposition, mais traversait les grands partis. »

CQFD, comme on dit quand on est emmerdé et pour éviter un commentaire dérangeant… [Ça pourrait bien me valoir une pantoufle, ça, non ?]

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