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Crime de lèse-majesté contre le patron d’Ouest-France : un journaliste licencié

Le Marin, hebdomadaire édité par Infomer, une filiale d’Ouest France, vient de licencier un de ses pigistes pour «faute grave». Bigre ! Ce journaliste nantais, Nicolas de La Casinière, a été viré comme un malpropre, sans indemnités aucune, après quelque 17 années de collaboration. C’est dire si le cas est gravissime. Il s’agit même, dirait-on, d’un crime de lèse-majesté commis à l’encontre de François-Régis Hutin, le PDG du plus gros quotidien hexagonal.

Le patron d’Ouest France s’est montré plus qu’agacé par des articles irrévérencieux publiés depuis dix ans par la Lettre à Lulu, le «sale gosse de la presse nantaise», un trimestriel associatif et satirique. En tant qu’actionnaire d’Infomer, filiale d’Ouest France, «lassé par le dénigrement systématique», F-R Hutin a exigé, et obtenu l’éviction du pigiste, par ailleurs associé à ce journal satirique (il en est devenu depuis directeur de la publication).

Il ne s’agit pourtant que d’articles, certes au ton ironique, mais traitant des éditoriaux de M. Hutin, des papiers signés par sa fille, Jeanne-Emmanuelle Hutin, ou du traitement de faveur dont a pu bénéficier son épouse, Jeanne-Françoise Hutin, candidate CDS en campagne électorale pour les Européennes. Les pratiques internes d’Ouest France, révélées par des organisations syndicales, trouvent aussi un écho dans la Lettre à Lulu. De l’information donc, et en tout cas rien d’illégal, rien de contesté par des droits de réponse ou des assignations en diffamation.

L’argument développé pour se débarrasser de ce pigiste est d’ordre moral : selon les patrons du Marin, le journaliste aurait du démissionner, puisqu’il n’était pas en accord avec l’esprit du groupe, pas «en osmose». Certains journalistes d’Ouest France embrayent dans le même registre, parlant du fait de «cracher dans la soupe» ou de «mordre la main qui nourrit».

L’éjection a eu lieu au plus calme de l’été, au moment où l’effectif du journal est au plus bas. Le 10 août, le pigiste a été licencié, sans préavis ni indemnités.

Diffusés au sein du groupe, des tracts de la CGT, de la CFDT et du SNJ ont dénoncé cette sanction et demandé la réintégration du salarié. Une grève des pigistes du Marin, appuyée par un débrayage d’une demi-journée des permanents, a eu lieu le 15 septembre.

Un recours aux prud’hommes est en cours. Lors d’une audience de conciliation le 27 septembre, l’employeur a proposé trois ans de salaire pour que le journaliste étouffe la procédure. Mais en gardant, s’il avait accepté cette aumône, l’accusation de faute grave. Comme si on bastonnait un manant en lui glissant la pièce dans le creux de la main pour qu’il ne porte pas plainte en sortant de l’hôpital. L’audience de jugement est fixée au 22 février 2006 à Nantes.

Nicolas ne devrait pourtant pas s’en faire. Il lui suffit de croire à la devise du grand journal rennais : «Justice et liberté».

→ En savoir plus sur le site de la Lettre à Lulu

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Une réflexion sur “Crime de lèse-majesté contre le patron d’Ouest-France : un journaliste licencié

  • didson

    Saluuut ! C’est Kévin-Gaspard Hutin, là-bas si j’y suis…Comme mon pépé et ma mémé, moi aus­si j’é­cris dans Ouest-France ; j’ai fait un super édi­to sur le père noël l’autre jour ; j’ai com­man­dé des pigistes tout gen­tils, qui écrivent comme il faut et tout, et aus­si des jour­na­listes-flics play­mo­bils, ouaiiiiis!!

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