Coup de gueuleNotules & Griffures

Tout un monde en Hummer et en Provence, jusque chez Richard Perle

2hummer_1En ce 1er août 2006, mon pote Bernard me dit au bigo ce dimanche, à l’heure de la messe :

« Ouf, ça va mieux, il pleuviote sur Paris ! » [Notez le «sur» Paris, comme dans le Prévert de «il pleuvait sans cesse sur Brest» …] 

Je dis ça en passant parce qu’on parle souvent à la va comme je te cause, et on écrit aussi de même, agis que nous pouvons être par les modes de parlure, genre « au final », « on va dire », « je descends sur Marseille », « que du bonheur ! » et autres formules frappées à l’emporte-pièce puis, on ne sait trop comment, propagées par une espèce de grippe-aviaire-des-mots, sans doute inoculée par les publicitaires, répandues par les feuilletons télé, les radios et toute la basse-cour médiatique. (Belle phrase, non ?).
Ce gros machin fachoïde…

Il me disait ça, le Bernard et, tels des ex de la coloniale, lui et moi on évoquait cette fois où sous une paillote de l’hôtel Chari à N’Djaména, complètement à la ramasse, on regardait notre thermomètre atteindre son Everest : 47° Oui, la canicule dix mois par an, sans clim ni parfois de flotte. Tu le ferais, toi ? « Des feignants ces nègres, tiens ! » Ce genre de connerie qu’on finira peut-être bientôt par ne plus entendre, une fois nos climats bien déréglés. Et que peut-être aussi, à son tour, l’Afrique connaîtra les douceurs d’un Gulf stream. En attendant la glaciation. Ce qui, il est vrai et comme pour « le fût du canon », peut prendre quand même un certain temps. Ainsi qu’on le va conter.

Donc, de ce pas et sous le cagnard dominical, j’allais quérir ma gazette locale au tabac-journaux du patelin. C’est bien de sortir. Même pas loin, comme j’aime à dire aux apprentis-journalistes. Assigné à résidence dans mes espadrilles, je n’aurais rien su – pas cette fois du moins – d’une nouvelle horreur venant s’ajouter aux nuages d’ozone et CO2 de notre noir avenir planétaire. Je n’en voyais guère de pire que les 4×4 diesel, genre fourgon funéraire pour riches, turbinant leurs 20 litres au cent, sans compter la clim’ pour garder le teint rosé. Mais t’as pas fini d’en voir, mon gars !

Ce gros machin fachoïde, là, garé sur l’emplacement du car, fenêtres noires et closes, moteur et clim en marche Pas croyable, un monstre ! Comme qui dirait Schwarzeneger – ouais, gouverneur de la Californie, où il a fait aussi dans les 45° ces jours-ci – en battle-dress macabre, casque à visière aveugle, des chromes comme des poignées de cercueil. Un machin de guerre américain mâtiné de corbillard soviétique. Un « Hummer » ça s’appelle, que m’apprend le débitant – « Y a des revues là-dessus, voyez ! ». Regardez à votre tour (▲ photos ▼ piquées sur le oueb, j’allais quand même acheter un canard pareil !). Vous croisez ça à la nuit tombante rue Quincampoix, dans le quatrième, à Paris – supposons –, que vous ne savez plus dans quel trou vous réfugier, comme en 40 sous la Kommandantur.

Eh bien, y avait « ça » devant mon tabac-journaux ce matin ! Et « ça » était conduit par une dame aussi élégante que fluette venue chercher ses trois paquets de Marlboro. Et que même mon débitant lui a causé en anglo-provençal, vu qu’elle ne pipait pas le molière. Pas le moindre «Bonjour, Marlboro, trois, merci, r’voir». Que de l’angliche.

Je le lui fais remarquer à mon débitant, en lui prenant la Provence que du coup il me fait payer « ninety » – pour de rire. Et qu’il accompagne d’une vanne éculée, probable survivance d’un film sur les Viets, façon Schoendoerffer: « Dans un œuf, y a du jaune et du blanc ; cassé et mélangé, y a plus que du jaune, hé ! »

Bon, je la ferme et me casse. La dame a rejoint sa casemate à moteur pour démarrer aussitôt comme à Dallas, seule à bord.

Eh eh, me fais-je in petto, si c’était Mrs Perle ? Oui : l’épouse de Richard Perle, conseiller et ami de W. Bush, l’un des néo-cons’ les plus influents à la Maison Blanche – et possédant par ailleurs une résidence dans le Luberon, je ne sais trop où, mais pas bien loin de mon tabac-journaux… Tenez, le v’là en photo  dans sa cabane provençale… à Gordes La vie est belle. Allez, « à ciao ! » Je vous laisse écrire la morale du conte (un peu) véridique.

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Une réflexion sur “Tout un monde en Hummer et en Provence, jusque chez Richard Perle

  • Jean Louis

    Ce n’est pas dans le Ponthieu que je risque d’en croiser !

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