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L’Oscar du piano n’aura plus de prix

Ben oui : c’est toujours les meilleurs qui partent. Les autres aussi s’en vont, mais ça peut même faire plaisir. Donc, Oscar Peterson est mort. Le planton de com’ de l’Elysée a versé la larme de faction [Tandis que l’autre se pavane avec sa nouvelle acquisition. Dans le luxe à Louxor, ça leur va si bien.] Causons jazz plutôt, ce qui n’a rien à voir.

Et, au fait, pour ajouter quoi à ce qui s’est déjà largement répandu en papiers et ondes de toutes fréquences ? Mort un 23 décembre, nouvelle divulguée le jour de Noël, une aubaine pour les rédactions étiques. Voyez Le Monde et sa une post-pipole, un peu à la manière d’un Oscar P. post-be bop… Ils ont fait donner Marmande, c’est bien le moins, mais avec un titre « élyséen ». « Mort d’un virtuose »… C’est pas les bulles d’à côté qui leur ont monté au chou. Plutôt l’encens de la messe à Villiers-le-Bel.

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Qu’ajouter encore, sinon un souvenir de Marciac. 14 août 97. Concert le soir au grand chapiteau ; l’après-midi, «master class» pour les élèves jazz du collège. L’amphi est trop petit. Cohue parentale et journaleuse. Oscar est venu avec son quartet, dont « NHOP », fameux contrebassiste– son presque homonyme à la mode danoise : Niels-Henning Oersted Pedersen, mort en 2005. Peterson au Steinway, gamins en petits souliers. papas-mamans à fond les caméscopes. La démo, quoi. Lui, un peu éléphant dans le magasin de porcelaine. Pas vraiment pédago. Ben oui, pour jouer il faut jouer. Pour bien jouer, pareil et même plus. Alors il joue, quasi juvénile, impressionné comme le collégien flanqué à sa droite sur la banquette. Il joue, surtout de la droite, depuis que la gauche s’est mise à traîner la patte, accident de cerveau. Ça rappelle la même histoire, chez Horace Parlan, autre pianiste de haute volée, attaqué par la gauche, sauvé par la droite – pas de politique, svp !

Donc hier, j’ai cherché mes photos d’alors, et même l’enregistrement son. Que dalle ! Ma fille m’a sauvé la mise en m’apportant, triomphante, le programme correspondant de Jazz in Marciac. En plus de suivre les concerts, elle chassait les autographes en se faufilant dans les coulisses. Et voilà la marque de l’Oscar – sous celle de Guy Lafitte (mort aussi !), après celle de Ray Charles (mort itou !). Marine a une bien belle collection de jazzmen. Mais, c’est bizarre, il y a de plus en plus de morts…

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• Pianiste canadien, Oscar Peterson est mort dimanche 23 décembre à Mississauga, banlieue de Toronto, des suites de complications rénales, à l’âge de 82 ans.

 

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28/12/2007. Retrouvé tout de même dans mes archives, un de mes papiers dans Politis du 16 août 1997, intitulé “Marciac. Le Jazz facteur de BNB“. En voici la fin : “Quant au jazz, porté par ses propres pulsions, sur la place du village comme dans les bœufs, il déborde à l’occasion de ses catégories, sans ostracisme. Le dixie a toujours la côte. Normal, le jazz a commencé par là et un siècle l’a conduit vers d’autres galaxies. C’est sa grande force — entre autres — que d’exprimer la richesse des métissages, dont il est issu. Imaginons l’impossible : un «débat» Oscar Peterson-Le Pen, le tribun ailé du piano contre la brute épaisse. Ça m’a effleuré en l’entendant (le premier !) l’autre soir sous le chapiteau : six mille personnes à l’écoute, au sens plein de ce mot qui s’abîme dans le sonotone débranché de nos sociétés sourdingues. Six mille personnes de tous les âges : y a-t-il musique qui rassemble à ce point les générations ?  Pas la classique, pas le rock ni le rap; celle de certains chanteurs peut-être. On l’a déjà dit ici, le jazz n’est pas tout, pas plus que la culture. S’ils ne réduisent pas à eux seuls la fameuse fracture sociale, ils peuvent y contribuer en gonflant comme un cœur la masse du BNB (Bonheur national brut).”

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Une réflexion sur “L’Oscar du piano n’aura plus de prix

  • bernard Nantet

    Bravo Marine d’avoir gardé la signature d’Oscar.
    Maintenant, il nous regarde parmi cette “poussière d’étoiles” (Stardust) qu’il savait si bien faire scintiller à nos oreilles…

    Bernard

    Répondre

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