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« Comment j’ai affronté les pires périls de la faune amazonienne ». Témoignage exclusif

Évidemment, c’était plutôt tordu comme plan, complètement mégalo… Que j’en sois revenu, j’en reviens toujours pas… Depuis des siècles, je rêvais de me rendre à Manaus, en pleine Amazonie, et précisément sur le fleuve Amazone… J’en rêvais surtout après avoir entendu la diffusion sur France Culture, dans les années 90, d’une série d’émissions sur cette ville brésilienne si mystérieuse, rendue encore plus envoûtante par la voix non moins ensorcelante de cette comédienne à l’accent étrange étranger dont le nom ne me remonte pas… Elle avait vécu là bas sa jeunesse ou une partie et y revenait comme en pèlerinage…

Bref, en bordure du mythe et du fantasme, la décision fut prise de risquer l’aventure… C’était peu prédire… D’autant que, pour diverses raisons économiques et fantaisistes, je m’étais mis en tête de partir de la Guyane française. (Passons sur le fait qu’un des mes ancêtres soit mort et enterré à l’ïle du Salut). De là, pénétrer dans la jungle amazonienne, franchir la sierra Tumuc-Humac et choper au passage le rio Paru qui, d’un coup de pirogue, me jetterait dans le plus grand fleuve du monde. Presque pas mégalo, donc.

Je ne vais pas tout vous raconter ici puisque j’ai déjà plus de cinq cents pages sous le coude et que plusieurs éditeurs sont à l’affût… Je veux dire aussi que je ne dois pas me laisser distraire de cette colossale entreprise que constitue un tel récit. Je me bornerai ici à vous en donner quelques amuse-gueule, notamment photographiques.

Je ne vous dis pas non plus comment tout ça s’est achevé – ce n’est d’ailleurs pas le terme approprié, car vous pensez bien qu’un tel exploit demeure à jamais sans fin… sinon celle de son auteur.

Or donc, voici quelques photos légendes relatives à mes premiers pas, pour ainsi dire, dans les mystères amazoniens.

Photo 1. Juste un aperçu de mon installation sommaire et de la faune d’insectes surgissant aussitôt ma lampe allumée…

Photo 2. Nuit noire, tandis que sous ma tente de fortune je me crois à l’abri des pires bestioles volantes et piquantes, sans avoir pu fermer l’œil, ni l’autre, je suis intrigué par des bruits pour le moins inquiétants. Pas fier, j’invoque la prudence extrême et décide d’envoyer mon appareil photo en exploration. J’ouvre 15 cm de la fermeture éclair, passe l’objectif (un grand angle) et déclenche (sans flash bien sûr !)… Je rentre le boîtier et découvre le résultat, stupéfiant (approchez-vous de l’écran) :

Bon sang ! que faire ? L’image est noire, et pour cause, mais je distingue bien un bout de monstre, genre iguane géant, bref une bête mahousse peu engageante… En plus ça s’agite, ça gratouille, ça couine et surtout ça fouette en tous sens de sa puissante queue… Je suis pétrifié… Puis, enfin, un lourd silence, rompu par d’autres inquiétants bruissements de branchages foulés…

Photo 3. Je change de boîtier et saisit celui à infrarouge. Pareil, je le passe prudemment par la fente de la fermeture à peine entrouverte…  Et là, que ne vois-je, tout en vert :

Une espèce de charango énorme, ou une variété de tatou, gros comme un rhinocéros, qui se met à gamahucher dans la toile de tente ! C’est plus fort que moi, je tape un coup de godasse sur la forme qui s’avance, provoquant un cri aigu monstrueux,  entre celui d’une truie qu’on égorge ou d’un éléphant prêt à charger ! Je me recule, tétanisé ; dehors, ça cavale et paraît s’éloigner. Je reprends mes esprits, trempé de sueur, n’osant plus faire un geste. Cette fois, c’est au-dessus de la tente que ça se met à vibrer tandis que se font entendre d’affreux sifflements de vieille loco à vapeur.

Photo 4. Je vise à l’aveugle avec mon premier boîtier, poussé à 6400 iso (pour les connaisseurs). Et voilà le travail :

Ouah ! Je me demande si ce n’est pas la première bestiole du pliocène qui serait revenue à la charge par le haut…, suspendue à la branche à laquelle j’avais cru malin d’arrimer le piquet central de la tente… Ça gratte, ça siffle, on dirait du Spielberg, mais en vrai et en direct… Purée… Dans quel pétrin je me suis fourré ! Je ne bouge plus d’un poil, et tout semble redevenir normal… La lune s’est levée, jetant une lumière blanchâtre et assez vive ; je risque un œil. La vache :

Photo 5.

Il me renifle de son énorme blair. Mais c’est un porc-épic ! Tout le zoo va défiler devant ma tente, ma parole ! Je ne croyais pas si bien dire, tandis qu’un terrible feulement fendait l’atmosphère aussi moite que dramatique. Dire que j’ai pris ce risque insensé de tendre une fois de plus mon objectif et de déclencher à nouveau. Bien m’en prit en fait car le déclic fit l’effet d’un Moser 90 (je ne garantis pas la référence du chasseur) et le monstre – car c’en était un – s’évanouit dans la nuit, me laissant sa magnifique empreinte visuelle, inoubliable, sous ce regard unique d’une des dernière panthères d’Amazonie orientale…

Photo 6.

Ouf, que de stress ! De quoi tomber cardiaque, non ?

Mais subitement, la nuit avait comme baissé son rideau animalier, comme si la faune amazone en avait fini avec sa séance du soir… Le stress subi m’avait comme assommé, anesthésié et je m’effondrai bientôt, empaqueté dans mon duvet tropical, comme une momie terrifiée.

Je m’endormis donc, étonnamment apaisé… Jusqu’à ce que je crus entendre comme une voix féminine ; est-ce que je rêvais à  ma comédienne de Manaus et son étrange voix de charme ? Oui, c’était bien elle, mais version Lucy ou sa soeur, égarée de ce côté-ci de la fracture tectonique.

Photo 7.

Voilà, pour aujourd’hui… Suite dans l’édition papier. Histoire de vous mettre l’eau à la bouche pour le prochain best-seller – qui sera fortement annoncé ici-même, ça va de soi.*

–––––

* Enfin, si j’obtiens les droits liés à cette très belle expo consacrée à la Biodiversité, montée par le Musée d’histoire naturelle d ‘Aix-en-Provence, avec l’IRD (Institut de recherche pour le développement) de Marseille. Les photos (prises à l’expo) et l’idée du récit sont de mon fiston, François, un drôle de zèbre.

« Biodiversité, mon trésor »

Du 10 juillet au 01 novembre 2010

Chapelle des Pénitents Blancs, à Aix en Provence.

Ouverture : Tous les jours de 10h à 12h et de 13h à 17h.
Ouvert les samedis, dimanches et jours fériés.

http://www.museum-aix-en-provence.org/exposition_temporaire.htm

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4 réflexions sur “« Comment j’ai affronté les pires périls de la faune amazonienne ». Témoignage exclusif

  • GRAVIER Claude

    Jusqu’à l’iguane, c’était plausible…le charango passe encore, mais la panthère ! J’ai cru que tu te prenais pour Tartarin.
    Fais de beaux rêves, plutôt avec Marilyn qu’avec Lucy.

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  • Jean Louis

    Plusieurs éditeurs sont à l’affût… Je vais attendre le PDF.

    Répondre
  • Moi je suis allé au bal du 14 juillet à Venelles…
    La faune est terrible mais la biodiversité discutable !

    Répondre

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