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Plagiat et internet. Ou comment le dernier Goncourt a pu se télécharger à l’œil

Mise à jour du 5/12/10.

Alors comme ça, le dernier Goncourt n'est désormais plus téléchargeable en PDF. En un clic vous ne pomperez plus La carte et le territoire. À l’œil bien sûr, et pour cause de pompage par l'auteur. Au départ, trois passages du bouquin de Houellebecq soutirés de Wikipedia, l’encyclopédie libre du oueb. En conséquence de quoi, par réciprocité de la licence Creative Commons By-Sa, le livre se trouve de facto – et même de jure selon certains, comme le blogueur-juriste Florent Gallaire (http://fgallaire.flext.net/goncourt-2010-creative-commons/) – libéré de ses droits commerciaux…

Michel Houellebecq a copié-collé, de Wikipedia à son livre, une biographie sur Frédéric Nihous, président de Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT), ainsi qu'une description de la mouche domestique et une autre de la ville de Beauvais dans l'Oise (Voir ici, sur slate.fr). Forme de plagiat dû à la fatigue d’un auteur ou simple usage innocent pour alimenter quelques paragraphes sans grand enjeu littéraire ?

L’éditeur, Flammarion, est évidemment monté au créneau. Selon son avocat, le point de règlement cité par Florent Gallaire ne s'applique qu'aux contributeurs du site, au titre de participants à une œuvre collective.

Belle bagarre en perspective ! D’autant que les enjeux ne se limitent pas aux droits d'auteur. Ils portent plus généralement sur les pratiques littéraires et les processus de création jamais entièrement indemnes d’emprunts et d’adaptations diverses. Qui copie quoi dans ce vaste monde où tout se croise et se multiplie ?

Avertissement aux Houellebecq et autres : C’est pour dire aussi se trouve sous licence Creative Commons [voir tout en bas de cette page]… Alors, gaffe !

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10 réflexions sur “Plagiat et internet. Ou comment le dernier Goncourt a pu se télécharger à l’œil

    • Gérard Ponthieu

      Si, et com­ment ! Mais en res­pec­tant l’au­teur (moi !), avec indi­ca­tion de source et sans tri­tu­rer. Pour le par­tage des bénef, on dis­cu­te­ra entre nous ! 😉

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  • Marc Tudor

    A ce niveau de biz­ness (x cen­taines de mil­liers d’ex.), parle-t-on des mêmes choses à pro­pos de « droits d’au­teur » ? Je sais, y a le prin­cipe, mais tout de même… Certes, je ne sais trop com­ment on dis­tin­gue­rait. Mais on ne va pas pira­ter les bou­quins hors du champ com­mer­cial. Comme on ne va pas fau­cher chez l’é­pi­cier du coin… Mais dans un hyper­mar­ché, fran­che­ment hein, si y a moyen… Il est vrai que ça devient aus­si dif­fi­cile de chou­rer chez Flammarion que chez Carrefour. Bref, je pose ça en terme de mora­li­té oppo­sée à la mar­chan­dise outra­geante. Na.

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  • Odile Chenevez

    Il n’est pas exac­te­ment repro­ché à Houellebecq d’a­voir « pom­pé » Wikipédia, qui est jus­te­ment fait pour ça… Chacun a même le droit d’en faire un usage com­mer­cial puisque la licence CC de wiki­pe­dia l’y auto­rise. Le seul reproche à lui faire pour­rait être de ne pas avoir cité wiki­pé­dia en tant que pater­ni­té, mais je pense que la socié­té wiki­mé­dia s’en fiche un peu et ne lui fera pas un pro­cès pour ça. Donc ce n’est pas exac­te­ment un pb de « plagiat ».
    Pour la com­mu­nau­té du libre ce cou­pé-col­lé est même plu­tôt une aubaine ! Elle consi­dère que cette oeuvre est, du fait de cet emprunt, deve­nue un « open docu­ment » que l’on peut donc uti­li­ser et repro­duire dans les mêmes condi­tions que Wikipédia (BY-SA), indé­pen­dam­ment de la vie com­mer­ciale du bou­quin : d’où les pdf en ligne… et le cour­roux de l’éditeur.

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    • Gérard Ponthieu

      Merci pour ces éclaircissements.

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    • Marc Tudor

      Un auteur qui em pompe un autre, même ano­nyme dans Wikipedia, c’est tout de même bien du pla­giat, non ?

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  • Jean Louis

    Que Houellebecq, épi­phé­no­mène lit­té­raire, se fasse épin­gler, c’est une chose.
    Mais que Flammarion (qui s’est dans doute fait abu­ser comme les lec­teurs), mai­son qui a un nom, une sur­face, une his­toire, dont le métier devrait être de défendre les auteurs qui écrivent, ou qui ont au moins l’honnêteté de citer leurs sources, s’engage dans la défense du tri­po­tage : ça me laisse pantois.
    On peut télé­char­ger la bande rouge ?

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  • Renée

    En fait, recy­cler , sur­tout de nos jours, est un moindre mal, sinon un bien col­lec­tif. Après tout, depuis le temps, depuis que le monde existe, l’Homme n’a fait qu’in­ven­ter et réin­ven­ter dans la fou­lée, comme dans un inces­sant recy­clage d’une même matière. Parfois ça fatigue quand même côté matière, alors c’est la forme qui prime sur le fond, c’est l’ère de l’es­broufe et des modes. Je ne sais trop dans quelle caté­go­rie ran­ger Michel H… Et je n’ai pas lu son der­nier, dont le titre, pour com­men­cer, est en soit un pla­giat, pris de l’au­teur (au nom bizarre aus­si, j’ai oublié) de la Sémantique géné­rale dont le pos­tu­lat est « la carte n’est pas le ter­ri­toire ». On se doit en effet de dis­tin­guer entre la réa­li­té du ter­ri­toire et les repré­sen­ta­tions qu’on en fait ou qu’on pro­jette. Surtout si on ne cite pas ses sources : car de la source dépend le ruis­seau, le tor­rent, les fleuves, etc…

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  • Encore un Gon­court de cir­cons­tances.… Tssss
    Crois-tu que Fré­dé­ric Nihous pêche à la mouche à Beauvais ?

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