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L'Europe et la Libye. Tripoli, Munich, Guernica…

Cet extrait vidéo ne dure qu’une minute, une minute de trop dans l’horreur des propos de cet innommable despote, prêt à tuer encore et encore pour assouvir sa démence. On s’était presque habitués aux révoltes quasi « normales », sans « trop » de victimes. Ce qui s’est enclenché en Libye suscite les plus grandes craintes. D’autant que les réactions internationales semblent tellement timorées. A commencer par celles de notre gouvernement – mais là, on s’est vraiment habitués. Tant de compromissions passées et si récentes avec tous ces régimes toxiques – pour reprendre un qualificatif financier déjà effacé – ont semé assez de troubles dans les esprits accommodables, à l’éthique si élastique, au manque de droiture et de courage, assez de dérangements pour paralyser la moindre action.

La rébellion verbale d’un groupe de diplomates, publiée dans Le Monde> de ce jour, constitue un signe de plus attestant de la déliquescence de ce régime à vau-l’eau, ballotté par les événements sur lesquels il n’a aucune prise – on appelle d’ailleurs ça la realt-politik, ici elle est élevée au rang des beaux-arts. Ce n’est évidemment pas un Berlusconi qui va relever le niveau européen quant au drame libyen, ni s’agissant de l’histrion d’opérette, ni de la politique de l’ancienne colonie sous perfusion pétrolière libyenne. Merkel y va de son couplet horrifié et Cameron semble porté disparu. Ainsi l’Europe se trouve-t-elle une fois de plus sans voix, attendant sans doute les instructions en provenance d’outre-Atlantique.

Rien ne se répète jamais. S’il faut cependant retenir les leçons de l’Histoire, je pense aux fameux accords de Munich. J’entends aussi la voix tremblant, émouvante certes, et dramatiquement impuissante de Léon Blum renonçant à l’intervention militaire contre l’Espagne franquiste. Je pense à ça et aussi, c’était écrit, à Guernica – à Guernica le village basque martyre , et bien sûr au célèbre tableau de Picasso. Et j’ai peur pour la Libye, pour le peuple libyen livré à la folie meurtrière d’un monstre sans retenue.

Rue89 a mis en ligne les rares témoignages parvenant du pays quasi coupé du monde. Une Suisso-Libyenne vivant à Benghazi, dans l’est de la Libye appelle au secours : “On a filmé ! On a les vidéos ! Mais ils ont coupé Internet. Ils tuent n’importe qui, une petite fille de 7 ans, notre voisine, qui se rendait dans un magasin. A quoi ça sert maintenant d’avoir peur ? On a besoin des journalistes ! Pour que le monde sache ce que fait Mouammar Kadhafi. Les gens disent : “Ou nous, ou lui ! Ou Kadhafi, ou le peuple !””.

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