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Fukushima. Mais nos séismes ne sont pas les mêmes…

Encore un jour noir, ajouté aux précédents, si chargés de malheur. Le Japon et son peuple frappés doublement : par les éléments, imparables, terrifiants ; et par l’œuvre humaine, à reconsidérer pour le moins, sinon à revoir. Je suis bouleversé, et aussi en révolte – un sujet de plus contre lequel batailler pour faire advenir un monde meilleur, pas parfait, non. La révolte ne vaut que si elle est portée par un espoir, une sorte de croyance en ce mieux possible. Je me garde d’écrire espérance, ce n’est pas de mon registre. Il y a assez à faire ici et maintenant. Comment donc manifester une solidarité active avec les Japonais ? Question que beaucoup se sont posée, tel mon ami et voisin, Denis G. (il ne voudrait pas être comme statufié, même sur ce blog…), qui a pris l’initiative, ici chez nous dans les Bouches-du-Rhône, de lancer samedi l’idée d’une manif’ le lendemain, dimanche, devant le site nucléaire de Cadarache. Ainsi fûmes-nous une bonne centaine, comme une sorte de « force tranquille » face à des grilles fermées, renfermant de cette force aveugle qui, là-bas à Fukushima, a échappé à la toute puissance du démiurge à tête de nucléocrate. La solidarité oui, c’était bien le moins, que de l’opposer ainsi à l’orgueilleuse et prétendue maîtrise de tout et en toutes choses, proportionnée à l’avidité des profits espérés – une solide espérance, celle-là, qui aussitôt fait plonger les bourses, si boursouflées encore la veille.

Solidarité d’abord, révolte dans l’élan face à la parole fausse, déversée comme les mauvaises radiations de Fukushima, et pourtant à leur propos, en essayant encore – ultime tentative ? – de rentabiliser un passage à la radio : Éric Besson, en avant-garde blindée, négationniste du lobby nucléaire ; ou à la télé : Anne Lauvergeon, égérie d’Areva, vantant le savoir-faire nucléaire supérieur et national, comme avant elle – dans un autre registre mais quand même –  une certaine MAM l’avait osé d’une main secourable et policière offerte à son ami Ben Ali.

Et que dire de l’« indécence » de Ségolène Royal trouvant que l’heure n’était pas au débat « polémique ». Non, l’heure reste à la politique et à sa crasse pour un parti en proie au syndrome de Fukushima, au bord de la déflagration sur l’autel du productivisme, de la croissance, de la petitesse – gauche et droite communiant à l’Assemblée, cet après-midi, dans leurs applaudissements mêlés en écho à François Fillon claironnant: « …Il est tout aussi absurde d’affirmer que le nucléaire est  condamné par cet accident que d’affirmer qu’il ne nous concerne pas ».

Absurde ? Indécent ? Trop tôt ? On va vérifier tout ! Nos séismes ne sont pas les mêmes (Fessenheim, Bugey, Saint-Alban, Cruas, Tricastin, Chinon, Civaux – toutes centrales en zones sismiques). Tsunami n’est pas un mot français. Même sur les côtes de la Manche (Gravelines, Penly, Paluel, Flamanville) ou de l’Atlantique (Blayais).

La question n’est pas de vouloir ignorer les coûts d’une catastrophe en la rendant improbable. Car après l’accident nucléaire, les dégâts – irrémédiables – présentent toujours des factures que jamais les évaluateurs de risques n’avaient osé imaginer.

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3 réflexions sur “Fukushima. Mais nos séismes ne sont pas les mêmes…

  • Hé oui!…
    C’est tou­jours chez les autres que ça arrive, mais nous, nous… ah non, ça ne peut pas nous arri­ver ! On est tel­le­ment intel­li­gents, rai­son­nables, etc etc…

    Je signale aus­si ce billet d’un abon­né à Médiapart…
    http://​blogs​.media​part​.fr/​b​l​o​g​/​v​i​r​g​i​l​-​b​r​i​l​l​/​140311​/​h​o​n​t​e​-​a​u​x​-​e​c​o​l​o​g​i​s​t​e​s​-​e​l​o​g​e​-​d​e​-​l​a​-​d​e​c​e​nce

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  • Pierre VILLION

    « Dans le monde moderne, aucun fait social, humain,
    spi­ri­tuel n’a autant d’im­por­tance que le fait technique ».
    (Jacques Ellul, La tech­nique ou l’en­jeu du siècle, 1954)

    « La tech­nique moderne a pris une par­faite auto­no­mie à l’é­gard de toutes nos pré­ten­tions et de nos phi­lo­so­phies. Aujourd’hui, il n” y a plus de pilote ».
    (Ellul, Exégèse des nou­veaux lieux com­muns, 1966)

    De son vivant, Ellul est pas­sé comme un zom­bie. Le com­prenne qui peut aujourd’­hui, main­te­nant que les faits nous mettent son diag­nos­tic en face des trous
    et jusque dans les pores de nos épi­dermes et les cel­lules de nos organismes.

    Mais rien n’est moins sûr pour­tant, tant il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre et tant le monde est peu­plé de sourds et d’a­veugles, d’i­do­lâtres et d’inconscients.

    Pierre

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  • CQFD
    Le Monde​.fr – mer. 16/​03/​2011 14:13
    Extrait de la conclu­sion d’un article titré : Devant la catas­trophe au Japon, « un stress col­lec­tif mondial » :

    « Ce n’est jamais en temps de crise que ces chan­ge­ments s’o­pèrent. Il y aura des pro­grès sur la sécu­ri­té, c’est cer­tain, mais de là à tout chan­ger… Cela dépen­dra cer­tai­ne­ment des dégâts finaux. »

    Alors les vrais déci­deurs devraient donc être les Dégâts finaux ?

    Moralité : « Pique au cul, ça fait trot­ter » … La tête faut pas y toucher.
    CQFD, mon­dial, par Le Monde !

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