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Edgar Morin : « En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts »

Ça ne se fait pas de publier sans autorisation un texte venu d’ailleurs. Si ! la preuve : ce texte d’Edgar Morin paru dans Le Monde du 2 janvier. Morin comme penseur du bien commun, se doit de circuler dans les sphères de la pensée commune, notamment les blogs. De plus, comme penseur de la complexité, il sait aussi – toujours au nom du bien commun – les exigences de la simplexité : rendre simple ladite complexité.

Donc, ci-dessous : l’article d’Edgar Morin, titré « En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts ». Suivi de mon grain de sel.

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© faber

"Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd'hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d'apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes." (Manifeste Roosevelt, 2012.)

"Un diagnostic juste" suppose une pensée capable de réunir et d'organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.

Une telle pensée doit être consciente de l'erreur de sous-estimer l'erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d'ignorer qu'elle est erreur. Elle doit être consciente de l'illusion de sous-estimer l'illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l'Union soviétique.

Tout notre passé, même récent, fourmille d'erreurs et d'illusions, l'illusion d'un progrès indéfini de la société industrielle, l'illusion de l'impossibilité de nouvelles crises économiques, l'illusion soviétique et maoïste, et aujourd'hui règne encore l'illusion d'une sortie de la crise par l'économie néolibérale, qui pourtant a produit cette crise. Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise, l'erreur que la croissance est remède à la rigueur.

L'erreur n'est pas seulement aveuglement sur les faits. Elle est dans une vision unilatérale et réductrice qui ne voit qu'un élément, un seul aspect d'une réalité en elle-même à la fois une et multiple, c'est-à-dire complexe.

Hélas. Notre enseignement qui nous fournit de si multiples connaissances n'enseigne en rien sur les problèmes fondamentaux de la connaissance qui sont les risques d'erreur et d'illusion, et il n'enseigne nullement les conditions d'une connaissance pertinente, qui est de pouvoir affronter la complexité des réalités.

Notre machine à fournir des connaissances, incapable de nous fournir la capacité de relier les connaissances, produit dans les esprits myopies, cécités. Paradoxalement l'amoncellement sans lien des connaissances produit une nouvelle et très docte ignorance chez les experts et spécialistes, prétendant éclairer les responsables politiques et sociaux.

Pire, cette docte ignorance est incapable de percevoir le vide effrayant de la pensée politique, et cela non seulement dans tous nos partis en France, mais en Europe et dans le monde.

Nous avons vu, notamment dans les pays du "printemps arabe", mais aussi en Espagne et aux États Unis, une jeunesse animée par les plus justes aspirations à la dignité, à la liberté, à la fraternité, disposant d'une énergie sociologique perdue par les aînés domestiqués ou résignés, nous avons vu que cette énergie disposant d'une intelligente stratégie pacifique était capable d'abattre deux dictatures. Mais nous avons vu aussi cette jeunesse se diviser, l'incapacité des partis à vocation sociale de formuler une ligne, une voie, un dessein, et nous avons vu partout de nouvelles régressions à l'intérieur même des conquêtes démocratiques

Ce mal est généralisé. La gauche est incapable d'extraire de ses sources libertaires, socialistes, communistes une pensée qui réponde aux conditions actuelles de l'évolution et de la mondialisation. Elle est incapable d'intégrer la source écologique nécessaire à la sauvegarde de la planète. Les progrès d'un vichysme rampant, que nulle occupation étrangère n'impose, impose dans le dépérissement du peuple républicain de gauche la primauté de ce que fut la seconde France réactionnaire.

Notre président de gauche d'une France de droite ne peut ni retomber dans les illusions de la vieille gauche, ni perdre toute substance en se recentrant vers la droite. Il est condamné à un "en avant". Mais cela nécessite une profonde réforme de la vision des choses, c'est-à-dire de la structure de pensée. Cela suppose, à partir d'un diagnostic pertinent, d'indiquer une ligne, une voie, un dessein qui rassemble, harmonise et symphonise entre elles les grandes réformes qui ouvriraient la voie nouvelle.

Je dégagerais ce que pourrait être cette ligne, cette voie que j'ai proposée aussi bien dans La Voie que dans Le Chemin de l'espérance, écrit en collaboration avec Stéphane Hessel (Fayard, 2011).

Je voudrais principalement ici indiquer que l'occasion d'une réforme de la connaissance et de la pensée par l'éducation publique est aujourd'hui présente. Le recrutement de plus de 6000 enseignants doit permettre la formation de professeurs d'un type nouveau, aptes à traiter les problèmes fondamentaux et globaux ignorés de notre enseignement : les problèmes de la connaissance, l'identité et la condition humaines, l'ère planétaire, la compréhension humaine, l'affrontement des incertitudes, l'éthique.

Sur ce dernier point, l'idée d'introduire l'enseignement d'une morale laïque est à la fois nécessaire et insuffisante. La laïcité du début du XXe siècle était fondée sur la conviction que le progrès était une loi de l'histoire humaine et qu'il s'accompagnait nécessairement du progrès de la raison et du progrès de la démocratie.

Nous savons aujourd'hui que le progrès humain n'est ni certain ni irréversible. Nous connaissons les pathologies de la raison et nous ne pouvons taxer comme irrationnel tout ce qui est dans les passions, les mythes, les idéologies.

Nous devons revenir à la source de la laïcité, celle de l'esprit de la Renaissance, qui est la problématisation, et nous devons problématiser aussi ce qui était la solution, c'est-à-dire la raison et le progrès.

La morale alors ? Pour un esprit laïque, les sources de la morale sont anthropo-sociologiques. Sociologiques : dans le sens où communauté et solidarité sont à la fois les sources de l'éthique et les conditions du bien-vivre en société. Anthropologiques dans le sens où tout sujet humain porte en lui une double logique : une logique égocentrique, qui le met littéralement au centre de son monde, et qui conduit au "moi d'abord" ; une logique du "nous", c'est-à-dire du besoin d'amour et de communauté qui apparaît chez le nouveau-né et va se développer dans la famille, les groupes d'appartenance, les partis, la patrie.

Nous sommes dans une civilisation où se sont dégradées les anciennes solidarités, où la logique égocentrique s'est surdéveloppée et où la logique du "nous" collectif s'est "sous-développée". C'est pourquoi, outre l'éducation, une grande politique de solidarité devrait être développée, comportant le service civique de solidarité de la jeunesse, garçons et filles, et l'instauration de maisons de solidarité vouées à secourir les détresses et les solitudes.

Ainsi, nous pouvons voir qu'un des impératifs politiques est de tout faire pour développer conjointement ce qui apparaît comme antagoniste aux esprits binaires : l'autonomie individuelle et l'insertion communautaire.

Ainsi, nous pouvons voir déjà que la réforme de la connaissance et de la pensée est un préliminaire, nécessaire et non suffisant, à toute régénération et rénovation politiques, à toute nouvelle voie pour affronter les problèmes vitaux et mortels de notre époque.

Nous pouvons voir que nous pouvons commencer aujourd'hui une réforme de l'éducation par introduction de la connaissance des problèmes fondamentaux et vitaux que chacun doit affronter comme individu, citoyen, humain.

Edgar Morin, sociologue et philosophe

Roosevelt, Hollande, Depardieu, Verdi…

Morin me renvoie à mon père, homme simple, quand il se moquait des « instruits cons », ceux-là dont les connaissances étaient non seulement étalées et superficielles mais aussi nuisibles. Car non rattachées à une vision, à un élan vers l’idéal. Morin les cible en particulier, ces ignorants prétentieux.

Morin mentionne aussi Roosevelt. J’ai cru que Hollande, dans la foulée de ses promesses, allait aussi s’en inspirer. Le Roosevelt du New Deal, cette sorte de renaissance après la grande Dépression de 29 ; cette main généreuse tendue à la misère qui accablait le peuple états-unien. Hollande a bien dû y songer ; on disait même, avant son élection, qu’il avait lu les discours du président américain. Un songe, donc. Car la réalité de 2013 est toute autre. Les Etats-Unis d'alors, ce n’était pas l’Europe du Vieux continent à l’Histoire chargée, ouvragé de guerres et de dentelles, frappé de violence et de culture multi-millénaire, point de convergence de ces vagues immenses venues de Mésopotamie, des mondes grecs et romains, sourcé à l’Afrique ancestrale.

Le Nouveau Monde ignorait aussi les chocs de cette mondialisation, tout accaparé qu’il pouvait être à la conquête coloniale de son immense territoire, dominant et laminant la population indigène, imposant le rouleau compresseur de sa technique triomphante et de sa langue unique.

Et aujourd’hui, comme le souligne Edgar Morin, l’idée même du Progrès – majuscule – doit être réexaminée, alors qu’elle bute sur la finitude évidente des ressources terrestres et celle même de l’espèce humaine dans sa boulimie productiviste, consommatoire, suicidaire.

À quoi s’ajoute – cause et conséquence – cette nouvelle guerre, quasi silencieuse bien que médiatisée, menée entre les mondes antagonistes des égoïsmes et du bien commun. Alors qu’il s’agirait de les harmoniser – les symphoniser, précise Morin – , on assiste au contraire à l’exhibitionnisme de la richesse éhontée, cumularde, pathologique. Cette richesse mortifère qui nargue la misère ravageuse et galopante, dans cet aveuglement propre aux périodes pré-révolutionnaires – de la France royaliste du XVIIIe siècle aux « printemps arabes » en passant par la Russie tsariste et cent autres soulèvements populaires.

L’ « affaire Depardieu » reflète bien, l’abomination d’un monde cadenassé dans la possession matérielle et insatiable – obèse, c’est le cas de le dire – de biens accumulés sans partage, sans idéaux, sans grandeur. Que cela émane du monde du spectacle n’en confirme que plus encore la  pertinence « prophétique » des situationnistes dénonçant cette décadente Société du Spectacle – où culmine la nôtre.

Autres temps autre mœurs, un siècle plus tôt un Verdi, devenu richissime, léguait sa fortune à divers organismes sociaux et à la création d’une maison de retraite pour musiciens. C’est peut-être au compositeur italien que pense Morin écrivant : « Nous sommes dans une civilisation où se sont dégradées les anciennes solidarités, où la logique égocentrique s'est surdéveloppée et où la logique du "nous" collectif s'est "sous-développée". C'est pourquoi, outre l'éducation, une grande politique de solidarité devrait être développée, comportant le service civique de solidarité de la jeunesse, garçons et filles, et l'instauration de maisons de solidarité vouées à secourir les détresses et les solitudes. »

 Gérard Ponthieu, citoyen blogueur et révulsé

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6 réflexions sur “Edgar Morin : « En <span class="numbers">2013</span>, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts »

  • BION

    Les vœux, seraient-ce ce que l’on veut ?
    Si oui pour 2013 : qui fera quoi ?

    Contexte.
    La popu­la­tion sem­ble­rait “glo­ba­le­ment” heu­reuse, abreu­vée de diver­tis­se­ments divers : sports, émis­sions télé­vi­sées, com­men­taires inter­ne­tés (sic), cir­cu­la­tion d’autos dans les bou­chons, queues aux caisses des grandes sur­faces, ’désa­la­ria­ti­sa­tions’, etc.

    Une alerte cependant.
    Des livres et des expé­riences alter­na­tives peuvent déran­ger la tran­quilli­té d’es­prit col­lec­tive des gens et inquié­ter les gou­ver­nances dominantes.

    Alors que faire ?
    Idea : En plus des poli­ciers (matra­quant indis­tinc­te­ment tous les mani­fes­tants, pour pré­ser­ver ce monde en marche depuis au moins 2 décen­nies ; monde non contes­té concrè­te­ment par la grande majo­ri­té de la popu­la­tion), il peut venir à l’es­prit de “cer­tains”, qu’il convien­drait donc de créer des escouades de « PomPilier du TANT » : leur fonc­tion n’é­tant pas d’é­teindre les incen­dies mais notam­ment de brû­ler les livres et les médias indépendants.

    Ce “c pour dire” pour­rait bien finir par faire des étin­celles (en places publiques)?

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  • Dominique Dréan

    « « Un diag­nos­tic juste » sup­pose une pen­sée capable de réunir et d’organiser les infor­ma­tions et connais­sances dont nous dis­po­sons, mais qui sont com­par­ti­men­tées et dispersées. »
    On change de majo­ri­té, de gou­ver­ne­ment – dans un sens ou dans l’autre – et l’en­semble du sys­tème reste en place, je veux dire hauts fonc­tion­naires, membres des minis­tères. Comment un ministre, un ramas­sis de ministres – par­don, un gou­ver­ne­ment – un pré­sident de la République peuvent-ils poser un diag­nos­tic. La plu­part ne sont pas tech­ni­que­ment com­pé­tents, la machine fonc­tionne depuis tou­jours sans eux et ils subissent la pres­sion de la finance, véri­table sur-moi de la politique.
    Il existe des struc­tures qui, s’ap­puyant sur des don­nées pré­cises, éta­blissent des diag­nos­tics et des recom­man­da­tions. Ce sont la cour et les chambres régio­nales des comptes. Quand elles délivrent un rap­port, les orga­nismes concer­nés « prennent acte » et (la plu­part du temps) ne changent rien.
    On est d’ac­cord, for­cé­ment d’ac­cord avec ce que dit Morin et que tu relaies, mais cette « sym­pho­nie », quel orchestre est capable de la jouer ?
    Le remède de l’é­du­ca­tion, certes, mais les ensei­gnants sont les pro­duits de cette socié­té et je crains que bien peu des 6000 nou­veaux venus soient « aptes à trai­ter les pro­blèmes fon­da­men­taux et glo­baux igno­rés de notre ensei­gne­ment : les pro­blèmes de la connais­sance, l’identité et la condi­tion humaines, l’ère pla­né­taire, la com­pré­hen­sion humaine, l’affrontement des incer­ti­tudes, l’éthique. » Pour en arri­ver à ensei­gner tout cela, il faut d’a­bord que la socié­té aie chan­gé. La révo­lu­tion n’é­tant pas la solu­tion, quelle est-elle ?

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    • Gérard Ponthieu

      Tu as de ces ques­tions, j’te jure ! Pour ma part, par­tant tou­te­fois du même genre de ques­tion­ne­ment, j’en suis venu, au fil des (longues) années, ce qui veut dire « pas mal » d’an­nées, à recon­si­dé­rer toute réponse en termes évo­lu­tion­nistes. C’est-à-dire qu’au sens de Darwin, je vois aus­si l’é­vo­lu­tion de l’Homme et des socié­tés sous l’angle du temps long ; ce qui n’ex­clut pas les inter­fé­rences dues au hasard et aux muta­tions, tout comme dans l’é­vo­lu­tion dar­wi­nienne. Les révo­lu­tions (réelles) peuvent éma­ner de la conjonc­tion de ces trois fac­teurs : durée, hasards, muta­tions – ces der­nières pou­vant être pro­vo­quées par quelques éclai­reurs, ceux-là qui marquent l’Histoire, qui éclairent le che­min, comme ça s’est pro­duit dans l’Europe des Lumières.

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  • Je ne suis pas si cer­tain que le propre de l’er­reur soit de s’i­gno­rer, car l’er­reur a des pré­mices qui, elle, SONT igno­rées. Et nul ne se pen­che­ra sur ce fait que l’on veuille igno­rer les pré­mices de l’er­reur. C’est que cette SENSATION que quelque chose ne tourne pas rond, qui a été aus­si bien igno­rée par Descartes pour prou­ver que l’er­reur est fatale, en quelque sorte, est l’in­dice qu’on se trompe et lors­qu’on veut prou­ver, c’est-à-dire, ne pas faillir, soi, que l’on a rai­son, on DOIT igno­rer ces prémices.

    Les pre­mières choses qui sont igno­rées est la liber­té de l’Autre, d’entre toutes. Pour prou­ver qu’on a rai­son, on doit mar­cher sur l’Autre, l’o­bli­ger de quelque manière que ce soit. L’autorité en est la démons­tra­tion la plus fla­grante. Ici, on parle de l’ex­pert, mais le flic est un expert en main­tien de l’ordre, un spé­cia­liste et un dépu­té un expert en main­tien du sta­tu quo comme les gou­ver­nants des experts en main­tien abso­lu de la néces­si­té, selon eux, de devoir tra­vailler, c’est-à-dire d’or­ga­ni­ser la socié­té autour du tra­vail. Pensons bien que je ne puis par­ler, en aus­si cours qu’un « post » de peu de chose et de manière extrê­me­ment condensée.

    L’erreur est une induc­tion, pour le dire comme Lautréamont. Elle est immé­dia­te­ment liée à la mal­veillance, ici et main­te­nant, quoi qu’on veuille dis­cu­ter de l’in­no­cence du sexe des anges. L’erreur n’est pas une déduc­tion, c’est un consé­quence d’un che­mi­ne­ment de pen­sée qui ne veut PLUS se remettre en ques­tion (se com­pa­rer à la réa­li­té qui n’est PLUS soi, mais l’Autre) car, alors, elle per­drait sa rai­son d’être, son auto­ri­té. Vous com­pre­nez ? Je peux me trom­per mais ce ne sera pas aus­si mau­vais qu’une des erreurs qui court ce monde — la valeur comme média humain abso­lu, par exemple — pour empê­cher la bien­veillance de s’ac­com­plir, pour l’interdire.

    Ainsi, l’er­reur est une orga­ni­sa­tion orga­nique de la pen­sée cor­res­pon­dant pré­ci­sé­ment, à ce que Wilhelm Reich nom­mait la « cui­rasse », cette struc­ture mus­cu­lo-psy­chique qui renie sans fin et par la contrac­tion spas­mo­dique, tant en pen­sée qu’en muscle, le plai­sir d’ac­cé­der au plai­sir sans souf­france. L’humain est inca­pable d’ab­sor­ber, telle la ser­pillière la flaque d’eau, le plai­sir sans en craindre une consé­quence catas­tro­phique : et c’est là SON erreur. Cela n’in­té­resse personne.

    Je viens de com­pa­rer l’hu­main à un absor­bant et ai pris la ser­pillière en com­pa­rai­son : cela a dû en dégoû­ter plus d’un de se savoir avi­li à une telle per­cep­tion de ce à quoi on est des­ti­né : le plai­sir d’y RÉPONDRE. J’ai pro­vo­qué une erreur pour la mon­trer. Pour l’être souple et curieux, l’er­reur est péda­go­gique et de la sorte, il en pro­fite, en fait son BIEN. Lorsqu’elle reste une rigi­di­té — comme l’u­sage de la décom­po­si­tion nucléaire pour faire de l’eau chaude — elle devient une plaie qui ne pour­ra JAMAIS se gué­rir de soi-même : elle est deve­nue un os déchar­né, sans plus aucune SENSATION d’elle même. Vous comprenez ?

    L’erreur fon­da­men­tale, aujourd’­hui, est la valeur : des choses, du temps, des amours, des êtres, de tout, car tout est trans­for­mé en mar­chan­dise pour la satis­faire. Elle cor­res­pond à un com­plexe rigi­di­fié mus­cu­lo-psy­chique, une cui­rasse. Elle empri­sonne TOUT dans son monde pour allé­ger le poids de ce com­plexe rigi­di­fié, en IMAGE.

    Ma thèse peut induire en erreur, mais la per­cep­tion de cette erreur est auto-per­cep­tive, elle se veut donc cri­tique et de soi et du monde. Elle est péda­go­gique. Elle peut faire admettre que le pen­dant du don est l’ac­cueil et que le don deman­dant le don est une vue de l’es­prit qui s’est trom­pé car il a per­du l’ac­cueil, et c’est son erreur.

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  • Je viens de relire « tout ça » et je me dis qu’on est vrai­ment dans « le » sujet : celui de la sur­vie de cette civi­li­sa­tion en cours – et en perdition.

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