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BONNE NOUVELLE. Les journaux sont foutus, vive les journalistes !

par John MacGregor, chercheur au département Sociologie des médias du MIT

[dropcap]Cet[/dropcap] article a été publié à l'origine sur CINQsurCINQ.net, mon site professionnel désormais fermé pour cause de retraite. Il a ensuite été mis en ligne le le 07/12/2004 sur ce blog, c'est pour dire.com. Je lui redonne ici une nouvelle actualité, un peu à la manière dont les médias audio-visuels, à la faveur de l'été, pratiquent la rediffusion. 

En presque dix ans, l'analyse a gardé de sa pertinence et d'une certaine justesse d'anticipation. Ainsi en ce qui concerne l'apparition sur internet de plusieurs sites d'information dont, jusqu'à présent, seul Mediapart semble avoir trouvé le modèle journalistique et économique.

Cette décennie aura vu la dégradation générale de l'économie de la presse d'information et, parallèlement, l'accélération de la dématérialisation des supports au profit d'internet et des outils "nomades". Parmi ceux-ci, les smartphones ont pris la première place non seulement en tant que support d'information, mais dans le processus même de production d'information.. Les "réseaux sociaux"  sont ainsi devenus des médias à part entière – moins le professionnalisme des journalistes (notion d'ailleurs toute relative, on le sait, et l'article ci-dessous évoque largement cet aspect). Facebook et Twitter notamment devancent désormais les médias traditionnels dans la "course" aux nouvelles; bien plus, ils les squeezent littéralement dans le rôle dévolu à l'information dans les processus historiques (révolutions arabes, révoltes turque et brésilienne en particulier).

C'est peut-être sur le plan technique que l'article de "MacGregor" se trouve le plus dépassé, quoique de manière très relative : ainsi le support en plastique électronique n'a pas été généralisé, étant pour le moment supplanté par les tablettes ; ainsi, les centres d'impression délocalisés des journaux n'ont-ils pas vu le jour : la pression énergétique n'étant sans doute pas encore assez convaincante et les camions continuent à rouler à tout va ; surtout, le processus accéléré de la dématérialisation par le numérique est en passe de faire sauter cette étape et avec elle une partie importante de l'économie du papier d'impression.

Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, on ne peut que constater amèrement – aux exceptions près, certes notables mais minoritaires – un affaiblissement du journalisme actif – positivement critique – au détriment d'une industrie du retraitement d'informations de secondes mains ("experts", agents de com', lobbyistes, et jusqu’aux réseaux sociaux !) On voit ainsi prospérer dans les médias de masse cette "information blanche" que déplore MacGregor, et qui s’autoalimente à l’intérieur d’un système clos. Une « information » qui se nie, autant dire une désinformation à base de mimétisme, voire de consanguinité menaçant l’espèce journalistique par excès de clichés, « marronniers », micro-trottoirs, pipolisation, généralisations, approximations, inculture, tics et fautes de langue, non recoupements, non contextualisation… 

Le bon côté de ce triste constat, c'est, comme se plaisent à dire les manageurs, qu'il y a "des marges de progression".

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2 réflexions sur “<span class="caps">BONNE</span> <span class="caps">NOUVELLE</span>. Les journaux sont foutus, vive les journalistes !

  • André Faber

    Sacré MacGregor. Me sou­viens par­fai­te­ment de ton cri, ton écrit sur le sujet, publié en 2004. L’essor de la blo­go­sphère à l’é­poque. Le pos­sible. Une décen­nie plus tard, le pro­pos est mal­heu­reu­se­ment plus que jamais d’ac­tu. Et cela ne nous rajeu­nit pas, mon cher John Ponthieu. La pré­sente presse est en soins palia­tifs, état sta­tion­naire, figure de papier mâché. Ta réflexion mérite plus que jamais d’être ample­ment dif­fu­sée sur papier, écran ou rou­leau de PQ, msis sur­tout mérite d’être lue, par les jour­na­listes comme par les lec­teurs que nous sommes tous.

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  • Oh que oui ! Exemple, hier au JT de 2O h sur F2 : que des faits divers pen­dant les 25 pre­mières minutes !!! dont le sport, le temps pour­ri, les trains pas à l’heure, les bai­gneurs impru­dents. Oui, d’ac­cord, « c’est la vie »… mais tout de même, Mme Michu-Druker, les élec­tions au Mali pour lequel on a tout de même mené une guerre contre Alquaida, un sujet on ne peut plus sen­sible, épi­neux, tout ce qu’on vou­dra… Et attendre la 25e minute sur les 30 d’un jour­nal de « grande chaîne publique », c’est la honte par démis­sion du devoir d’in­for­mer, comme le dénonce si bien le « sacré McGregor » !

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