Alerte !

Marseille (et au-delà) – Quand j’entends le mot culture…

« Quand j'entends le mot “culture”, je sors mon revolver ». Je me contenterai de sortir ce billet et des photos.

Une sorte de caisse, dure à encaisser. [Ph. gp]
Une sorte de caisse, dure à encaisser. [Ph. gp]
Les fauteurs de « Marseille-Provence 2013 - Capitale de la Culture » ont eu à promouvoir toutes sortes de « produits culturels » afin de remplir les caddies de la grande distribution artistico-cultureuse. Tout un fatras a donc dû être fourni, souvent dans l’urgence, parfois pour le pire, mais aussi pour le  meilleur – ne soyons ni par trop négatifs, ni trop généralisants.

En tout cas, au vu des photos, on touche quand même ici le fond du fond pour ce qui est du foutage de gueule et de dénaturation en matière de « culture ».

Soit deux caisses en bois ; l’une, cubique, peinte en gris, servira de socle à l’autre, parallélépipédique, montée sur palette de chantier, en bois brut, tiendra lieu d’œuvre d’art. Pour ainsi créer cette illusion grossière, un tour de magie littérale suffira, soit la conception d’un écriteau sur lequel on écrira…

… Quoi, au fait ?

Là, l’Auteure, se creuse le chou ; convoque, si ça se trouve, un remue-méninges d’instruits-cons, un colloque, un séminaire. Bref, on aboutit à cette chiure :

Tromperie sur la marchandise, usage de faux, marchandise avariée…
Tromperie sur la marchandise, usage de faux, marchandise avariée… On monte des procès pour moins. Ici, elle est estampillée et cautionnée officiellement !

Oh, c’est qu’il doit y avoir là-dessous, du jus de concept à haute valeur ajoutée. Oui, certes, envoyez la monnaie ! Car on aimerait connaître le montant de la facture, afin d’évaluer l’œuvre à la hauteur de son escroquerie intellectuelle, morale, et pénale.

 Cette « chose » est une honte. Tellement honteuse qu’elle a même laissé indifférentes les habituelles brigades de tagueurs – juste une timide tentative, tout de même gommée.

Tandis que derrière, un certain Pierre Puget, mis en abyme (la sculpture du sculpteur en train de sculpter ; l'oeuvre est de Henri-Édouard Lombard), jette un regard qui ne semble pas de marbre. Cet « enfant de Marseille », dixit la plaque, ce sculpteur, architecte et peintre (1620-1694), « a porté au loin les marques de son génie et le nom de sa ville ». On lui doit, entre autres, l'architecture de La Vieille Charité.

Tandis que cette boîte, prétentieuse et ridicule, vient faire injure à l’artiste, plus généralement à l’art et tout bonnement au citoyen qui aura été tenu, sans son avis, de payer cet affront.

N’est-ce pas de la sorte qu’on contribue à désintégrer une société ? À jeter ses membres ainsi méprisés dans les bras des populistes si prompts à dénoncer ces « élites » qui se paient la gueule du populo.

Un rappel (douloureux) : la fameuse phrase « Quand j'entends le mot “culture”, je sors mon revolver » a été faussement attribuée à Hermann Göring, ou à Joseph Goebbels (en allemand : « Wenn ich “Kultur” höre... entsichere ich meinen Browning » littéralement : « Quand j'entends le mot “culture”, j'ôte le cran de sûreté de mon Browning ».) En réalité, bien qu'elle ait été effectivement reprise par B. von Schirach (chef des jeunesses hitlériennes), comme par d'autres nationaux-socialistes, c'est un écrivain allemand, Hanns Johst (1890-1978), lui-même national-socialiste, qui est l'auteur de cette formule qu'il a placée comme réplique d'un personnage de l'une de ses pièces de théâtre, à la gloire de Hitler, intitulée "Schlageter" (1933)." (Wikipédia)

Si la citation n’a pas l’auteur qu’on lui attribue, elle émane bien de sa famille criminelle.

 Prenons garde à ne pas entretenir ce trafic d’armes.

 

>>> Sur le thème, un blog recommandable "Culture & Revolver"

Partager

Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

11 réflexions sur “Marseille (et au-delà) – Quand j’entends le mot culture…

  • jcc

    j ai cru que c etait un iso­loir pour les primaires.….……

    Répondre
  • faber

    L’art d’é­tat ne vaut pas le lard de mon assiette, autre cita­tion. Quand le Frac lor­raine a ouvert ses portes, i y a quelques années, l’es­pace était blanc du haut en bas. les visi­teurs cher­chaient l’ex­po. En fait d’ex­po, c’é­tait bien cela, du blanc par­tout inti­tu­lé withe spi­rit. Evidemment en englich ça le fait un max. Et c’est nous qu’on paye. Vive la pâte à sel et les cou­chers de soleil et la lune en plein jour. Faire un tour à l’ex­po Vallotton à Paname, j’insiste.

    Répondre
  • Pierre

    Les arts plas­tiques, l’art contem­po­rain… je peux m’en mêler, c’est mon job. 

    Quand je fai­sais mes études, à Paris, au début des années 1970, nous étions dans « l’a­près-68 ». L’euphorie s’en était allée mais pas du tout les fon­da­men­taux. En d’autres termes, il fal­lait coûte que coûte que l’on se le mette dans le crâne qu’il était désor­mais inter­dit d’in­ter­dire. C’est alors que, par dizaines, par cen­taines, par mil­liers, durant toutes les années qui ont sui­vi et jus­qu’à ce jour, j’ai vu des indi­vi­dus obéir sage­ment à l’in­jonc­tion qui leur était faite et – qui plus est – s’en réjouir : « On ne peut rien m’in­ter­dire ? Donc 1) je fais ce que je veux 2) j’in­ter­dis qui que soit de me faire chier sur ce que je veux et fais ». Ce « rai­son­ne­ment », on le sait, a débor­dé lar­ge­ment du monde de l’art, il a inon­dé l’en­semble de la socié­té. Un Cohn Bendit, par exemple, illustre par­fai­te­ment la façon dont le liber­ta­risme de 68 a fait le lit du libé­ra­lisme. Mais pour res­ter dans le domaine de l’art (ou plu­tôt de ce que l’on appelle ain­si), les hommes d’af­faires sont les der­niers à crier – comme Gérard – au « fou­tage de gueule ». Ils sortent pas non pas leurs revol­vers mais leurs porte-mon­naie. En revanche, face à ceux qui s’a­visent à conser­ver un faible pour l’es­thé­tique, ils sortent tout grand leurs griffes. Tel un François Pineault qui, il y a quelques années, s’é­criait ne plus pou­voir sup­por­ter la « tyran­nie du goût » (www.lemonde.fr/…/article/…/francois-pinault-je-n-accepte-nulle-tyrannie-du-gout_766715_3246.html). Qu’on se le dise donc fran­che­ment mais serei­ne­ment : l’art contem­po­rain n’est jamais qu’un art offi­ciel. Un de plus. Celui de notre temps. Médicis, Pinault… même com­bat mais éga­le­ment l’État, qui engouffre une bonne par­tie de notre fric dans les FRAC (Fonds Régionaux d’Art Contemporain).

    « Foutage de gueule ? », demande Gérard. « Non, parce qu’on le vaut bien » lui répon­drais-je. De même qu »on a les poli­ti­ciens qu’on mérite – grâce à ce dis­po­si­tif ver­teux qui a pour nom « démo­cra­tie » – de même nous avons un art qui, majo­ri­tai­re­ment, nous res­semble. On me rétor­que­ra qu’au­cun musée d’art contem­po­rains ne fera le plein comme le Louvre. Certes, mais quelle impor­tance ? On le tolère… « qui ne dit rien consent ». Je dois avouer que j’ai été long à me convaincre moi-même de ce rai­son­ne­ment, tant il m’a paru dans un pre­mier temps sim­pliste. Pour m’as­su­rer de sa per­ti­nence, il a fal­lu que je tombe un jour sur un bou­quin inti­tu­lé « L’Empire du Non-Sens » d’un cer­tain Jacques Ellul. L’auteur y affir­mait en sub­stance que l’art contem­po­rain non seule­ment n’é­tait pas sans signi­fi­ca­tion mais qu’il était l’ex­pres­sion par­faite d’un sys­tème auquel il don­nait le nom de « sys­tème tech­ni­cien », dont la maxime pou­vait être « ce que la tech­nique nous per­met de pro­duire, il faut le pro­duire » et qui, « tel un can­cer, gagnait peu a peu l’en­semble du corps social ».

    Je consi­dère que les faits donnent aujourd’­hui rai­son à ce pen­seur dis­pa­ru il y a bien­tôt vingt ans. Le vrai « fou­tage de gueule » (car Gérard a rai­son, il y en a bien un !), c’est que ce pen­seur reste aujourd’­hui pra­ti­que­ment dans le même état d’ou­bli que de son vivant. Du coup, je m’in­ter­roge grave : tout un cha­cun ne se fou­trait-il pas par hasard de sa propre gueule ? 

    On aurait déci­dé­ment tout vu.

    Répondre
    • Le fric englou­ti dans les FRAC, c’est bien ce que les médias qua­li­fient de fric-frac, non ?-)
      Ce qu’on appelle l” « art », sans doute, doit bien nous res­sem­bler, puisque nous le tolé­rons, le véné­rons, l’a­che­tons-ven­dons. « Nous », enfin plu­tôt eux. Ce monde res­treint, abreu­vé au white spi­rit, comme dit Faber ci-des­sus, l’es­prit qui peut pré­tendre s’é­le­ver un peu, pla­ner, para­der, domi­ner. On pos­sède les codes de l’art par trans­mis­sion aris­to­cra­tique ou par « élé­va­tion cultu­relle », qui sont sou­vent liées ; les codes poli­tiques, un peu pareil en effet : on se fait four­guer du bla­bla poli­ti­cien comme du pro­duit de Foire (de Paris) où la mar­chan­dise se pré­tend artis­tique. Et le tour est joué, l’argent tourne, le pou­voir aus­si ; la démo­cra­tie comme un manège (Foire du Trône !), on en essaie un, puis un autre, et encore. À la fin, on dégueule. Mais, oh là, c’est très nihi­liste tout ça ! « Tu me fais tour­ner la tête… »

      Répondre
  • APPELCANDIDATURE
    Photos sur l’an­née Marseille Capitale Européenne de la culture 2013

    Vous étiez de la fête le 12 jan­vier 2013 pour l’ou­ver­ture de Marseille Capitale Européenne de la Culture et tout au long de cette année MP2013, vous n’a­vez rien man­qué des évé­ne­ments et par­cou­ru la ville en pho­to­gra­phiant ces moments uniques… alors n’hé­si­tez pas ! Espaceculture lance son appel à can­di­da­ture auprès des pho­to­graphes ama­teurs ou confir­més, les 35 meilleurs cli­chés sélec­tion­nés seront expo­sés dans nos locaux du 6 décembre 2013 au 6 jan­vier 2014 (ver­nis­sage ven­dre­di 6 décembre 2013)

    Date limite d’inscription : 31 octobre 2013

    > Inscription /​ sélec­tion :
    – Photo noir&blanc ou couleur
    – Format A4 (2129,7 cm) ou A3 (29,742 cm)
    – Papier photographique
    (Espaceculture four­nit l’encadrement)
    1 pho­to par candidat 

    > A dépo­ser à Espaceculture,
    42 La Canebière 13001
    04 96 11 04 60

    Répondre
  • Jean-Pierre PLEUVRY

    Vous n’a­vez rien compris
    Ne pas confondre Art et Détritus
    Il s’a­git seule­ment d’une ques­tion de temps
    Le ser­vice de net­toie­ment n’est pas encore passé
    Au fait le meuble, ce n’est pas un bas relief d’IKEA
    Vous avez com­pris pour­quoi ce meuble est jeté en pâture
    En espé­rant peut-être qu’une bonne âme nous en débarrasse
    Au plus tôt, pour ne pas dire d’Art Dard

    Répondre
  • Gian

    J’ai d’a­bord cru à une box de trans­port qui ser­vait à la pro­tec­tion de la sta­tue de Baldur von Schirach avant son inau­gu­ra­tion, suite aux oscars des étoiles de(s) David(s, car les fis­sures dans le sol témoignent qu’il doit y avoir plu­sieurs tonnes de bronze. Au fait, quand est-ce qu’est morte Pascale Mirages, il manque les dates sur sa stèle funéraire ?

    Répondre
    • BION

      Il me semble que ce n’est pas très nou­veau comme forme de pro­vo­ca­tion déconstructiviste.
      Voir la fameuse cuvette de WC pré­sen­tée en créa­tion artis­tique par ce ponte de l’é­poque dont je ne sais plus le nom (lom­bard ou qlq chose d’ap­pro­chant) et c’est déjà vieux.

      L’art n’a-t-il pas presque tou­jours été l’ob­jet de récu­pé­ra­tions par la  »culture » du moment de telle  »socié­té » ?

      Répondre
  • Pierre

    Je reviens au titre de « l’oeuvre » qui fait sor­tir notre ami Gérard de ses gonds : « Impérieuse rumeur ».
    – « rumeur » : infor­ma­tion qui cir­cule mais qui ne s’a­vère pas fondée.
    – « impé­rieux » : qui com­mande, fait preuve d’autorité.

    Ce titre me rap­pelle un conte d’Andersen : « Les habits neufs de l’Empereur » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Habits_neufs_de_l%27empereur). Quand les ministres du roi et tous ses cour­ti­sans font cou­rir le bruit que le roi est riche­ment habillé alors qu’en fait il se pro­mène à poil dans la rue, ils y par­viennent du seul fait de leur auto­ri­té sur le reste de la popu­la­tion. Et il faut que s’é­lève une voix d’en­fant pour que cesse enfin la super­che­rie. Il n’empêche que le temps est long, très long, pen­dant lequel les gens se laissent ain­si ber­ner. Non seule­ment on se fout de leur gueule mais le fait même qu’ils le sup­portent aus­si long­temps me per­met de pen­ser qu’ils se foutent de leur propre gueule.

    Je ne crois pas en effet qu’il soit hon­nête de dire : « ma femme ou mon mari me trompe ». Je pense en revanche qu’il l’est de recon­naître : « je me suis trom­pé tout seul, comme un grand, sans l’aide de per­sonne, quand je l’ai épousé(e) ».

    Je ne suis donc pas d’ac­cord avec toi, Gé, quand tu écris : « Nous », enfin plu­tôt eux. 

    Il est sain de dire que deux cageots label­li­sés « oeuvre d’art » par la Ville de Marseille relèvent du fou­tage de gueule. Mais je ne m’en contente pas. Tel l’en­fant dans la foule (dans le conte d’Andersen), « nous » devons affir­mer haut et fort que le « mar­ché de l’art contem­po­rain » dans son ensemble est un mar­ché de dupes et qu’il N’est QUE cela. 

    Or il y a du bou­lot ! Quand j’ap­prends ce matin que « le mar­ché de l’art contem­po­rain dans le monde a pro­gres­sé de 15% en 2012/​2013 » (http://​www​.afp​.com/​f​r​/​n​o​d​e​/​1111005), je me dis qu’il est inté­res­sant de voir ce qui « marche » durant les périodes de crises et bien sûr de com­prendre pour­quoi ça marche quand même : la conne­rie, le non-sens, ne connaissent jamais la crise.

    Comprenne qui peut… mais je ne vois que celui qui n’est pas réso­lu à se foutre de sa propre gueule.

    Répondre
  • Jef de Cognac

    On dit que l’argent ‑trans­mué en « oeuvre »- n’a pas d’o­deur. L’auteure (! ?) démontre le contraire : elle a lâché une caisse, ben ça pue.
    Mettons-la donc en boîte, si nous ne vou­lons pas être les cocus de l’art moderne. S’il s’a­git d’art ?

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Translate »