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« Les Juifs » selon Pierre Desproges, un fossé de vingt ans avec Dieudonné

Desproges: "On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle?" "On ne m'ôtera pas de l'idée que, pendant la dernière guerre mondiale de nombreux Juifs ont eu une attitude carrément hostile à l'égard du régime nazi."

Quand Pierre Desproges – il y a une vingtaine d'années – s'est commis avec son fameux sketch intitulé "Les Juifs", la France n'en fut nullement retournée. Aujourd’hui que Dieudonné a mis le feu aux poudres, les meutes antisémites se lâchent. Elle déversent des tonnes d'immondices sur Daylimotion qui héberge les sketches de Desproges. Au point que le site a dû fermer le robinet des commentaires.

Que s'est-il passé durant ces deux décennies ? À l'évidence, le contexte a changé. Extension des communautarismes, notamment religieux ; attentats du 11 septembre 2001, guerres d'Afghanistan, du Proche et Moyen Orient ; impasse palestinienne surtout et colonisation israélienne. Autant de faits réels, objectifs, pourtant déniés dans la plupart des débats actuels autour de ces questions. Ce fut encore le cas hier lors de l'émission de Frédéric Taddeï  "Ce soir ou jamais" où, dès le début, le mot "Palestine" déclenchait  hostilité et clivage entre les intervenants.

Certes, Desproges et Dieudonné s’opposent comme le jour et la nuit. Le premier pratique une distanciation humoristique affirmée – à condition toutefois d’adhérer à ses codes et à cette distance ; en quoi le risque existe toujours. L’autre, à l’inverse, barbotte dans l’ambiguïté, joue sans cesse dans ses allers-retours entre le premier et le ixième degré. Quand il ne sombre pas carrément dans l’abjection. Ainsi, dans une telle confusion, son public trouve  assez « à boire et à manger » pour ne pas s’embarrasser d’un quelconque distinguo entre antisionisme et antisémitisme.

Quoi qu'il en soit, et pour mesurer cet écart qui marque pesamment deux époques, revoici donc "Les Juifs" par Pierre Desproges, version vidéo, ou audio.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

12 réflexions sur “<span class="dquo">«</span> Les Juifs » selon Pierre Desproges, un fossé de vingt ans avec Dieudonné

  • Desproges était un humo­riste… Nous assis­tons à une régres­sion des men­ta­li­tés qui à de quoi inquiéter.

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  • faber

    Bien vu, Ponthieu ! « L’affaire Dieudonné », cache misère d’une socié­té de la grosse trouille. Humoriste, vos papiers. À quand le mètre éta­lon de l’hu­mour éta­bli ? Dieudonné, triste rigo­lo ou pas, les lois existent pour condam­ner le racisme. Car à trop vou­loir fer­mer le robi­net, c’est la conduite qui va explo­ser. Et pour­quoi dis­tin­guer anti­sé­mi­tisme et racisme ? L’un serait plus grave, plus spé­cial que l’autre ? Zemour est-il drôle ? Walls est-il mar­rant ? Plantu aura t‑il la médaille de l’humour triste ? Les vannes de Toto, les blagues mala­bar, sont-elles dan­ge­reuses ? Faut-il sup­pri­mer les machines à café, lieux de ras­sem­ble­ment des rigo­los de ser­vice ? Coluche, Desproges, au niouf. Et ça vous fait rire ?

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  • Pierre

    Le mau­vais goût et l’ab­ject ont tou­jours exis­té mais, grâce à YouTube et aux réseaux sociaux, ils ne se cachent plus tout à fait. Ils ont pignon sur rue dès lors que ses sup­por­ters peuvent s’y adon­ner sans mon­trer eux-mêmes leurs visages. Ce qui incite ensuite un direc­teur de salle de spec­tacles à invi­ter tel ou tel sal­tim­banque, ce n’est pas tant l’ap­pré­cia­tion de son talent que le nombre indi­quant le nombre de fois ou tel ou tel de ses spec­tacles a été vision­né sur la toile. Si l’hu­mour s’est « décom­plexé », comme on peut le dire de la droite, c’est que ce qui chauffe désor­mais la salle (de spec­tacle), c’est inter­net. Les sup­por­ters de Dieudonné ont beau jeu de se récla­mer de la démo­cra­tie quand leur idole est cen­su­rée, au pré­texte qu’ils font NOMBRE. « Que s’est-il pas­sé durant ces deux décen­nies ? », demande Gérard. la loi n’est plus qu’une affaire de nombre, la démo­cra­tie est deve­nue celle du son­dage, l’art et la culture, celle du chiffre (d’af­faires). L’ère Dieudonné sonne la vic­toire de « l’o­pi­nion » (pri­maire et de masse) en lieu et place de la cri­tique (sin­gu­lière et dis­tan­ciée) que sym­bo­li­sait Desproges. L’opposition Vals /​ Dieudonné, ce n’est que du com­bat de coqs, du Spectacle (avec la majus­cule que Debord pre­nait la pré­cau­tion de mettre au mot). L’essentiel, comme tou­jours, se joue là où ne s’a­ven­ture pas le spec­ta­teur : en cou­lisses. Il est bien beau de se réjouir qu’a­vec inter­net, tout le monde peut don­ner son avis sur tout, il faut juste se sou­ve­nir que « tout se paie ». Et que c’est ce qui, au pre­mier abord, a un par­fum de gra­tui­té se paie au prix le plus éle­vé : l’ab­jec­tion et la barbarie.
    Dans tout ça, on aurait presque envie de plaindre Dieudonné. L’annulation de ses spec­tacles le met dans la panade finan­cière quand Youtube, qui a assu­ré son suc­cès pour avoir dif­fu­sé ses salo­pe­ries, court tou­jours. On n’est d’ailleurs pas prêt de l’ar­rê­ter. On n’ar­rête jamais le progrès.

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  • Dominique Dréan

    On peut obser­ver et réprou­ver le com­por­te­ment d’Israél sans tom­ber dans l’an­ti­sé­mi­tisme. On sait que bon nombre d’Israéliens par­tagent cette appré­cia­tion, et la mort du père la colo­ni­sa­tion nous donne l’oc­ca­sion de les entendre à nouveau.
    Par contre, je ne pense pas que les grou­pies de bala bala voient dans les juifs autre­chose que des opres­seurs, comme ça,d’une façon peu docu­men­tée. Par com­mu­nau­ta­risme pour cer­tains ou par ana­lo­gie pour d’autre, une révolte anti sys­tème qui n’est pas sans fon­de­ment en France.
    Le fait que Desproges puisse faire la courte échelle à des com­men­taires racistes est une évi­dence très inquié­tante. Un manque d’é­du­ca­tion élé­men­taire rend tout humour, mais aus­si tout dia­logue impos­sibles. Je ne vois pas bien com­ment on peut rat­trap­per ça. Le FN va s’en charger.

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  • faber

    je reviens vers vous, comme disent les com­mu­ni­cants. À 20 ans de dis­tance, l’hu­mour de second degré, accep­table et intel­li­gent aurait donc dis­pa­ru ? le cer­veau serait deve­nu cer­velle ? En vingt ans, la Poste a tra­cé des lignes jaunes à ne pas dépas­ser, les banques idem, les camé­ras ont fleu­ri, les radars (je suis pas contre) tentent de conte­nir les enra­gés, faut prendre un ticket pour ache­ter sa vian­dasse chez le bou­cher, le pre­mier qui dit Palestinien est cuit… la liste est longue du fli­cage. la liste de la peur sur­tout. Rasez les murs, on s’oc­cupe du reste, disent les gou­ver­nants. Quel cou­rage faut-il pour dire un mot aimable à une cais­sière sans pas­ser pour un emmer­deur. Quand j’en­tends le terme du « vivre ensemble », du « pla­fond de verre » et autre merde, je file au fond du jar­din cau­ser avec mes poules. La ban­quise font-elle plus vite que la libre parole ? Tout celà pour dire que le Dieudonné a le droit de la rame­ner. Quand les poli­tiques dégueulent, cha­cun peut vomir. Quand à la télé on fait le concours de la vul­ga­ri­té, Dieudonné peut gagner certes. Et encore, c’est pas sûr. Allez, je reprends la lec­ture des blagues de comp­toir, jusque là ce n’est pas interdit.

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  • Liberté

    Desproges savait manier le second degré, ce que ne savent pas faire les humo­ristes actuels, sauf exception.

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  • marila

    Daniboum paye ces impôt en France, pour que nous les chô­meur allons voir Dieudonne en spec­tacle, et que lui dieu­donne reverse ces impôt en Afrique, Maroc, Tunisie, Suisse. DaniBoom finance Dieudonne??? C’est a mou­rir de rire Non?!!!! :-))))) c’est cool la France. Vive la France.

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  • CUNY

    15 jan­vier 2015 – 20H05 

    « Tueries à Paris : « des res­ca­pés » (1) de la Shoah craignent « une répé­ti­tion de l’Histoire »

    AFP : La police fran­çaise enquête sur la scène du crime de l’hy­per cacher à Paris le 9 jan­vier 2014

    « Ida, Marceline, Sarah, Henri, Charles et Victor, dépor­tés enfants, témoignent de l’en­fer des camps dans un livre et, après la tue­rie de l’Hyper Cacher, mettent en garde : « La Shoah n’a pas vac­ci­né le monde. Il faut extir­per la bête immonde qui ressurgit. »

    Source : http://​www​.fran​ce24​.com/​f​r​/​20150115​-​t​u​e​r​i​e​s​-​a​-​p​a​r​i​s​-​r​e​s​c​a​p​e​s​-​s​h​o​a​h​-​c​r​a​i​g​n​e​n​t​-​u​n​e​-​r​e​p​e​t​i​t​i​o​n​-​l​h​i​s​t​o​i​re/

    (1) :Note : la mise entre guille­mets « des res­ca­pés » est du contri­bu­teur, et ce, d’au­tant plus que l’ar­ticle A« F« P dans « F » 24 com­porte le para­graphe sui­vant appa­rem­ment contradictoire :

    « Nous sommes très inquiets. On craint une répé­ti­tion de l’his­toire après ce qui vient de se pas­ser à Paris », réagit Henri Borlant, 87 ans, seul sur­vi­vant des 6.000 enfants juifs de France de moins de 16 ans dépor­tés à Auschwitz en 1942. « C’est arri­vé, ça peut arri­ver encore », pour­suit ce méde­cin à la retraite citant l’é­cri­vain ita­lien Primo Levi, lui aus­si res­ca­pé des camps ».

    TOUS ENSEMBLE, IL EST TEMPS DE PLAIDER HAUT ET FORT : « SHOAH » DES JUIFS EUROPÉENS, FRANÇAIS EN PARTICULIER, NOUS, CITOYENS FRANÇAIS QUI N’AVONS JAMAIS ÉTÉ NAZIS, DE LA GÉNÉRATION « DES HEURES LES PLUS SOMBRES » ET, À FORTIORI AUX GÉNÉRATIONS ACTUELLES, NOUS PLAIDONS COLLECTIVEMENT : NON COUPABLES DEVANT UNE JURIDICTION D’UN VÉRITABLE ÉTAT DE DROIT !!!…

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    • Quelle contra­dic­tion ? Celle des guille­mets entre « res­ca­pés » et le témoi­gnage ? Mais d’où viennent ces guille­mets ? de Vous ? Et pour­quoi dans ce cas ?
      Quelle culpabilité ?
      Des expli­ca­tions paraissent s’im­po­ser pour main­te­nir la publi­ca­tion de votre commentaire.

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      • CUNY

        vous savez lire ?…

        Note : la mise entre guille­mets « des res­ca­pés » est du contri­bu­teur, et ce, d’autant plus que l’article A« F« P dans « F » 24 com­porte le para­graphe sui­vant appa­rem­ment contradictoire :

        « Ida, Mar­ce­line, Sarah, Henri, Charles et Vic­tor », sans noms, en contra­dic­tion avec :

        « Nous sommes très inquiets. On craint une répé­ti­tion de l’histoire après ce qui vient de se pas­ser à Paris », réagit Henri Bor­lant, 87 ans, seul sur­vi­vant des 6.000 enfants juifs de France de moins de 16 ans dépor­tés à Ausch­witz en 1942. « C’est arri­vé, ça peut arri­ver encore », pour­suit ce méde­cin à la retraite citant l’écrivain ita­lien Primo Levi, lui aus­si res­capé des camps ».

        SORTEZ DONC DE L’ENTREPRISE DE CULPABILISATION MÉDIATIQUE, PSEUDO HISTORIQUE ET CULTURELLE, DES CITOYENS FRANÇAIS DE TOUTES GÉNÉRATIONS, ORIGINES, CONDITIONS SOCIALES, CONFESSIONS, RELIGIEUSES ET ATHÉE….

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  • Gaby

    Que l’a­théisme soit une confes­sion me semble paradoxal.

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    • À moi itou, sinon un non-sens. Mais recon­nais­sons qu’il y a des curés de la laï­ci­té et aus­si de l’a­théisme, pro­sé­lytes d’un genre spé­cial, mais quand même…

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