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Solidarité. Le politicien, le patron… et le boulanger

[dropcap]Tel[/dropcap] politicien se sert dans la gamelle commune de "sa" ville, Saint-Quentin : Xavier Bertrand s'octroie une augmentation de salaire de 4.000 euros. Tel cowboy d'entreprise, ayant redressé les comptes d'icelle moyennant l’un des plus gros plans sociaux des dernières années : président du directoire de Peugeot-Citroën, Carlos Tavares, a gagné 5,24 millions d'euros en 2015, soit près du double de l'année précédente.

Une telle indécence, c'est la "nuée qui porte l'orage" : Jaurès, au secours ! Au secours Orwell, opposant à cette goinfrerie névrotique des possédants ce qu'il appelait la décence commune. Au secours Montaigne qui, au XVIe siècle déjà, alertait en ces termes :

« J'ai vu en mon temps cent artisans, cent laboureurs, plus sages et plus heureux que des recteurs de l'université : c'est aux premiers que j'aimerais mieux ressembler […] Il ne faut guère plus de fonctions, de règles et de lois pour vivre dans notre communauté [humaine] qu'il n'en faut eux grues et aux fourmis dans la leur. Et bien qu'elles en aient moins, nous voyons que, sans instruction, elles s'y conduisent très sagement. Si l'homme était sage, il estimerait véritablement chaque chose selon qu'elle serait la plus utile et la plus appropriée à sa vie. » [Les Essais, II, 12 Apologie de Raymond Sebon, Gallimard].

Illustration en ce XXIe siècle, avec cet échantillon précieux de solidarité humaine. Oui, cent fois, j'aimerais mieux être ce boulanger que l'un ou l'autre de ces vampires inassouvis !

A Dole, dans le Jura, un artisan boulanger a décidé de céder son entreprise au sans-abri qui lui a sauvé la vie après une intoxication au monoxyde de carbone fin 2015. Depuis plus de trois mois, Michel Flamant, boulanger de 62 ans, apprend le métier à Jérôme, sans-abri de 37 ans.

Épilogue malheureux de l'histoire…

La belle histoire du boulanger de Dole ne connaîtra pas de fin heureuse. "Je l'ai viré", explique sans ambages Michel Flamant, confirmant une information du journal Le Progrès. "Il a été très très malpoli avec une journaliste", ajoute le boulanger, faisant état de propos insultants et misogynes.

Le boulanger a mis un terme au contrat après que son employé eut, au téléphone, traité une journaliste de "putain". "Une fois qu'il a raccroché, je lui ai expliqué que l'on ne parle pas comme ça à une femme. Il a commencé à s'en prendre à moi, à m'insulter, alors je lui ai dit de prendre sa valise", raconte Michel Flamant.

"Il était saoul comme un cochon et il avait fumé. Il m'a expliqué que la pression des journalistes était trop forte. Mais ça n'excuse pas tout, et je l'avais déjà mis en garde", ajoute le boulanger.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

7 réflexions sur “Solidarité. Le politicien, le patron… et le boulanger

  • Gérard Bérilley

    C’est tou­jours un bon­heur de voir Montaigne cité, et quelle belle his­toire de soli­da­ri­té ! Bravo pour cet article.

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  • Bravo, Gérard, c’est envoyé. Oui, après lec­ture, j’aime le bon bou­lan­ger comme du bon pain.

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  • Tant qu’il y aura des com­por­te­ments de pillage et que ces actes seront accep­tés, voire encou­ra­gés par nos « diri­geants », il leur fau­dra feindre l’étonnement à chaque acte ter­ro­riste. Ce que fait l’innommable sus-cité est un acte de ter­ro­risme par la prise en otage du bon­heur et du confort des autres êtres humains…

    5,24 mil­lions d’euros repré­sentent presque 300 ans de SMIC Brut.
    5,24 mil­lions d’euros repré­sentent plus de 800 ans de RSA.

    « Je dési­re­rais seule­ment qu’on me fît com­prendre com­ment il se peut que tant d’hommes, tant de villes, tant de nations sup­portent quel­que­fois tout d’un tyran seul, qui n’a de puis­sance que celle qu’on lui donne, qui n’a pou­voir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer et qui ne pour­rait leur faire aucun mal, s’ils n’aimaient mieux tout souf­frir de lui, que de le contredire . »

    Discoursde la ser­vi­tude volon­taire – Étienne de La Boétie

    La suite : http://​www​.sin​gu​lier​.eu/​t​e​x​t​e​s​/​r​e​f​e​r​e​n​c​e​/​t​e​x​t​e​/​p​d​f​/​s​e​r​v​i​t​u​d​e​.​pdf

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  • La « mariée » était trop belle et la fable a fini en rup­ture… C’était peut-être un peu Montaigne, mais assu­ré­ment pas La Boétie…

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    • Gérard Bérilley

      Vu un repor­tage sur ce fait aujourd’­hui sur FR3. Il y est dit autre chose. Michel le bou­lan­ger aurait trou­vé Jérôme l’ex et tou­jours SDF dans son four­nil ou sa bou­lan­ge­rie avec plu­sieurs autres SDF, tous buvant de l’al­cool, etc. Sur les remarques du bou­lan­ger, Jérôme se serait empor­té, et Michel a mis fin à son contrat de confiance avec lui. Ce qui montre une fois de plus que rien n’est simple, qu’il ne suf­fit pas de bons sen­ti­ments pour sor­tir quel­qu’un de la galère. Je crois pour ma part qu’il est très dif­fi­cile à quel­qu’un qui a vécu en SDF des années durant d’as­su­mer sou­dai­ne­ment les res­pon­sa­bi­li­tés néces­saires, essen­tielles, à une vie de pro­fes­sion­nel, d’ar­ti­san en l’oc­cur­rence. C’est comme pour arrê­ter de fumer, c’est rare­ment au pre­mier essai que l’on y arrive. Tout tra­vailleur social sait à quel point il est dif­fi­cile de reprendre pied dans cette socié­té. Peut-être y aura-t-il une suite, un jour, favo­rable à cette his­toire très belle quand même ?

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  • lordeon

    L’homme est une drôle de bête !

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