Ciao Siné ! Il n’a pas voulu finir aux Invalides, ni au Panthéon…
Siné, exit. Déjà, faut être con pour mourir, lui qui aurait préféré crever. Faut être encore plus con, dans son cas, pour caner le matin de l’Ascension. À moins qu’il ait opté in fine pour la ligne directe. Enfin, c’est son affaire. On ne sait quand auront lieu ses obsèques nationales. Plutôt que les Invalides ou le Panthéon, il s’était réservé un coin à Montmartre – à quel cimetière (celui du haut ou l’autre sous le pont Caulaincourt) ? Il y aura une fanfare au moins, comme à la Nouvelle-Orléans ? Une fanfare de jazz, espérons, lui qui en était. Oui, l‘anar aimait Nina Simone, Ray Charles, Dizzy Gillespie, Count Basie, Billie Holiday… le free aussi, Coltrane, Pharoah Sanders, Archie Shepp… Il était aussi du bastringue gauchiste ; s’était fait embobiner par Castro, mais avait vite compris et en était revenu ; avait fréquenté Malcom X dont il disait qu’il n’était ni croyant ni musulman[ref]Dans un intéressant entretien avec Julien Le Gros dans “The Dissident” (http://the-dissident.eu/8126/sine-jattends-toujours-la-revolution/), il précisait que Malcom X a été tué alors qu’il s’apprêtait à faire son coming out sur ce point…[/ref] ; son grand pote Cavanna, il le trouvait trop non-violent ; sauf pour ce qui était de bouffer du curé, tous cultes confondus – c’était son sport favori, à égalité avec l’anti-militarisme ; de quoi orienter toute une vie de dessineu-grande-gueule au coup de crayon assassin ; de quoi en lancer des anathèmes définitifs, et des “font chier”, et des doigts d’honneur grand comme des cactus géants, de celui en bronze qui va désormais monter la garde sur ses cendres. Ciao Siné !
C’est moi ou bien ça dégage sec cette année ?
Une bonne année pour la grande faucheuse. Faire gaffe, compter et recompter ses abattis. Même si ça ne change rien au nécessaire Carpe diem du vieil Horace (mort lui aussi ;-))
Oui, caner le jour de l’Ascension, c’est un vraiment un “sacré” chemin que celui de Siné. Que Saint-Pierre se méfie. Sa clé ne vaut rien au regard de la clé des champs brandie doigt debout par l’organisateur perpétuel de charivaris qui ont foutu mal à la tête à de nombreux bien-pensants. Le prolo-artiste n’a jamais oublié d’où il venait. Où allait-il avec sa provocation “Faut que ça cogne” permanente ? Sur le chemin de la réflexion, avec transport par l’humour, la dérision, la tristesse parfois de nos conditions. Mais pour se marrer, toujours, simplement. Ni plus ni moins la plupart du temps. Suffisant ? Oui car ce nerf de vie n’est autre qu’un de ceux qui nous font vivre. Et Chat va continuer longtemps.
Bel hommage ! Merci pour lui…
Dans son billet du matin, Daniel Schneidermann (Arrêt sur images) déplore gravement que Pujadas et F2, en leurs oeuvres du JT, aient ignoré la mort de Siné. En effet. Et je me joins à cette crasserie selon laquelle Siné n’est pas mort, même qu’il n’a jamais existé. Et Schneidermann de conclure : “Ce silence officiel, de Hollande à Pujadas en passant par le ministère de la Culture, c’est sa plus belle médaille.”