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L’abattoir, lieu insoutenable, limite de l’humanité

Accrochez-vous ! Les images ci-dessous sont du genre insoutenable. Par delà, ce qui l’est encore plus, insoutenable, c’est le calvaire subi en permanence, dans le monde, par des milliards d’animaux. L’hominidé s’étant décrété comme « supérieur » – probablement depuis qu’il a prétendu « penser », ce qui est somme toute bien récent à l’échelle de l’évolution –, il n’a eu de cesse d’exploiter les animaux. Et cela, d’ailleurs, dans un sens si large, qu’il s’est aussi autorisé à exploiter ses semblables, jusqu’à les torturer, dans le travail notamment et, tant qu’à faire, jusqu’à les exterminer.

logo-L214-100pxLa vidéo ci-dessus est due à l’association de défense des animaux L214 

L’abattoir d’Alès (Gard) fait l’objet d’une enquête et a été provisoirement fermé. 20 000 porcs, 40 000 ovins et 6 000 bovins y sont mal-traités chaque année. À multiplier par le nombre de mouroirs semblables en France, en Europe, partout dans le monde.

L’homme, donc, considéré comme espèce supérieure, même si, trop souvent, il ne vole pas bien haut. De là, ce qu’on appelle le spécisme. Ce concept inclut aussi le fait que, même parmi les animaux, certains sont plus respectables que d’autres. C’est évidemment le cas des animaux de compagnie et des animaux domestiques ; parmi ces derniers, les animaux d’élevage font l’objet de traitements plus ou moins dégradants, selon le niveau de « rendement » qu’ils représentent : force motrice, marchandise de loisirs (chevaux),  ou/et de consommation, cobayes de laboratoires, objet sacrificiel. Reste, de toutes façons, la question de leur mort et de leur élimination, question qui rejoint trop souvent la « solution finale ».

Car « tout se tient » ici encore. Cause ou conséquence de l’éhontée domination humaine – variante du colonialisme –, le spécisme se décline en racisme tout autant qu’en sexisme. Supériorité d’une « race » sur une autre, d’un sexe sur l’autre.

Cette affaire des abattoirs dépasse celle du végétarisme ou du végétalisme. Ne pas manger de viande, ou pas même aucun produit ou sous-produit d’origine animale, cela peut se discuter sous de multiples aspects (moraux, religieux, économiques, écologiques, biologiques, sanitaires, etc.) Mais, quoi qu’il en soit, la manière dont l’animal humain (je reprends cette expression due à Wilhelm Reich ; elle renvoie l’homme à sa double composante et le remet à sa juste place) traite les autres animaux, notamment dans la mort, m’apparaît comme fondamentale dans le processus d’humanisation.

De ce point de vue, on peut considérer qu’il y a continuité – sans exclure des variations historiques dans l’ordre du progrès ou de la régression – entre l’hominidé chasseur-pêcheur, carnivore ; le chasseur viandard actuel ; l’aficionado des corridas ; le violent social ou criminel ; le guerrier sanguinaire ; le bourreau nazi ; l’halluciné fanatique. Liste non exclusive !

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

8 réflexions sur “L’abattoir, lieu insoutenable, limite de l’humanité

  • faber

    À table ! Ajourd’hui, c’est légume !

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  • Marine

    Je com­prends pas com­ment t’es pas encore végé­ta­rien ! Un bon exer­cice serait de man­ger la viande qu’on est capable d’é­le­ver puis de tuer. Et puis si on n’est pas capable, ben on n’en mange pas, et c’est tant mieux ! Bon, le pro­blème évi­dem­ment serait que les per­sonnes à ten­dances sadiques se gaveraient…

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    • On s’ar­range avec ses contra­dic­tions… même si elles sont rela­tives : à part le pou­let du same­di (« la poule au pot » du « bon roi Henri »), et quelques ron­delles de cho­ris­so… je ne mange guère de bar­bac. À noter que le pois­son aus­si, c’est de la viande ; même si on ne l’en­tend pas crier dans les filets ou au bout de l’ha­me­çon du pêcheur.

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      • Oui pas facile… J’aime viande pois­son légumes…
        Il m’est arri­vé de tuer pou­lets, pigeons, une fois des che­vreaux (là, pas facile) et même de chas­ser un peu. C’est une (bonne ?) expé­rience. On sait ce que cela fait et ce qu’il se passe au moment.
        Rien à voir avec ce passe dans cet abat­toir-là, est impos­sible à supporter.
        Certes il a eu une dérive due à l’abattage Halal : une seule façon de tuer, la plus conne, la plus dou­lou­reuse (nor­mal reli­gieuse), la plus éco­no­mique et la plus favo­rable quant à l’électorat.
        Dans un pays laïc c’est inad­mis­sible, irres­pon­sable et crapuleux !!!!
        Il est cepen­dant bon de noter que l’a­bat­tage reli­gieux ne s’applique pas aux cochons qui dégustent tout autant.
        Il y a par consé­quent une grave négli­gence de la part des diri­geants de cet infâme abattoir.
        Le silence des employés, crai­gnant la perte de leurs emplois, est signi­fi­ca­tif d’une forme de tota­li­ta­risme et de chan­tage à l’embauche bien implan­té dans notre pays. La rose s’est un peu fanée…

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  • Gian

    L214 ne dit pas dans quelle mesure ces égor­ge­ments sont dûment pré­co­ni­sés pour satis­faire le mar­ché halal, d’im­por­tance vers Alès (et ailleurs). Alès, ber­ceau du CRAC, Comité radi­ca­le­ment anti-cor­ri­da, dont le porte-parole, Garrigues, ne va pas tar­der à faire de cette his­toire ses choux gras… Cela dit, le besoin – la pul­sion – car­ni­vore, n’est-elle pas consub­stan­tielle de la com­pé­ti­tion, du pro­fit, de la conquête, de la domi­nance, de l’emprise sur autrui ? Et com­ment sur­vivre en étant végé­ta­rien-her­bi­vore au milieu de hordes carnassières ?

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    • Je crois savoir que le halal devient la norme dans pas mal d’a­bat­toirs, cela afin d’é­vi­ter de créer deux chaînes d’a­bat­tage. On égorge donc à vif, sans autre dis­cer­ne­ment. Le pro­fit par le ren­de­ment avant tout !
      Certes, com­ment s’a­dap­ter (être le plus apte, selon Darwin) en étant végé­ta­rien par­mi les car­nas­siers ?… Les che­vaux sont végé­ta­riens ; les vaches aus­si (hors farines ani­males, comme pour les pois­sons). Manger des hari­cots, ça assure les apports en pro­téines, mais les relâ­che­ments en méthane aggravent l’ef­fet de serre ! On est mal, et même dans la merde.

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  • Gérard Bérilley

    Effectivement, ce repor­tage est insou­te­nable, mais plus encore la réa­li­té qu’il met en évi­dence. J’en ai vu une par­tie hier midi, dif­fu­sée dans le jour­nal de FR3, dans l’é­di­tion des régions.
    Une remarque tou­te­fois Gérard quant à votre commentaire :
    Je ne suis pas sûr du tout qu’il y ait conti­nui­té entre « l’ho­mi­ni­dé chas­seur-pêcheur » et les hor­reurs que l’on voit ici. Au paléo­li­thique, comme dans les socié­tés tra­di­tion­nelles dites pri­mi­tives vivant de la chasse, l’a­ni­mal est objet de res­pect, et s’il est tué ce n’est pas par cruau­té. C’est au néo­li­thique, avec l’in­ven­tion de l’a­gri­cul­ture et ensuite dans la socié­té indus­trielle que le rap­port à l’a­ni­mal change du tout au tout. Il est cer­tain qu’il y a un rap­port entre com­ment nous nous com­por­tons avec les autres ani­maux et com­ment nous nous com­por­tons avec les autres ani­maux humains. Ce que j’es­saie d’ex­pri­mer ici est très bien mon­tré dans deux films admi­rables, mer­veilleux : Danse avec les Loups de Kevin Costner et Derzou Ouzala d’Akira Kurosawa. Lieutenant Dunbar et les Sioux, Derzou Ouzala, ont un rap­port juste avec les ani­maux et les autres hommes, même incon­nus, et pour­tant ce sont des chas­seurs (Lieutenant Dunbar le devient en aidant les Sioux à chas­ser les bisons dont ils ont besoin pour pas­ser l’hi­ver). A contra­rio, dans Danse avec les Loups, les sol­dats amé­ri­cains sont des brutes abso­lues. Pour mas­sa­crer, faire dis­pa­raître la civi­li­sa­tion des Indiens des Plaines, Buffalo Bill a mas­sa­cré les bisons.
    Robert Hainard (dont j’ai déjà par­lé dans un com­men­taire sur votre blog) a écrit des pages de pre­mier ordre sur le nar­cis­sisme d’es­pèce de l’homme qui lui fait se dire supé­rieur au reste du monde ani­mal. C’est à lui, qui se disait être un homme du paléo­li­thique (il était frère en art des peintres de Lascaux), que je dois ma pen­sée expri­mée ci-dessus.

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    • Oui, bien d’ac­cord ! Je disais « conti­nui­té » en pesant « dans la dégra­da­tion du rap­port homme-ani­mal ». Merci pour cette belle mise au point, avec ses réfé­rences. À pro­pos de Buffalo Bill, je me suis ren­du il y a quelques mois à Cody (Wyoming), « sa » ville. Un musée lui est consa­cré, nul­le­ment à sa gloire – du moins qui veut bien voir les choses en dehors de ses croyances. J’ai racon­té ça sur ce même blog (taper « buf­fa­lo » dans la case de recherche). Je ne connais pas Robert Hainard ; mer­ci d’ai­gui­ser ma curiosité !

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