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Airbus d’Air France. La vraie cause du crash : le Progrès

On appelle ça  « le progrès » que, paraît-il, on n’arrête pas. Sauf quand il s’arrête tout seul. Quand l’homo erectus a prétendu  marcher debout, il a appris en même temps à se casser la gueule. Puis à se redresser et à tirer parti de l’expérience, à faire attention à la réalité du terrain, à l’endroit où il mettait les pieds. Puis il s’est mis à courir ; sans doute pour aller plus vite… Il a ainsi découvert le « plus », ce carburant de l’homo sapiens qui, aujourd’hui encore, demeure l’objectif des humains pressés – jusqu’aux plus pressés, ces « speedés » de l’activité économique et politique. Comme si le « sapiens » ne pensait qu’à courir, sans trop savoir après quoi, sans donc vraiment penser. Sauf quelques philosophes, qui ont fait métier de la sagesse et savent la vanité de l’agitation liée au « progrès ». Ainsi notre Montaigne, rappelant que « philosopher c’est apprendre à mourir », ce qui revient à apprendre à vivre.

Mais le « sapiens » n’en veut trop rien savoir. Il a donc  domestiqué le cheval et apprivoisé le vent marin, inventé le vélo (dont l’étymologie vient de vitesse), puis le moteur et tout ce qui s’ensuit de vélomoteurs, motocyclettes, automobiles, locomotives… Puis vint l’avion dont le rêve semble vieux comme celui de l’homo qui prétend penser. Vieux comme le mythe grec par lequel nous avons été dûment alertés : en voulant trop se rapprocher du soleil, Icare s’est brûlé les ailes. Et s’est cassé la gueule.

C’est compris dans le tarif du billet : prendre l’avion, revient toujours à tutoyer l’aventure d’Icare. C’est pourquoi voler, même dans les plus « sûrs » avions du monde, demeure une aventure. Une histoire jamais banale, tant le retour à la terre ferme tient toujours d’un miracle. Miracle banalisé, certes. Mais quand il ne se renouvelle pas, lorsqu’il rejoint probabilités et statistiques, c’est tout le rêve de la modernité qui s’écrase dans le drame.

La modernité s’est alliée à la vitesse et à l’élévation. Plus vite plus haut. Comme en politique, par exemple, où l’on tombe parfois sur le cul. Quand le sapiens-sapiens (double dose) a inventé le chemin de fer, il a en même temps inventé le déraillement. De même pour la voiture et les accidents : 4 000 morts et quelques par an, rien qu’en France ! En inventant l’avion on a aussi inventé le crash. Paul Virilio dit ça en mieux. Le vol AF 447 le rappelle à sa manière. Le jour même où un Airbus 380 (entre 550 et 850 places) flambant neuf allait prendre son envol commercial à Roissy. Le progrès.

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Une réflexion sur “Airbus d’Air France. La vraie cause du crash : le Progrès

  • Accuser le progrés ne me semble pas très raisonnable, mon cher Gérard, sauf égard à nos grands âges… Quant à la modernité elle n’a jamais rêvé de sécurité absolue, sinon Rahan n’aurait jamais disputé son territoire au Tigre à dents de sabre, et Armstrong -celui que tu veux- ne serait pas dans la lune. Ce sont les journalistes qui nous gavent de leurs utopies imbéciles en oubliant les 20 Airbus A330 qui s’ecrasent chaque année sur les routes de France. J’aime ton “tutoiement de l’aventure d’Icare”.

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