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Alerte radioactive à Tricastin : niveau de com’ maximum

Tricastin, ses quatre réacteurs, ses Trois-Châteaux, ses deux tours d’évaporation (Eurodif, enrichissement de l’uranium) et la Socatri, filiale d’Areva dont une cuve d’effluents radioactifs a débordé jeudi ou vendredi, on ne sait trop… Incident ou accident ? Les « autorités » pèsent les mots au trébuchet de la com’. Surtout les mots. Car pour l’uranium échappé dans la nature, il y faudrait une bascule : 360 kilos d’uranium, ensuite ramenés à 75, le tout dilué dans 30 m3, ou bien 6… Bref, ça ne fait jamais que 12 grammes par litre, trois fois rien pour ainsi dire – on ne va pas chipoter et en faire un fromage. D’ailleurs il n’y a rien à redouter pour la santé des riverains, claironnent les autorités qui, sans craindre la contradiction, interdisent localement la consommation d’eau et l’arrosage, la pêche, la consommation de poisson et la baignade ! Cet incident tombe d'autant plus mal qu'il coïncide avec l'annonce par Sarkozy de la construction en France d'un deuxième réacteur EPR.

L’affaire est tellement minorée qu’elle a été classée (autoclassée) par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au niveau 1 de l’échelle dite « Ines », la Richter du nucléaire qui va de 0 (tout baigne) à 7 (Tchernobyl). Mais à y regarder de près, concernant le dysfonctionnement de Tricastin, l’échelle devrait plutôt indiquer le niveau 3, voire 4. Voyons les critères correspondant :
– niveau 3 > « Très faible rejet : exposition du public représentant une fraction des limites prescrites »
– niveau 4 > « Rejet mineur : exposition du public de l’ordre des limites prescrites »

Autre bizarrerie, relevée par la Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité, basée à Valence dans la Drôme, aux premières loges), les contradictions entre les heures avancées pour dater l’événement : lundi vers 23 heures, selon l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), ou mardi matin à 6 heures 30, selon les préfectures de la Drôme et du Vaucluse ? Cafouillages ou embarras conduisant à allonger les délais d’alerte d’une douzaine d’heures !

politis_1010.1215677286.jpgLa même Criirad relève aussi l’astuce de com’ consistant à utiliser « l’unité de masse au lieu de l’unité de mesure de l’activité (le becquerel) », ce qui « ne rend pas compte de l’ampleur de la fuite. » […] « qui a conduit à un rejet dans l’environnement plus de 100 fois supérieur à la limite annuelle. »

« Il est utile, ajoute le communiqué de la Criirad, de comparer le rejet accidentel aux limites annuelles que doit respecter la Socatri. »

Hier mercredi, la com’ des autorités portait sur des chiffres à la baisse. Le rejet ne serait plus de 360 kg mais de 75 kg. Sur la base de ces nouvelles données (qui restent à préciser), la Criirad conclut :

« 1/ que le rejet a dépassé d’un facteur 27 ( !) la limite maximale annuelle […] ;

« 2/ que le rejet, effectué sur quelques heures, a dépassé d’un facteur 161 ( !) la limite maximale mensuelle.

« Les commentaires sur le dépassement de la limite d’activité volumique restent inchangés : la limite réglementaire a été pulvérisée : concentration de plus de 300 000 Bq/l pour une limite maximale de 50 Bq/l. »

Notons que parmi les quotidiens régionaux, seuls Midi Libre et Vaucluse matin ont fait leur manchette de l'événement; la Provence réservant la sienne aux "confidences de Carla Sarkozy", sujet autrement journalistique. Politis, de son côté, n'a pas manqué de flair avec son prochain numéro qui va accompagner la manif des antinucléaires, samedi à Paris.

À consulter : les sites de :

la Criirad

l'Autorité de sûreté nucléaire

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Une réflexion sur “Alerte radioactive à Tricastin : niveau de com’ maximum

  • JONAS

    Copie cour­riel adres­sé à la CRIIRAD :
    Je ne suis pas un spé­cia­liste des cen­trales nucléaires, pas plus qu’un ingé­nieur ou phy­si­cien en la matière. Je me consi­dère comme un appren­ti ayant quelques com­pé­tences en NBC et au niveau des mesures de radio­ac­ti­vi­té et autres pré­lè­ve­ments ; et sur­tout en pré­ven­tion et pro­tec­tion des popu­la­tions. Mon tra­vail de pom­pier et d’inspecteur des APAVES, m’a confron­té à quelques pro­blèmes à l’époque de Tchernobyl et lorsque j’ai assu­ré le contrôle de labo­ra­toires d’expérimentations de type P3, dans des CNRS. N’ayant pas une confiance totale dans l’encadrement et pour cause… ! J’avais ache­té un détec­teur de seuil de la CGR de type DAS, Dasal 235. Je ne dis­po­sais que d’un Dosifilm dont j’avais les résul­tats dif­fé­rés, lorsqu’ils m’étaient com­mu­ni­qués… ! Ayant consta­té de nom­breuses lacunes, je n’ai pas fait long feu à cer­tains postes. Autodidacte, j’ai appro­fon­di mes connais­sances dans de nom­breux domaines. Bien que n’étant plus assu­jet­ti au devoir de réserve, puisque retrai­té, je pré­fère me taire sur la nature de cer­tains dys­fonc­tion­ne­ments et sur les ordres reçus pour les dis­si­mu­ler. En ce qui concerne l’affaire de Tricastin, cette affaire de cuve me paraît digne d’un roman-feuille­ton, tant par les infor­ma­tions fluc­tuantes que nous avons eux, que par le scé­na­rio. Ces mal­adresses sont de natures à induire la sus­pi­cion. C’est la rai­son qui m’a inci­té à prendre des mesures de la radio­ac­ti­vi­té atmo­sphé­rique dans les heures qui ont sui­vi « l’incident », j’en prends tou­te­fois de manière aléa­toire depuis des années, défor­ma­tion pro­fes­sion­nelle peut-être. Il est évident que je le fais dans les règles de l’art, avec des comp­teurs sen­sibles aux miliRems et micoRems, maté­riels basiques mais fiables. Et la sur­prise ! Alors que la radio­ac­ti­vi­té moyenne est de 8 à 9 yRems/​h, elle passe à deux chiffres 13 à 14 yRems/​h ? Je renou­velle en consé­quence mes mesures plu­sieurs fois par jour et là encore sur­prise, des varia­tions signi­fi­ca­tives se pro­duisent en fonc­tion des vents domi­nants et comme par hasard lorsqu’ils viennent de la val­lée du Rhône ! Tricastin se trouve à envi­ron 100 kilo­mètres de mon lieu de rési­dence ! Je ne sais pas si je fan­tasme, mais mes comp­teurs sûre­ment pas ! Mon inquié­tude per­siste, car je ne connais pas la nature des iso­topes reje­tés dans l’atmosphère. Mes modestes connais­sances, me poussent à pen­ser que c’est la ques­tion la plus impor­tante, entre irra­dia­tion natu­relle et radia­tions ioni­santes par des iso­topes arti­fi­ciels, il y a une dif­fé­rence fon­da­men­tale. Ce que je sais c’est que : La fis­sion, ou scis­sion de l’a­tome d’u­ra­nium, ou de plu­to­nium, pro­voque la for­ma­tion de frag­ments de fis­sion et de pro­duits d’ac­ti­va­tion radio­ac­tifs. Ces der­niers causent à leur tour l’io­ni­sa­tion d’a­tomes stables dans les tis­sus et les organes, ceci déclen­chant une chaîne d’é­vé­ne­ments micro­sco­piques qui peuvent éven­tuel­le­ment pro­vo­quer l’ap­pa­ri­tion d’un can­cer fatal. J’espère que vous allez réus­sir à décou­vrir la véri­té et nous tenir infor­mé des résul­tats de votre enquête. Merci par avance.

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