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Algérie. Une douzaine d’emprisonnements pour non observance du ramadan

Pour n’avoir pas observé le jeûne pendant le ramadan, Hocine Hocini, 47 ans, et Salem Fellak, 34 ans, deux ouvriers algériens, originaires d’Ain El Hammam, près de Tizi-Ouzou en Kabylie, ont été jetés en prison ! Selon El Watan du 9 septembre, une dizaine d’autres cas semblables se sont également produits en Kabylie.

Surpris en train de boire de l’eau par des policiers qui ont immédiatement procédé à leur arrestation, auditionnés ensuite par le parquet, ces deux Algériens, dont l’un est de confession chrétienne, incarnent à présent le combat contre la violation des libertés fondamentales en Algérie.

Une chaîne de soutien internationale s’est mobilisée contre leur procès annoncé pour le 8 novembre. Sur Internet, ACOR SOS Racisme, une ONG suisse, vient de lancer un appel de mobilisation, relayé dans de nombreux pays et organisations internationales.

L’Algérie a pourtant ratifié les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme et notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques…

L’intolérance, particulièrement en matière religieuse, demeure une calamité mondiale. Tandis que la tolérance politique, paradoxalement, comme aux Etats-Unis, conduit au délire spectaculaire le pasteur Terry Jones et son groupe intégriste de « brûleurs de Coran », en Floride. Ce fléau est aussi vieux que le monde des croyances exacerbées. On ne citera ici que pour mémoire, la combien emblématique affaire du chevalier de la Barre, ce jeune homme mort dans les plus atroces tortures. Il n’avait pas ôté son chapeau au passage d’une procession religieuse. Ça s’est passé à Abbeville, en 1766 [affaire évoquée ici].

L’an dernier, au Maroc, six jeunes avaient aussi été poursuivis pour refus de pratiquer le ramadan. Et n’oublions pas, bien sûr, la condamnation à mort par lapidation qui pèse toujours sur l’Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, accusée d’adultère.

Dessin de Zino, El Watan, Alger

Le quotidien d’Alger, El Watan, entre autres médias, fait grand bruit de ces affaires. Hassan Moali s’indigne en ces termes : « Ces policiers, à qui, on s’en doute, on a mis la puce à l’oreille, n’ont strictement aucun droit de punir un non- jeûneur. L’islam qui est une religion de tolérance, abstraction faite des comportements odieux de certains zélés, professe avec force «qu’en religion, il n’y a point de contrainte» (La Ikraha Fi Eddine). Un fidèle ou un infidèle n’a de compte à rendre qu’à Dieu et non à un flic ou un autre bras armé de l’État à qui l’on demande de jouer au redresseur des torts. A tort… »

De nombreuses réactions sont publiées sur le site du journal, telles celle-ci, signée « Bled miki » : « Je soutiens tous les non jeûneurs, car moi même je n'ai jamais jeûné de ma vie, je ne suis pratiquant d'aucune religion, j'en ai pas besoin de religion pour être quelqu'un de bien, je considère que je suis meilleur dans la bonté que 95% des musulmans pratiquants, je le vois autour de moi, dans mon travail, y a qu'en mois de ramadan qu'ils arrêtent de mentir et de voler. Je ne suis pas contre aucune religion mais j'ai horreur des hypocrites.

« En tout j'en suis convaincu d'une chose, si vraiment le bon dieu existe donc il devrait être infiniment plus intelligent que nous, j'en suis convaincu que la majorité des gens qui se disent musulmans ne goûteront pas à son paradis tellement ils sont hypocrites, intolérants, méchants..car ils ne font le ramadan et la prière que pour l'image ou juste parce que on leur a promis le paradis ou parce qu'ils ont peur de l'enfer.

« Moi j'ai la conscience tranquille j'aime tous les êtres humains sans distinction aucune.

« J'en ai plus que marre de cette intolérance, j'aspire à vivre chez moi en Kabylie où l'amour régnera en roi ou le respect sera de mise, où on respecte la liberté individuelle et toutes croyances.

« Laisser nous vivre comme on veut chez nous. »

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8 réflexions sur “Algérie. Une douzaine d’emprisonnements pour non observance du ramadan

  • Mali

    Je ne me cache pas der­rière un pseu­do habi­tuel­le­ment, mais le sujet me l’im­pose. Mali, c’est le nom de cette asso­cia­tion qui avait vou­lu orga­ni­ser un pique-nique l’an pas­sé pen­dant le Ramadan. En fait, au Maroc, chaque année, des cen­taines de per­sonnes sont inquié­tées par la police pour non res­pect du jeûne. La plu­part du temps, un ser­veur de res­tau­rant refuse de ser­vir un non euro­péen dans la jour­née. Même pour un Européen, il est mal venu de man­ger ou boire en public dans la jour­née dans cer­taines localités.

    De même la police exerce sa fonc­tion « morale » dans la vie sen­ti­men­tale : vivre avec un non musul­man expose la maro­caine à de grands risques offi­ciels, sans par­ler des risques fami­liaux : Une copine m’an­non­çait sans rire il n’y a pas très long­temps qu’elle envi­sa­geait de pré­ve­nir la police parce que son patron (un Français) vivait avec une Marocaine. En tout cas, elle ne pou­vait pas conti­nuer à tra­vailler dans cette « mai­son du pêché ».(Bien sûr, c’est moins grave pour un Marocain avec une non-Marocaine!). Il m’est arri­vé de tra­ver­ser cer­taine médi­na avec la femme d’un ami maro­cain. Hors des zones tou­ris­tiques, c’est assez chaud !

    J’ai eu là-bas des dis­cus­sions pas­sion­nées, jus­te­ment au moment de l’af­faire Mali. La règle c’est d’af­fi­cher la tolé­rance : « Ils n’ont qu’à dire qu’ils ne sont pas musul­mans, c’est tout ». Bien sûr, on affiche la liber­té des cultes, mais on est musul­man de nais­sance au Maroc et se décla­rer apos­tat serait bien pire que de rompre le jeûne !

    Tout cela n’est évi­dem­ment qu’­hy­po­cri­sie, mais le roi – com­man­deur des croyants – ne peut se per­mettre de lais­ser du mou dans la corde et des pré­textes aux isla­mistes, et au bout du compte, c’est essen­tiel­le­ment la femme qui morfle…comme dans toutes les religions.

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    • Gérard Ponthieu

      Excellent, l’ar­ticle ico­no­claste de « Tel quel » et son OSP (opti­mi­sa­tion du sys­tème de prière); pas éton­nant que le pou­voir monar­chique leur cherche des poux à ces sata­nés journalistes !

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    • Gérard Ponthieu

      Les reli­gions : pour moi, les « meilleures » sont les pires, celles qui se sont inté­grées dans le « pay­sage », qui se sont ain­si natu­ra­li­sées, « essen­tia­li­sées » au point de se cal­quer en tous points sur le pou­voir éta­tique et, ain­si, « plon­ger leur main noire jusque dans le ventre de l’homme » (Panaït Istrati, écri­vain rou­main, par­lant du sta­li­nisme, autre sys­tème reli­gieux). La reli­gion musul­mane pro­duit des efforts « sur­hu­mains », sinon divins, pour par­ve­nir au stade supé­rieur de reli­gion « nor­male » = pré­sen­table, sage, et même démo­cra­tique, sinon laïque, allez ! Ce à quoi s’op­posent les inté­grismes de tous bords dont les suc­cur­sales sec­taires s’emploient à conqué­rir le mar­ché pla­né­taire de la cré­du­li­té, de l’obs­cu­ran­tisme, etc. – en un mot de la misère humaine.
      Les reli­gions, ces vastes entre­prises de récu­pé­ra­tion de la spi­ri­tua­li­té humaine, recy­clée pour la cause et ses besoins de domi­na­tion en de mul­tiples sous-pro­duits opiacés.

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      • Dominique Dréan

        Reçu et approu­vé 5 sur 5 : effec­ti­ve­ment les pires sont « celles qui se sont inté­grées dans le « pay­sage », qui se sont ain­si natu­ra­li­sées ». A ce titre, on peut sans doute consi­dé­rer que « notre » reli­gion – pas d’Etat mais presque – est par­ti­cu­liè­re­ment redou­table. Notre pré­sident, cha­noine de Saint-Jean de Latran, cela ne gêne personne…
        Nous sommes tous impré­gnés. On peut (comme moi) déve­lop­per en réac­tion une anti-reli­gio­si­té pri­maire, mais c’est vrai que, pour la plu­part, c’est une incrus­ta­tion indé­lé­bile : que vont faire tous ces futurs divor­cés à l’église le jour de leur mariage ? Que vont-ils faire à nou­veau à l’église les pieds devant le jour où « tout est consommé » ?
        La pres­sion socio-reli­gieuse est forte chez nous aus­si, même si elle est moins expli­cite. Nos chers diri­geants ont rai­son lors­qu’ils parlent de civi­li­sa­tion ou de culture chré­tienne, mais tort d’en faire un argu­ment poli­tique : c’est sim­ple­ment une tare.

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    • Gérard Ponthieu

      Excellent, l’article ico­no­claste de « Tel quel », et son OSP (opti­mi­sa­tion du sys­tème de prière); pas éton­nant que le pou­voir monar­chique leur cherche des poux à ces sata­nés journalistes !

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  • faber

    Bruler le Coran, pour­quoi pas. Le Pasteur Terry Jones en fait sa pub mer­dique, c’est dom­mage. Mais bru­ler un tas de feuilles dog­ma­tiques, moi, je suis plu­tôt pour. Bruler la bible, le petit livre rouge, la méthode Montignac, les fleurs du mal ou Houellebecq pour­quoi pas. T’ention, je me fais l’a­vo­cat du diable. L’inspecteur de feu l’é­cri­vain Montalban, allu­mait son feu avec les pages du Capital et autre livre sacré. Certains ont peut-être bru­lé ses bou­quins. Bruler le Coran, c’est pas lapi­der une per­sonne. La sym­bo­lique ou plu­tôt l’am­pleur du geste en est la média­ti­sa­tion. Pourquoi faut-il mar­cher sur des oeufs dès qu’on touche au Coran ou des­sine Mahomed ? On prend moins de pré­cau­tion avec le Pape et sa clique de pédo­philes. D’autres bru­lent bien des bagnoles. La démo­cra­tie ne passe pas uni­que­ment par le feu, certes, mais j’ac­cepte qu’un mec crame une idée impri­mée comme il pour­rait bru­ler ce billet, c’est son droit. Je brule bien les jour­naux pour allu­mer mon bar­bec, mais bon, ça reste entre nous.

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  • Jamalagasy

    Joues pas avec le feu zenfan!(C’est ce qu’a dit nos aïeux non?)

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