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Cosmodiversité. Un message de l’infinie banlieue…

Salut les Terriens ! Voilà : le 30 décembre dernier, en l’an MMX donc, j’ai reçu un message d’un site astronomique. Il annonçait que cinq nouvelles exoplanètes venaient d’être découvertes grâce au télescope Kepler et que ce serait les dernières de l’année. J’en déduisais incidemment que les astronomes devaient être des gens comme vous et moi et qu’ils ne travailleraient pas le dernier jour de l’année. Ce qui ne changerait rien à la valse magistrale des astres, ni à la nôtre, nous les poussières d’étoiles. Quoique.

Car n’avons-nous pas, dès les premières découvertes astronomiques, changé notre rapport au monde et, avec lui, notre regard sur l’univers, les dieux et les hommes ? En fait, les vraies premières découvertes de ce type, ce sont celles que connaît tout humain levant les yeux au ciel. "Ma théorie à moi" sur la question (je me la valide tout seul… même si elle a été émise des millions de fois depuis la nuit des temps…), c’est de situer là l’origine de l’humanité pensante. C’est là, oui, que je vois surgir la conscience chez l’animal humain peinant à se tenir debout et à lever le nez vers l’inconnu astral.

Je pense aussi (donc je suis 😉 ) que les animaux qui tentent un regard vers le ciel, au-dessus d’eux, pas seulement devant et au loin, cheminent insensiblement vers la prise de conscience. Comme Darwin, je pense que les animaux domestiqués par l’Homme, ont profité de ce rapprochement « pédagogique » et que, peu à peu, leur regard s'est levé vers le ciel, ne serait-ce que par brefs instants. Voilà pourquoi aussi nous communiquons avec eux, ayant cela en partage : ce sentiment diffus d’appartenir à l’immensité, à l’inconnu magistral.

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© André Faber 2011

 

 

Ainsi, de toutes les nouvelles reçues en fin d’année, celle-là me fut la plus belle. Elle me disait : T’as le bonjour de cinq planètes jusque là inexistantes, puisque pas détectées, même pas nommées. Une histoire de rois mages, moins le mythe – qui cache. Ici, la science et la technique de l’homme, m’annoncent une naissance – des quintuplées –, m’adressent un faire-part sans magie voulue, mais magique dans son effet, dans sa levée d’un petit coin de voile sur le grand mystère de l’infini.

Le message disait que les planètes avaient été non pas dénommées mais baptisées « 4b, 5b, 6b, 7b et 8b » –  certes on aurait pu craindre le pire, genre : Jessica, Déborah, Jennifer, Loana, Chiara… Mais tout de même, cette idée et le mot lui-même de baptême… On n’en sort pas de la fange ecclésiale, de cette tête pesante qui toujours retombe vers les pieds, le bas, le tréfonds, la noirceur et les peurs ancestrales bien sûr liées à la mort. C’est ainsi.

À moi, cette nouvelle m’a donné l’ivresse du vertige. Une exoplanète, c’est un astre en dehors de notre système solaire, mais toujours dans notre galaxie – notre banlieue en somme, à peine de l’autre côté du périph’. D’autres télescopes ont déjà détecté 415 exoplanètes… la première l’ayant été en 1995 depuis l’observatoire de Saint-Michel-de-Provence, ma banlieue à moi… Et dire qu’on dénombre (provisoirement je présume…) quelque 234 milliards d’étoiles (de soleils) dans notre seule galaxie, laquelle « voisine » avec 130 milliards de « semblables ». Ça, je l’ai piqué à la radio le jour de l’an neuf, sur France Inter quand Denis Cheyssoux (CO2 mon amour) philosophe sur la « cosmodiversité » en compagnie de Jean-Marie Pelt, dans la nuit et la neige de son jardin de Moselle. C’est un grand moment, que j’ai repiqué ici même. Les meilleurs vœux qu’on puisse entendre sur les ondes, nous les « tout petits, tout petits, tout petits ». Un quart d'heure, l'éternité.

[audio:https://c-pour-dire.com/wp-content/audio/1JMPelt20110102 1506.1.mp3|titles=JM Pelt & D Cheyssoux/France inter|autostart=no]

PS : Après-demain, j'enterre un cher vieil oncle, rappelé au cosmos. Ça se passe tout près, vraiment tout près de Saint-Michel-l'Observatoire, en Haute-Provence. "C'est la vie".

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4 réflexions sur “Cosmodiversité. Un message de l’infinie banlieue…

  • vincent

    Paraitrait qu’au mio­cène l’ou­ver­ture des Rift Valley afri­caines a blo­qué les masses plu­vieuses arri­vant de l’ouest. La forêt tro­pi­cale de l’est n’é­tant plus arro­sée s’est trans­for­mée en savane. Le ciel autre­fois mas­qué par les arbres est deve­nu visible depuis le sol. Les grand singes qui peu­plaient l’an­cienne forêt ont alors pu regar­der les étoiles et ils sont deve­nus des hommes…

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  • Dominique Dréan

    « Qu’on ne dise pas moi d’a­bord, mais qu’on pense aus­si aux autres avec de l’a­mour pour eux…Garder la proxi­mi­té du « pro­chain », celui qui est autour de nous ». C’est vrai qu’ils sont très beaux ces voeux de J.M. Pelt.
    En hiver, par les soi­rées très froides et claires de Lorraine, au moment de la der­nière pro­me­nade avec mon chien, je regarde ce ciel incroyable qui me fait mesu­rer toute notre insi­gni­fiance. Quelques chan­sons de Jacques Bertin nous accom­pagnent – il est vrai­ment gâté mon chien ! – et par­mi elles « L’aube à Cassis » (ta ban­lieue aus­si sans doute):
    « J’ai confié à un ciel d’hiver
    ces chan­sons faites pour personne… »
    Mais c’est vrai que, quand Orion n’est pas visible, le ciel n’est pas tout à fait le même.

    C’est étrange que tu asso­cies cette his­toire d’é­toiles à la mort de ton « ton­ton ». Connais-tu cette belle chan­son de Michèle Bernard évo­quant la mort de son père en ces termes :
    « Je guette dans la nuit le clin d’œil d’une étoile
    Qui m’di­rait qu’t’es pas mort, que t’as pas pu rester
    Tout seul allongé
    Comme un crayon dans son plumier »

    Regarde bien les étoiles demain., je suis sûr qu’elles te feront un clin d’œil…

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    • Gérard Ponthieu

      Et en plus tu cites deux poètes-chan­teurs que j’aime, dont mon pote Bertin qui vient chan­ter à Aix-en-Provence ce 14 janvier.

      Et çui-là :

      « Dors : on t’ap­pel­le­ra beau décro­cheur d’étoiles !
      Chevaucheur de rayons!… quand il fera bien noir ;
      Et l’ange du pla­fond, maigre arai­gnée, au soir,
      – Espoir – sur ton front vide ira filer ses toiles. »
      Tristan Corbières

      La poé­sie, l’art : quand tout se gou­pille par­fois, mal­gré la bru­ta­li­té de ce monde. Résistons !

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  • Gérard Ponthieu

    Service après-« vente »… On en était res­té à « 8b ». Une nou­velle alerte m’ap­prend ce soir que « 10b » vient d’être décou­verte. (Quid de « 9b » ?) Les astro­nomes ont donc repris le bou­lot 😉 La « petite der­nière » se porte bien : 4,5 fois la masse de la Terre ; per­sonne à bord (semble-t-il, vu d’i­ci-bas). Je vous passe les détails.

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