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Double peine pour l’Afrique : drame climatique et mutisme médiatique

Il a dû faire ce qu’il a pu, et rien n’y a fait : son article est resté coincé en « chandelle » dans un coin de la page 2 du Monde, affublé d’un titre invisible : « Silence, on coule ! ». Un titre sonnant pourtant comme un SOS et qui se perd dans le cosmos étroit des infos hexagonales. Jean-Pierre Tuquoi, l’un des trois journalistes « Afrique » du Monde n’aura pas réussi, dans les colonnes de son propre journal, à inverser le scandale qu’il y dénonce pourtant : le quasi mutisme médiatique doublant le drame climatique que viennent de subir une douzaine de pays africains, causant quelque 160 morts (recensés) et près de 600.000 sans-abri.

« Selon que vous serez riches ou pauvres »…, on n’en sort pas de cette universelle et terrible sentence, que les médias dominants confortent au jour le jour. Imaginez, comme l’écrit Tuquoi, qu’un cyclone ait ravagé les côtes de Floride et affectant 600.000 Étatsuniens… Imaginez alors le déferlement médiatique ! Souvenons-nous de Katrina dévastant la Louisiane… Et le si télégénique « tsunami » de 2004 !

monde-18909.1253287373.pngPourtant le continent africain se trouve être un bon fournisseur de sujets catastrophiques ; il y faut seulement un niveau d’horreur suffisant pour provoquer un tant soit peu de compassion… durable. L’idéal, c’est une bonne famine spectaculaire avec des bébés squelettiques en arrière-plan d’un sac de riz sur une épaule humanitaire. Pas mal non plus, une belle guerre entre sauvages, avec bons et méchants départagés par l’œil expert d’un Zorro à encolure échancrée. Aujourd’hui, on reste trop loin du compte, à en croire le papier du Monde : « La Sierra Leone, le Nigeria et le Tchad ont été les premiers touchés. Puis, début septembre, c’est sur le Sénégal, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso… que se sont abattues des pluies torrentielles. Même le Sud algérien n’a pas été épargné. En quelques heures, des quartiers entiers d’une douzaine de pays du continent africain ont été rayés de la carte, des routes détruites, des ouvrages d’art emportés tandis que les agriculteurs voyaient disparaître leur bétail. Le bilan humain est lourd : au moins 160 morts recensés à ce jour et près de 600 000 sans-abri.

« C’est le Burkina Faso qui a été le plus atteint. Le 1er septembre, à Ouagadougou, la capitale, des dizaines de milliers d’habitations se sont écroulées. Le principal hôpital de la ville a dû être vidé de ses patients et les écoles réquisitionnées pour accueillir des familles. Même chose à Dakar, au Sénégal, où quinze des seize quartiers de la capitale ont été inondés. Au Niger, on redoute que le choléra fasse des ravages. […] De ces événements dramatiques, la presse française – et étrangère – n’a guère rendu compte. Les agences de presse ont pourtant donné l’alerte, mais sans susciter de réaction. Au mieux, l’affaire a été expédiée en quelques lignes, confirmant l’idée que l’Afrique intéresse peu les médias. »

>> Le Monde du 18/9/09, page 2. Cherchez bien l’info, elle y est !

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