ActualitéAlerte !Nucléaire

Publicité bucolique. Quand EDF nous refait le coup de l’« électricité verte »

EDF, qui est dans la panade que l’on sait, tente crânement de détourner l’attention de l’opinion publique. Ainsi vient-elle de s’offrir une campagne de publicité dans les quotidiens doublement éhontée : une pleine page à sa propre gloire et à celle de ses centrales, cela à la veille du trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl – l’élégance même – et sur son thème mensonger de prédilection, le mythe d’une « électricité verte ». Une provocation des plus indécentes !

edf-centrales
Cliquer dessus pour agrandir, c’est trop beau !
A commencer par l’image idyllique et verdoyante montrant une splendide chute d’eau émergeant de la montagne et épousant avec grâce la forme de ces splendides tours d’évaporation qui égaient tant nos paysages. Trois jolis nuages, insouciants, montent gaiement dans l’azur. C’est frais et bucolique. Un vrai chromo de calendrier des postes – d’avant l’invention du nucléaire et ses catastrophes ! Il manque toutefois quelques biches innocentes, Cendrillon et ses sept nains, dont les plus ravis, Hollande et Macron – mais là, le tableau aurait été gâché.

À suivre avec le slogan « L’électricité bas carbone, c’est centrale ». Oui, centrale, avec un E. Ah ah ! elle est bonne. Et qui dit centrale, dit centrales nucléaires et leurs 58 réacteurs fournissant 82,2 % de l’électricité produite en France.[ref] Donnée de 2014, portée sur les factures d’EDF.[/ref]

À continuer encore avec les trois lignes « finement » baratineuses qui, d’un zeste d’ « énergies renouvelables » nous servent le plus pétillant des cocktails, « à 98% sans émission de carbone ni de gaz à effet de serre ». Ce que EDF appelle « un mix » de nucléaire et de renouvelables, selon la fameuse recette du pâté d’alouette : un cheval pour une alouette.

Parlons-en du nucléaire « bas carbone » !

Toutes les opérations liées au fonctionnement de l’industrie nucléaire émettent des gaz à effet de serre : extraction minière et enrichissement de l’uranium, construction et démantèlement des centrales, transport et “traitement” des déchets radioactifs, etc.

Ne pas oublier non plus les dizaines de sites thermiques, dont des centrales à charbon, exploitées par EDF dans le monde, qui en font la 19e entreprise émettrice de CO2 au niveau mondial.[ref] On peut, à ce propos, signer la pétition lancée par le réseau Sortir du nucléaire qui dénonce cette publicité mensongère d’EDF : http://www.sortirdunucleaire.org/CO2-mensonge-EDF#top [/ref]

Pendant ce temps, derrière le décor d’opérette, EDF doit faire face à une réalité autrement plus âpre (hors capilotade financière) :

•La construction ruineuse de l’EPR de Flamanville (triplement du devis initial), ruineuse et surtout potentiellement dangereuse. Les défauts métallurgiques décelés dans la cuve du réacteur – pièce maîtresse – compromettent cette installation (et d’autres en cours).

La chute d’une hauteur de vingt mètres, le 31 mars 2016, d’un générateur de vapeur de 450 tonnes lors d’une manutention – par une entreprise sous-traitante… – dans un bâtiment réacteur de la centrale de Paluel (Normandie). Pas de victimes, heureusement, mais le bâtiment a été fortement ébranlé, ce qui va demander une évaluation et une immobilisation de plusieurs mois des installations.

nucleaire-paluel
Chute d’un générateur de vapeur à Paluel. Moins glamour que la pub…

Pour couronner le tout, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française vient de dénoncer un fabricant de pièces métalliques[ref] SBS, une PME de Boën (Loire)[/ref] qui, dans une soixantaine de cas au moins, a fourni à ses clients comme Areva des produits présentant des malfaçons, accompagnés de certificats falsifiés. L’ASN a demandé à toutes les entreprises du secteur de vérifier les pièces qu’elles utilisent en provenance de cette PME, pour pouvoir stopper les équipements en cas de besoin.

Faux, usage de faux : le Bureau Veritas a très vite porté plainte, suivi en mars par Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Certaines pièces en cause étaient en effet destinées au réacteur de recherche Jules-Horowitz, qu’Areva construit pour le CEA à Cadarache (Bouches-du-Rhône).

Ou quand la réalité rejoint la fiction : ce cas recoupe exactement le scénario du film Le Syndrome chinois dans lequel un fournisseur véreux est à l’origine d’une situation catastrophique dans une centrale nucléaire. Ce film américain est sorti quelques jours avant l’accident de Three Miles Island en 1979 (fonte du réacteur).

Partager

Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Translate »