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Images et notules pour après le cataclysme

Pour fêter le solstice d’hiver, selon la tradition païenne, voici deux bien belles images qui nous rattachent à l’univers (ou même au multivers, comme on dit désormais). Histoire de relativiser notre humble position dans le cosmos, et de nous placer, avec Marcel Proust, face à la petitesse de notre négligence à vivre…

 

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Cet étrange nuage est une représentation tridimensionnelle de la distribution à grande échelle de la matière sombre dans l’univers observable, réalisée d’après les données du télescope spatial Hubble (NASA, 7 Jan 2007). La « carte », déterminée par l’analyse des distorsions gravitationnelles de la lumière provenant des galaxies, révèle un réseau de filaments dont les intersections correspondent aux concentrations de matière “normale” des amas de galaxies. La concentration de matière sombre en blocs apparaît plus prononcée en allant de droite (régions éloignées dans l’espace et le temps) vers la gauche (régions plus proches et récentes). Cette zone s’étend d’il y a 3,5 milliards d’années (gauche) à il y a 6,5 milliards d’années (droite).

La matière sombre est une forme théorique de matière actuellement observée par ses seuls effets gravitationnels, qui représente selon le modèle cosmologique standard plus de 20% de la densité d’énergie de l’univers. Elle fut postulée en premier lieu pour expliquer certains mouvements des galaxies et d’autres données cosmologiques, et confirmée par des observations de lentille gravitationnelle de l’amas de galaxies Bullet en août 2006.

[Source : Parcours étranges]

 

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Cette photo bien terrestre, elle, résulte d’une pause de huit heures, photo prise dans l’hémisphère sud par Sébastien Volmer.  L’image ne tourne donc pas autour de notre étoile polaire ; elle est centrée sur la constellation de la Croix du Sud, encore appelée « la boîte a bijoux » .

 

Enfin, pour rétorquer, s’il en était besoin – alors, disons, plutôt pour alimenter nos philosophies de la vie –, aux fêlés en tous genres shootés à la sauce maya, cette autre et littéraire constellation :

 

m.proust« Et si le monde allait finir… Que feriez-vous ? » Question posée à Marcel Proust, et réponse d’icelui parue dans L’intransigeant du 14 août 1922.

 

« Je crois que la vie nous paraîtrait brusquement délicieuse, si nous étions menacés de mourir comme vous le dites. Songez, en effet, combien de projets, de voyages, d’amours, d’études, elle – notre vie – tient en dissolution, invisibles à notre paresse qui, sûre de l’avenir, les ajourne sans cesse.

 

« Mais que tout cela risque d’être à jamais impossible, comme cela redeviendra beau ! Ah ! si seulement le cataclysme n’a pas lieu cette fois, nous ne manquerons pas de visiter les nouvelles salles du Louvre, de nous jeter au pied de Mlle X…, de visiter les Indes. Le cataclysme n’a pas lieu, nous ne faisons rien de tout cela, car nous nous trouvons replacés au sein de la vie normale, où la négligence émousse le désir.

 

« Et pourtant nous n’aurions pas dû avoir besoin du cataclysme pour aimer aujourd’hui la vie. Il aurait suffi de penser que nous sommes des humains et que ce soir peut venir la mort. »

 

(Marcel Proust, Essais et articles, Après la guerre, La Pléiade, p. 645.)

 

Et bonnes fêtes à tous !

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6 réflexions sur “Images et notules pour après le cataclysme

  • Pauline

    Un “petit” nuage, une voûte étoilée, un “rien” nous fait rêver… On a toujours besoin de s’évader, comme si nous étions en prison. De quoi serions-nous prisonniers ? De notre vie, trop terne ? Merci Marcel et merci C’est pour dire de nous remettra face à nos réalités existentielles. Pauline

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  • faber

    Un petit coup de Proust et d’éternité, ça fait de mal avant de se goinfrer. Pour les dindes, oies et chapons, la fin du monde a sonné. Le Marcel et le Ponthieu me reconcilent avec la vie. Quand à la matère invisible, si on ne la voit pas, c’est bien la preuve qu’elle existe. joyeuses fêtes !

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    • Dominique Dréan

      J’ai écouté l’introduction, il est vrai que ça fait envie.Merci du tuyau. J’ai “la totale” de Proust depuis l’année dernière, mais pour l’instant je n’ai pas dépassé “Longtemps je me suis…” C’est peut-être l’occasion…

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  • Jean-Paul P

    Je me touche (au sens ordinaire), j’aurais donc survécu à l’apocalypse… Mais la leçon de Marcel reste valable, notamment dans le sens où tout sera comme avant.

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  • l’homme a toujours besoin d’une petite frayeur pour se rappeler qu’il n’est qu’une étincelle……

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