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« Le tour d’un monde en sept jours avec un âne en Provence »

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Le Carnet de voyage de Gérard Ponthieu et l’âne « Juju » paraît ces jours-ci. En voici un avant-goût avec les tout premiers pas d’une aventure… ahanante.

Jour premier
Je marche. Pas aussi vite que je voudrais. Jules me tire en arrière. Je râle, je peste, me fâche. Jules, drôle de nom, je trouve. L’état-civil ânesque, il faut le savoir, fait coïncider l’année 1997 avec des prénoms en J. Renommer, ce pouvoir d’animal parlant, parolant. J’essaie Julot: mieux. On avance, tout doux. Depuis deux heures, au début sur une fausse route, une fois raté le sentier. Julot n’est pas sorti depuis longtemps. Une telle virée, si elle va jusqu’au bout, il n’en a d’ailleurs pas connu. Découverte, aventure, épreuve. Ou routine du pas devant l’autre, mécanique sans cervelle ni sentiment ? Non bien sûr. Pari d’avant le départ. Pari sur l’intelligence, l’entendement, le plaisir commun et pas ordinaire. Aller de concert, si belle expression.

Allez! Allez! Je m’énerve encore. On n’y sera jamais! Je patauge dans l’impatience. Il y a deux heures, donc, émois du départ. Agencement des bagages. Un vrai ouvrage, un ouvrage façon Pénélope à défaire et reprendre chaque jour, plusieurs fois. Des enjeux d’équilibre entre des masses fluctuantes. La bouffe, le matos, la flotte. Et le support du tout, condition d’un roulage-tangage sans accroc.

On s’est plu tout de suite. Sans chichi. J’allais vers lui comme il est venu vers moi. Était pas obligé. Il est beau, de corps et de tête, l’oeil intelligent, stature de même, fringué comme un prince.

« Qu’est-ce qu’il me veut au juste? C’est quoi, cette dégaine? Il semble connaître mes maîtres, plutôt bon signe. Et si c’était un fada de l’exploit, un crapahuteur, un ancien du djebel? Ou, pire encore, un ânophile gaga, sectateur de l’oignon cru et de la Sainte Balade? … L’avoir à l’oeil. »

S’il parle, cet âne, c’est bien que je lis dans ses pensées, selon et par la langue des humains. Le dialogue restera sobre, se passant le plus souvent des mots, à l’avantage des gestes, des sons et de jeux bien plus mystérieux.

>>> Suite à savourer sur papier. Vous savez : ce qu’on appelle un livre, sans écran ni clavier, ni USB – rien que des signes alphabétiques imprimés sur des pages qui fleurent bon les images et les histoires, et même du sens…

Ce livre, donc, n’est pas l’objet de la moindre préméditation, au contraire de mon périple avec « Juju » à l’été 2008, bien préparé à l’avance, mais sans intention « littéraire ». Mais comme à l’accoutumée, le « naturel professionnel » l’a emporté, avec ses gestes quasi automatiques : prise de notes, photos à la dérobée, pour fixer la mémoire et la chronologie. Ce n’est que vers la fin du voyage que l’idée a pu germer de reconstituer le récit de mon périple avec « Juju », cet adorable âne provençal « ancré » chez ses « parents » adoptifs, à Saint-Étienne-les-Orgues, dans le pays de Forcalquier.

C’est donc de là que nous sommes partis pour une semaine tout seuls, lui et moi. On ne se connaissait pas… Il fallut bien nous apprivoiser, vite et bien, autant que possible. Une sorte de voyage de  noces chaste, mais avec de grands élans affectifs, pas mal de disputes aussi – et même pire… Bref, ce fut une vraie belle aventure. Vous avez de la chance : la voici contée exprès pour vous, en sept épisodes et une trentaine de photos. Un joli bouquin auto-édité par l’auteur, avec l’assentiment implicite de son comparse, ongulé quadrupède et partie plus que prenante du récit.

 

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Une réflexion sur “« Le tour d’un monde en sept jours avec un âne en Provence »

  • J’ai lu et adoré. Un point, c’est presque tout.

    Gé, tu devrais nous montrer comment tu (te) vois (dans) l’oeil de Jules.
    C’est beau comme M. Arnolfini dans un miroir de Van Eyck.

    Enfin… c’est mon avis et je le partage.

    Jo

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