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Mélenchon, l’homme qui ne plantait rien (ou qui plantait tout)

Jean-Luc-Melenchon
[Ph. Gerhard Valck, 2015, domaine public]

De la mélasse présidentielle, que pourrait-il sortir de bon ? Qu’ajouter à cette triste question ? « C’est pour dire » n’avait donc rien à dire sur ce chapitre. Sauf  à le considérer sous la plume inspirée d’Eugène Pottier écrivant L’Internationale : « Il n'est pas de sauveurs suprêmes / Ni Dieu, ni César, ni Tribun ». L’air est aujourd’hui plutôt éventé, mais le message reste d’une navrante actualité. Ainsi m’est-il revenu l’autre soir (23/2/17) à la télé en regardant le spectacle monté autour de Jean-Luc Mélenchon. [ref] Je dis bien spectacle, au sens de Guy Debord et sa Société du spectacle (1967); c'est-à-dire au sens de la séparation entre réalité et idéologie, entre la vie et sa représentation. Dans ce sens la société est devenue « une immense accumulation de spectacles », prolongement de l’« immense accumulation de marchandises » énoncée par Marx dans Le Capital. Au « fétichisme de la marchandise » (et des finances), puis à celui du Spectacle, il y aurait lieu aujourd’hui d’ajouter, à la façon d’un Jacques Ellul, le fétichisme technologique.[/ref]

 
[dropcap]Mélenchon[/dropcap], ce soir-là, n'a pas craint de se présenter comme « un tribun » et même comme « le tribun du peuple ». Oui : « Je suis le tribun du peuple », a-t-il renchéri, modeste… On sait l’homme porté à l’admiration de lui-même, qu’il clone à l’occasion par hologramme interposé, réussissant ainsi l’admirable synthèse du Spectacle à la fois politicien & technologique. « Miroir, mon beau miroir… », cette si vieille fascination égocentrique… De nos jours – à l’ère du tout médiatique – la conquête et l’exercice du pouvoir passent par la mise en spectacle du geste et de la parole, surtout de la parole. Il est significatif et cocasse que cette émission de France 2 s’intitule Des Paroles et des Actes

Tandis que la politique se résume au Verbe, à l’effet de tribune (pour tribuns…), un gouvernement peut se restreindre à un seul ministère, celui de la Parole. Cette pratique est, elle aussi, vieille comme le monde politique ; elle remonte même à la rhétorique des Anciens, qui l’avaient élevée au rang du discours philosophique. Disons qu’aujourd’hui, seul le discours a subsisté. Enfin, surtout le discours, parfois quelques idées. Aucun politicien n’y échappe, surtout pas les candidats à la présidence. Il peut être intéressant, voire distrayant, de lire entre les lignes des verbiages électoraux, d’en décrypter aussi les non-dits, à l’occasion exprimés par le corps – attitudes, gestes, tonalités.

À cet égard, la parlure de Hollande ponctuée, et même truffée de « euh… », s’avère tout à fait révélatrice de sa gouvernance à base d’hésitations, de doutes peut-être et de renoncements.[ref] Sur cette adéquation idéale « paroles/actes », voir ici mon article de 2014 sur Jaurès.[/ref] Celle de Mélenchon, elle, si elle ne manque pas de souffle, respire peu et ne s’autorise aucun silence. Pas de place pour le doute ou le questionnement dans cette parole péremptoire, définitive. Un propos souvent abrupt, cassant, dont son auteur prend parfois conscience ; alors, il tente de se reprendre par une pirouette, comme dans l’émission de jeudi : « Eh, on peut plaisanter, je suis méridional… il y a du Pagnol en moi ! » Ouais… Et du Giono aussi ?

Car Mélenchon doit se prouver en humaniste [ref]"Droit-de-l'hommiste", il est sans doute, car cela relève encore de la parole politique, différente du sens de l'humain. Je me garde d'aborder ici le chapitre de ses tropismes latinos envers Chavez et les Castro – sans parler de Poutine.[/ref], ce qui ne lui semble donc pas si naturel… Voilà qu’arrive l'« invité surprise » – toujours dans la même émission –, le comédien Philippe Torreton [ref]De gauche, écologiste, il tient actuellement le rôle-titre dans La résistible Ascension d’Arturo Ui, de Brecht – que j’ai vue et appréciée il y a peu à Marseille ; pièce ô combien actuelle sur le fascisme présenté en l’occurrence comme « résistible »… espérons ![/ref] Or, il a apporté, pour l’offrir à Mélenchon, le livre de Jean Giono, L’Homme qui plantait des arbres. « [Un livre] fondamentalement immoral ! », lance tout aussitôt Mélenchon. Étonnement du comédien, qui s’explique néanmoins sur le sens de ce choix lié à l’urgence écologique, en lit un passage et se lève pour l’offrir au politicien du jour, que l’on relance : alors, quelle immoralité ? « L’immoralité, lance Mélenchon, vient du fait que cette histoire est écrite pendant la guerre, et que quand on lutte contre le nazisme on plante pas des arbres, on prend une arme et on va se battre ! »

L’ancien militaire – non : militant trotskyste, dirigeant de l’OCI (Organisation communiste internationaliste) de Besançon (1972-79 selon Wikipédia), a lâché sa leçon de morale, celle du politicien professionnel qu’il n’a cessé d’être – puisque c’est un « métier ». Et ainsi de reprendre, en les sous-entendant, les accusations vichystes et collaborationnistes à l’encontre de Giono. Lequel avait pris le fusil à baïonnette, enfin celui qu’on lui avait mis d’office dans les mains, dès janvier 1915, pour ses vingt ans, direction la Somme, Verdun, le Chemin des dames, où il n’est « que » gazé alors qu’il y perd son meilleur ami et tant d’autres. Choqué par l’horreur de la guerre, les massacres, la barbarie, l'atrocité de ce qu'il a vécu dans cet enfer, il devient un pacifiste convaincu. Jusques et y compris la seconde grande barbarie. En 1939, s’étant présenté au centre de mobilisation, il est arrêté et détenu deux mois pour cause de pacifisme (Il avait signé le tract « Paix immédiate » lancé par l'anarchiste Louis Lecoin). Durant la guerre, il continue à écrire et publie des articles dans des journaux liés au régime de Vichy. A la Libération, il est arrêté, mais relâché cinq mois plus tard sans avoir été inculpé.[ref] Dès 1934, Giono avait affirmé un pacifisme intégral ancré en profondeur dans ses souvenirs d’atrocités de la Grande Guerre. Le titre de son article pacifiste publié dans la revue Europe en novembre 1934 « Je ne peux pas oublier » atteste de cette empreinte indélébile de la guerre dont il refuse toute légitimation, même au nom de l'antifascisme. Il affirme dans « Refus d'obéissance », en 1937, que si un conflit éclate, il n'obéira pas à l'ordre de mobilisation.[/ref]

J’en reviens à notre sujet, sans m’en être vraiment éloigné, je crois. En refusant de considérer pour ce qu’il est, le message profond – écologiste avant la lettre, humaniste et universel – de L’Homme qui plantait des arbres, pour placer sa parole moralisatrice, le patron de La France insoumise s’érige en Fouquier-Tinville du Tribunal révolutionnaire. Il tranche. Il se pose en garant du « pur et dur », lui que les guerres ont heureusement épargné, qui n’a pas eu à résister – l’arme à la main –, ni même à s’insoumettre. Lui qui, certes, connut les tranchées du Parti socialiste durant 32 ans (1976-2008) et, tour à tour, les affres du conseiller général de Massy (1998-2004), du sénateur de l’Essonne (2004-2010), du ministre sous Chirac-Jospin (2000-2002), du président du Parti de gauche (2009-2014), du député européen depuis 2009. Que de combats héroïques, à mains nues cette fois ! (Quelle belle retraite en perspective aussi, non ?)

Il en a usé de la dialectique, de la stratégie, de la tactique ! Il en a mâché de la parole verbale ! Tout ça pour rabaisser le débat politique à un calcul politicien minable. Pourtant, il l’assure :

– « À mon âge, je fais pas une carrière ; je veux pas gâcher, détruire ; j’ai de la haine pour personne ; il faut convaincre ! J’ai jamais été mélenchoniste ! [sic]

– Alors vous seriez prêt à vous retirer devant Benoît Hamon ?

Pourquoi pas lui ? J’ai 65 ans, je veux pas dilapider ! [re-sic]»

Alors Torreton, devenu pâle, semble jeter l’éponge. Non pas tant qu’il se soit dégonflé, comme il a été dit, de lui poser LA question pour laquelle il avait été l’« invité surprise ». Non, on dirait plutôt qu’il comprend alors que c’est cuit, que Mélenchon ne démordra pas, que sa « vocation », son « métier » c’est de s’opposer, de baigner dans ce marigot où il se complaît, où son égo enfle avec délice. Un demi-siècle de « métier » n’empêche pas, à l’évidence, de s’agripper à une puérile dialectique de cour d’école.

Et dès le lendemain de l’émission, il prétendait sans ambages ne pas se souvenir d’avoir parlé de rapprochement avec le candidat socialiste. « J'ai dit ça hier soir ? Je ne m'en rappelle pas ! » a-t-il assuré. À la sortie d'un déjeuner avec le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, il a rejeté l'idée d'un rassemblement : « Ça n'a pas de sens aujourd'hui. De quoi parle-t-on ? Benoît Hamon dit qu'il propose sa candidature. Moi aussi. Si vous voulez que le programme s'applique, la meilleure des garanties, c'est moi ! » Ainsi, pour lui, la question d'un ralliement ne se pose même pas. « Non, faut pas rêver, ça n'aura pas lieu. D'ailleurs, personne ne le proposait », a-t-il asséné.

Le trotskyste est revenu au galop : « Faut pas compter sur nous pour aller faire l'appoint d'une force politique qui a du mal à remonter sur le cheval ». Aurait-il donc choisi « objectivement » l’option Marine Le Pen ?[ref]Rappel : Jusqu’à l’avènement d’Hitler, l’objectif principal du Parti communiste allemand demeurait la destruction du Parti social-démocrate. Voir à ce sujet Sans patrie ni frontières, de Jan Valtin, implacable témoignage d’un marin allemand sur le stalinisme en action. Ed. J-C Lattès, 1975.[/ref] Ira-t-il ainsi jusqu’à refuser toute collaboration avec ce qui reste de la social-démocratie, sous entendu avec Benoît Hamon, puisqu’investi par le Parti socialiste ? Ou encore, estime-t-il que Macron va l’emporter, que l’affaire est pliée et que sa planche de salut, par conséquent, réside encore et toujours dans les délices de l’éternelle opposition, dans un hors-sol en quelque sorte, à l’abri de toute impureté, de tout compromis.

Comme si la démocratie ce n’était pas l’art subtil des arrangements acceptables par le plus grand nombre – jamais par tous, évidemment. Comme si la vie même ne relevait pas en permanence de ses combinaisons complexes, ni blanches ni noires. La première – la démocratie – se compte en siècles, parfois seulement en années ; quelques semaines peuvent suffire à l’anéantir. La vie, elle, remonte à des millions d’années ; elle reste à la merci de la bêtise des humains.

Si je vote, ce sera pour Elzéard Bouffier, qui plantait des arbres.


En prime, le très beau film d'animation d'après le récit de Jean Giono, dit par Philippe Noiret, réalisé par Frédéric Back (1924-2013), Canada 1987. L'Homme qui plantait des arbres a remporté l’Oscar du meilleur court métrage décerné par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences de Los Angeles, aux États-Unis, le 11 avril 1988.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

18 réflexions sur “Mélenchon, l’homme qui ne plantait rien <span class="pt_splitter pt_splitter-1">(ou qui plantait tout)</span>

  • Faber

    Quand le nom­bril se trans­forme en trou noir… Malheureusement d’ac­cord avec ton ana­lyse, cher Ponthieu.

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  • Lehouq

    Une fois de plus la « gauche » tape sur la gauche …

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    • Graille

      Cela me parait sim­pliste et reducteur!!
      Gauche ou droite n’est ce pas le rôle d’un jour­na­liste de fouiller, ana­ly­ser, gar­der l’es­prit cri­tique en toute circonstance ?
      Cela nous amène à réflé­chir avant de nous assu­jet­tir aux dis­cours des idoles.,surtout s’ils sont brillants et doués, qu’ils nous touchent là où on en a envie. .
      Populisme ?

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  • Cher Gérard, magni­fique, pré­cieux, remar­qua­ble­ment docu­men­té… et si juste ton papier. Qui dépasse – d’une cer­taine manière la poli­tique, du moins dans son résu­mé de la pro­chaine élec­tion pré­si­den­tielle – et qui touche à l’es­sen­tiel : « Est-ce ain­si que les hommes vivent ? » Du métier, du métier de la poli­tique ? Mélenchon est un flam­boyant dra­peau… mais il est usé jus­qu’à la corde, perte de trame construc­trice que ne voit son fan club. Ce jeu de dupes de l’Union entre Hamon et Mélenchon, tu sais que je n’y ai jamais cru. Pas un seul ins­tant ! Mélenchon apos­tro­phant l’hu­ma­niste (et si grand comé­dien) Torreton est une image mar­quante qui éclaire l’au-delà ter­rible où la poli­tique peut mener les esprits conqué­rants qui se voient en por­teurs de glaives mora­li­sa­teurs. Ce sont les net­toyeurs de la pen­sée et de la socié­té. L’Histoire nous a appris à nous méfier. Hamon est plus jeune, mais son par­cours ne laisse pas augu­rer d’une ligne et d’un com­por­te­ment proches de son ancien ami Jean-Luc. Malheureusement ? Oui, mal­heu­reu­se­ment même quand, comme moi, je ne par­tage pas leur vision (est-elle sin­cère ?) poli­tique qu’ils disent si proche…

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  • JP Laynat

    Comment fais tu pour si bien dire ce que je ressens ?
    Merci Gérard, du coup j’ai par­ta­gé sur « fesse bouc » , j’es­père que tu n’y vois pas d’inconvénient ;

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  • Gérard Bérilley

    Mille bra­vos, Gérard ! Mille bra­vos pour cette mise au point plus que nécessaire.
    C’est incroyable, mais les deux pre­miers para­graphes de ton texte j’au­rais pu les écrire presque mots pour mots ! Moi aus­si j’ai bon­di quand Mélenchon a dit « Je suis le tri­bun du peuple ». Un tri­bun du peuple, passe encore, mais « le tri­bun » (auto­pro­cla­mé) « du peuple » (pro­cla­mé lui aus­si, et je ne crois pas qu’un quel­conque peuple l’ait man­da­té), non ! Et j’ai pen­sé moi aus­si aus­si­tôt à ce vers de l’Internationale « Ni Dieu, ni César, ni Tribun » ! Et à ces cen­taines de mil­liers d’hommes, à ces mil­lions d’hommes, alié­nés, abru­tis, par le mar­xisme-léni­niste, et qui ont défi­lé des décen­nies durant devant les Césars léni­nistes – ces bour­reaux des peuples – en chan­tant mili­tai­re­ment cette chan­son et ce vers sans en com­prendre ni en appli­quer le moins du monde le sens véri­table ! Quelle misère !
    Me semble aus­si que dans sa pres­ta­tion télé­vi­sée spec­ta­cu­laire, Mélenchon s’est reven­di­qué de la tra­di­tion jaco­bine ! Cohérence du per­son­nage qui incarne ce « socia­lisme auto­ri­taire » que je déteste car il est fon­da­men­ta­le­ment dic­ta­to­rial et néga­tion du socia­lisme véri­table. Ma France à moi n’est pas celle de cet homme ni celle de Jean Ferrat qui chan­tait sa France qui

    « Elle répond tou­jours du nom de Robespierre ». Comment peut-on chan­ter des hor­reurs pareilles ?!
    Bravo aus­si Gérard quant à l’a­na­lyse de « l’in­sou­mis­sion » de Mélenchon ! En par­lant d’in­sou­mis­sion et d’in­sou­mis, ces mots, depuis une qua­ran­taine d’an­nées au moins, avaient un sens pré­cis. Les insou­mis étaient ceux qui pour des motifs de conscience refu­saient l’ap­pren­tis­sage des armes et par­tant le ser­vice mili­taire, et qui – objec­teurs de conscience véri­tables – refu­saient de deman­der le sta­tut offi­ciel d’ob­jec­teur de conscience et son ser­vice civil obli­ga­toire car ils consi­dé­raient celui-ci à juste titre comme une non recon­nais­sance véri­table de l’ob­jec­tion de conscience et de son droit qui doit être inalié­nable. J’en ai défen­du plus d’un dans les années 80 de ces insou­mis, de ces vrais insou­mis qui ris­quaient – et fai­saient – de la pri­son pour leur prise de posi­tion cou­ra­geuse. Il y en avait en moyenne alors 450, voire 500, en per­ma­nence, chaque année , dans les pri­sons fran­çaises. La plu­part d’entre eux étaient Témoins de Jéhovah, par­mi les autres, liber­taires et paci­fistes reven­di­qués, il y avait aus­si quelques déser­teurs, des retar­da­taires, des rétifs à la stu­pide obéis­sance mili­taire. La place d’au­cun de tous ceux-ci ne devait être en pri­son, quoi que l’on pense par ailleurs de leurs croyances, de leurs phi­lo­so­phies. Je ne me rap­pelle pas que Mélenchon, et d’autres du Parti socia­liste, les aient sou­te­nus, défen­dus le moins du monde ! Jamais. La gauche mar­xiste-léni­niste-trots­kiste- maoïste, fon­ciè­re­ment auto­ri­taire, et même la sociale démo­cra­tie, a tou­jours eu en hor­reur les insou­mis, les refu­seurs de défi­ler au pas, les indi­vi­dua­listes, les pacifistes.
    L’attitude de Mélenchon envers Jean Giono et Philippe Torreton était odieuse. Encore une fois nous avons vu une figure (le mot « figure » convient tout à fait !) du res­sen­ti­ment à l’oeuvre. L’homme du res­sen­ti­ment est celui qui pare son alié­na­tion du mot de véri­té et qui veut étendre cette « véri­té morale » à tous. C’est l’ap­proche fon­da­men­tale de l’au­to­ri­ta­risme. Du haut de sa morale dou­teuse, dou­teuse car insin­cère puis­qu’a­lié­na­tion de soi-même, cette gauche de res­sen­ti­ment jette des ana­thèmes à tout va envers tous ceux qui se reven­diquent d’une morale autre et l’ap­pliquent. Je ne peux plus les sup­por­ter ces moraux, ces convain­cus de leur bon droit :
    « quand on lutte contre le nazisme on plante pas des arbres, on prend une arme et on va se battre ! »
    Morale de l’his­toire : il ne faut jamais accor­der sa confiance à un homme qui n’aime pas les arbres, ni lui don­ner son vote.

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  • Sophie

    Alors là, cha­peau Gérard.… ton article est lim­pide, sec et dru. Mélenchon est habillé pour cette fin d” hiver. Son mépris sou­ve­rain envers le paci­fisme de Giono, volon­tiers taxé de col­la­bo­ra­tion­nisme, est odieux.…lui qu’on » a jamais vu les armes à la main ». Et pour cause. Qu il revoit Lacombe Lucien pour avoir un dis­cours plus nuancé.
    Je songe sou­dain à Arletty que son dégoût de la bou­che­rie de 14 où dis­pa­rut son pre­mier amour, avaient trans­for­mé à jamais.
    Peut être que l’as­so­cia­tion de Giono et d’Arletty est douteuse.
    Mais quee dit il, Mélenchon de tous les résis­tants de la der­nière heure, adeptes fer­vents de l’épuration ?

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  • Très beau tra­vail ! Magnifique ana­lyse fouillée, recherche .bien­ve­nue..
    Simple, clair , précis. .
    Apre et dur mais tel­le­ment vrai!!
    Que pour­rait – on redire ?
    Merci de ce beau texte sou­cieux de vérité !!

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  • Sur cette émis­sion vous ne par­lez que de Jean-Luc Mélenchon, vous n’a­vez rien à dire sur le com­por­te­ment de vos confrères jour­na­listes qui ani­maient cette émis­sion ? Il me semble que vous êtes for­ma­teur de jour­na­listes, cela fait peur !

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    • Gérard Bérilley

      Il est vrai que dans cette émis­sion les « jour­na­listes » aus­si étaient odieux, comme mal­heu­reu­se­ment ils le deviennent et le sont de plus en plus sou­vent sur le ser­vice public (et cer­tai­ne­ment ailleurs, mais sur le ser­vice public nous sommes en droit d’at­tendre d’eux une cer­taine déon­to­lo­gie !). Quand quelque chose est dit qui ne leur plaît pas, ils agissent comme des pro­cu­reurs, et se sentent en droit du haut de leur morale (oh com­bien de res­sen­ti­ment aus­si, bien sou­vent sinon tou­jours) de jeter l’a­na­thème sur autrui. Mais ces gens ne sont pas des jour­na­listes (encore moins d’in­ves­ti­ga­tion !), mais des tenants de la morale idéo­lo­gique domi­nante qui squattent sans ver­gogne une quan­ti­té phé­no­mé­nale de médias. On les voit par­tout. J’appelle tous ces gens des « insignifiances ».

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    • J’ai beau­coup à dire sur cer­tains jour­na­listes quand ils ne tiennent pas leur rôle d’in­for­ma­teurs ou n’exercent pas une néces­saire dis­tan­cia­tion cri­tique per­met­tant au public d’é­veiller la sienne.
      Je ne me suis pas pri­vé de m’ex­pri­mer ici-même sur cette ques­tion des jour­na­listes à la manque – sur­tout il y a quelques années ; mais j’ai fini par ne plus m’in­di­gner en vain à pro­pos des médias domi­nants – essen­tiel­le­ment la télé­vi­sion quand elle pra­tique la mise en spec­tacle de l’in­for­ma­tion, quand elle est domi­née par le monde de l’argent et de la mar­chan­dise, quand elle cède à la « com”  » et à ses mani­pu­la­teurs. Mais je me garde aus­si des abu­sives géné­ra­li­sa­tions, conti­nuant à appré­cier les jour­na­listes sou­cieux de leurs res­pon­sa­bi­li­tés. Il y en a !
      Concernant mon article, le sujet c’é­tait Jean-Luc Mélenchon, selon la lec­ture que j’en fai­sais à par­tir de cette émis­sion – pas sur l’é­mis­sion, ni sur ses ani­ma­teurs, même si j’au­rais à redire sur eux.
      Quant à être for­ma­teur, ou ensei­gnant, cela ne garan­tit en rien des résul­tats… Les pires délin­quants sont pas­sés par les écoles et même par­fois les meilleures !

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  • Gérard Bérilley

    Sur les arbres, ce magni­fique texte de Krishnamurti, extrait de son « Dernier journal » :
    « Près de la rivière, il y a un arbre que nous avons regar­dé jour après jour, pen­dant plu­sieurs semaines, au lever du soleil. Quand l’astre s’é­lève len­te­ment au-des­sus de l’ho­ri­zon, au-des­sus des bois, l’arbre devient brus­que­ment tout doré. Toutes ses feuilles rayonnent de vie, et vous voyez, au fil des heures, une qua­li­té extra­or­di­naire éma­ner de lui (son nom importe peu, ce qui compte, c’est ce bel arbre); elle semble s’é­tendre par tout le pays, au-delà de la rivière. Le soleil monte encore un peu, et les feuilles se mettent à fris­son­ner, à dan­ser. Avant l’aube, l’arbre est sombre, silen­cieux et dis­tant, empreint de digni­té. Au point du jour, les feuilles illu­mi­nées et dan­santes, il vous donne le sen­ti­ment de per­ce­voir une grande beau­té. Vers midi, son ombre est pro­fonde, et vous pou­vez vous y asseoir à l’a­bri du soleil. Alors s’é­ta­blit un rap­port pro­fond, immuable et sécu­ri­sant, avec une liber­té que seuls les arbres connaissent. Vers le soir, quand le soleil cou­chant illu­mine l’ouest, l’arbre peu à peu s’as­som­brit, se referme sur lui-même. Le ciel est rouge, jaune, vert, mais l’arbre reste silen­cieux, retran­ché, il se repose pour la nuit.

    Si vous éta­blis­sez un rap­port avec lui, vous êtes en rap­port avec l’hu­ma­ni­té. Vous deve­nez res­pon­sable de cet arbre et de tous les arbres du monde. Mais si vous n’êtes pas en rela­tion avec les êtres vivants de la terre, vous ris­quez de perdre votre rap­port à l’hu­ma­ni­té, aux êtres humains. Nous n’ob­ser­vons jamais pro­fon­dé­ment la qua­li­té d’un arbre ; nous ne le tou­chons jamais pour sen­tir sa soli­di­té, la rugo­si­té de son écorce, pour écou­ter le bruit qui lui est propre. Non pas le bruit du vent dans les feuilles, ni la brise du matin qui les fait bruis­ser, mais un son propre, le son du tronc, et le son silen­cieux des racines. il faut être extrê­me­ment sen­sible pour entendre ce son. Ce n’est pas le bruit du monde, du bavar­dage de la pen­sée, ni celui des que­relles humaines et des guerres, mais le son propre de l’u­ni­vers. Il est curieux que nous ayons si peu de rap­ports avec la nature, avec les insectes, la gre­nouille bon­dis­sante, et le hibou qui hulule d’une col­line à l’autre, appe­lant un com­pa­gnon. Il semble que nous n’é­prou­vions pas de sen­ti­ment à l’é­gard de tous les êtres vivants de la terre. »

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    • Graille

      Quel beau texte !
      Je res­sens tout à fait ce que vous decri­vez si bien!!

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  • A pro­pos de l’u­ti­li­sa­tion de l’hologramme…
    Cette volon­té l’u­bi­qui­té n’est pas nou­velle. En effet elle com­mence il y a envi­ron 80 ans dans les années troubles de l’Allemagne avec l’utilisation sys­té­ma­tique du magné­to­phone à bande magné­tique fraî­che­ment inventé !
    Certes, il n’y avait pas l’i­mage mais pas de télé­vi­sion non plus !
    Les dis­cours publics tou­jours enre­gis­trés et d’autres réa­li­sés en stu­dios étaient ensuite dif­fu­sés sur d’autres sta­tions don­nant ain­si l’illu­sion d’u­bi­qui­té du ou des orateurs !
    Amélioration de la tech­nique mais au fond rien de très nouveau !

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  • Gallerini

    Le 17/02/2022,Jean Luc Melanchon a enre­gis­tré une ren­contre publique à digne.Demarche de ren­contre de citoyens de ter­ri­toire excentrés.
    Il com­mence par citer Gassendi et Giono comme per­son­nages illustres de ces ter­ri­toires oubliés.
    Or en 2017 quand Philippe Torreton cite un texte de Giono à Melanchon,celui ci reduit le paci­fisme de Giono à de la lâche­té voire de la collaboration.
    Donc au grès de ses démarches déma­go­giques Mélanchon est capable de pié­ti­ner Giono et de lui rendre ensuite hommage.Belle démons­tra­tion de contor­sion­niste qui donne une idée de sa capa­ci­té de mau­vaise foi et de démagogie.

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    • Merci ! On ne sau­rait mieux cer­ner le bon­homme dans ses fan­fa­ron­nades, ses « valeurs » de façade.

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