ActualitéAfrique(s)C de coeur, C de gueule

Moi, Éric Breteau, pompier tout-terrain de l’Humanitaire

A plus d’un titre, l’Afrique est un continent idéal, voire paradisiaque… Du moins pour les paveurs de bonnes intentions, ces traceurs de routes qui croient fuir l’Enfer. L’Arche de Zoé en est le véhicule type, modèle 4x4 en l’occurrence, qu’on croise ou qui vous double sur les pistes africaines, à toute allure de préférence, priorité à la Bienfaisance déboulant du Nord, gyrophare bleu de l’Ingérence magistrale, magnificence du Chevalier Blanc. Il n’y a qu’à foncer, la route est droite, celle du bon Droit, celle qu’on trace, rectiligne et pure comme ses apparentes intentions.

Faire le bonheur des autres, à leur place, sans leur demander quoi que ce soit, juste pour « faire le Bien ». Sans se demander quoi que ce soit, ni questionner ses intentions profondes, ses désirs troubles d’une éventuelle Rédemption, de réserver sa place « là-haut » en rachetant ses fautes, en payant une culpabilité pesante… Et en voiture l’Arche de Zoé !– car sans nous le Déluge.

Moi, Éric Breteau, pompier tout-terrain naviguant vers l'Humanitaire, ex-représentant en matériel de bureau, sapeur volontaire à Argenteuil, dévouement, urgence, solidarité, camaraderie. Plus la passion du 4x4 et donc un combat à mener contre les écologistes. Il monte une fédération nationale regroupant les petits clubs de «quatre-quatreux» éparpillés. L'humanitaire se pointe bientôt avec l’organisation de voyages dans le tiers-monde et autres missions en faveur des indigènes. Le volet humanitaire, ça te rend tout de suite le « raid-aventure 4x4 » plus présentable. On va faire joujou dans le bac à sable africain, oui mais c’est « pour l’humanitaire ». Ah bon ! L’argument sonne bien sur les catalogues des tour-opérateurs, ça plaît.

Ainsi chemine Éric Breteau, au fond comme un brave type et comme de nombreux semblables traversés par des élans, s’embarrassant peu de leurs contradictions. Que trouver à redire d’un VRP non résigné à la vie ordinaire, désireux de faire le Bien, passant à l’acte ?

Il chemine donc et, en 2002, lance le programme « SOS 4x4 ». Premières armes lors des inondations dans le Gard et de la marée noire en Gironde. Puis petites actions au Maghreb, sous le nom de « Solidarité 4x4 ».

Décembre 2004, tsunami en Asie du Sud-Est. Éric Breteau part pour l'Indonésie avec des membres de sa fédération. Plusieurs missions, rencontre avec Émilie Lelouch, jeune ambulancière humanitaire, artiste de cirque et organisatrice de tournées.

2007, l’Asie « paie » moins. La cote qui monte, c’est celle du Darfour. On y parle même de génocide. Quoi de plus Beau, Grand, Noble qu’une Cause arrimée à l’Enfer Génocidaire ? D’ailleurs de grands imprécateurs y ont œuvré : les Kouchner et BHL pour ne pas les citer (pour une fois !)…

La suite, on connaît. Jusqu’à ce jour et (hier) le trépignement des condamnés de N’Djaména exigeant – grève de la soif – un immédiat « retour à la maison » ! Des chevaliers plus dignes, même donquichottesques, auraient manifesté quelque noblesse ; auraient surtout exprimé des regrets, fait amende honorable, présenté des excuses, sinon une repentance. Ça se fait, tout de même, d’avouer ses fautes, ses incompétences, ses inconséquences, surtout lorsqu’on cherche sa place au Paradis !

Non. N’avaient-ils pas avec eux, en eux, le Droit ? Celui de l’Ingérence impériale, comme un dogme dangereux (pléonasme), aveugle, égo et ethnocentré. Un dogme dont la variante vulgaire, beauf et néocoloniale n’est autre que le tellement «4x4» Paris-Dakar (départ la semaine prochaine), cette injure à la misère, ce déni écologique, ce forfait culturel, et, par conséquent, anti-humanitaire.

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Une réflexion sur “Moi, Éric Breteau, pompier tout-terrain de l’Humanitaire

  • De Gaulle en 1940, Jeanne d’Arc, Martin Luther King et bien d’autres, ont été des « illu­mi­nés », des empé­cheurs de tour­ner en rond, dans la plus totale illé­ga­li­té, à contre cou­rant de la pen­sée de leur époque.
    Ce sont avant tout des rêveurs que je respecte.
    Le jour où le monde n’au­ra plus ces rêveurs, il plon­ge­ra dans une mélasse uni­forme et nauséabonde.
    Bravo Monsieur Eric Breteau, même si vous avez com­mis quelques erreurs dues à votre idéa­lisme, vous avez fait quelque chose, des actes et non pas des paroles.
    Merci d’o­ser alors que plus per­sonne ne bouge.
    Amicales salutations
    Dominique

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