Une valse à quatre temps
par Gérard Ponthieu
1) La femme n’est toujours pas l’avenir de l’homo politicus. Le peuple de France demeure un animal du genre masculin dopé à la testostérone. Spécimens « féminins » non exclus, qui voient sous les jupes impuissance et instabilité. Spécimens « socialistes » ou « progressistes » y compris, ceux-là mêmes qui l’ont tellement dénigrée, la candidat-e. Zozos médiatiques inclus, moquant par exemple les escarpins de la dame au pays des brodequins de Pinochet.
2) La vertu démocratique contre le vice démagogique, c’est le pot de terre contre le pot de fer : ça ne marche pas. Désirer-d’avenir quand le présent étriqué appelle la schlague, la posture autoritaire, le coup de menton démago, désolé, c’est des perles aux cochons – du moins à un sur deux. L’heure est aux alternatives binaires, antagonistes et enfermantes : incertitude / autorité ; intérêt perso / cloisonnement ; consommation régressive / perte des valeurs du vivre ensemble. L’heure n’est pas au débat, aux questions qui, par définition, interrogent et dérangent, mais aux affirmations qui confinent dans les apparentes certitudes. Rien n’est plus fatiguant – courageux et risqué – que la responsabilité individuelle qui fonde l’élan collectif.
3) Conséquence non anecdotique : ce temps est celui des paillettes. Quand la télé de masse en dégouline à plein « prime-time », il est normal, conséquent… et symptomatique qu’entre Concorde et Arc de triomphe, la paillette pipole et politicienne trouve son point de fusion au Fouquet’s, haut-lieu de la bourgeoisie gavée. De même est-il normal que le nouvel élu, celui-là, trouve aussi en ce lieu la première expression de son sacre, entouré de marquis vulgaires.
4) Ce temps est aussi celui des traîtres, et même de leur consécration. On dira désormais « le besson » pour mesurer le degré de trahison politique qu’il personnifie en le portant à son point de sublimation. Mais ce n’est que le plus zélé du genre, venu rejoindre le sérail d’Iznogoud lui-même dont le trajet, tout entier tendu vers la conquête du Pouvoir, est constellé de trahisons successives – Pasqua, Balladur, Chirac, pour ne citer qu’eux, n’auront pas été épargnés par ce désormais président, parangon de vertu et de moralité*. Ses avocats opposeront en temps utile des antécédents fameux – sans doute éviteront-ils de remonter à Brutus pour mieux s’attarder sur Mitterrand. Certes, l’homo politicus aux dents longues doit aussi savoir manier la dague. L’Histoire en est farcie. Elle oubliera sans doute ledit Besson, le bouffon Tapie, le ci-devant Glucksmann. Mais peut-être pas le mammouth Allègre, non pas à cause de son éventuel strapontin ministériel, mais pour l’acte de courage politique qui forge les légendes de résistant – heureusement, une judicieuse caméra l’a rattrapé et immortalisé dans le genre – je ne me lasse pas de la regarder ; ne vous en privez pas , tant qu’on peut encore rigoler.
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* Le Monde rappelle que « Dans les dîners truffés de cadres du RPR, Nicolas Sarkozy fanfaronne : 'Moi, en 1995, j'étais balladurien. Alors, chaque 7 mai, jour de la victoire de Chirac, je suis comme Padre Pio : les stigmates de mes mains se remettent à saigner...' »
> Merci © Plantu
Et les lunettes de barbouze pour passer inaperçu ! Plus Védrine aujourd’hui. La tenue léopard de camouflage va se faire rare dans les surplus…