(B)REVES D’AFRIQUE – RWANDA. « Comme si c’était hier »
Et ne jamais oublier le Rwanda ! Un million de morts, plus ou moins. Au-delà des chiffres, la démence génocidaire. L’impensable «réplique» de l’Holocauste, ce tsunami monstrueux de l’Histoire. Certes, comparer le comparable. Un accident de la nature ne saurait être opposé à un dérèglement de l’humanité. Cependant une même menace pèse sur l’histoire des humains : l’oubli. De quellles catastrophes nous souvenons-nous ? Tant et tant d’images se succèdent dans des scénarios presque répétitifs. La banalisation de la misère, le baume caritatif, la compassion qui soulage. Le Rwanda, 1994, un peu plus de dix ans. Si près si loin.
Yolande Mukagasana est née au Rwanda en 1954. Elle a survécu au génocide des Tutsi – et au massacre des Hutu ayant refusé l'idéologie qui y présida. Ses trois enfants, son mari, et de nombreux parents ont été massacrés. Là bas, elle était infirmière. Désormais réfugiée en Belgique, on lui doit plusieurs récits autobiographiques tels que La Mort ne veut pas de moi et Les Blessures du silence. Ses vœux pour 2005, si forts et émouvants, semblent anéantis par le raz de marée asiatique. Ecoutons-la, si possible :
« […] C'est comme si c'était hier. Cette nouvelle année ne fait que tourner le couteau dans notre blessure inguérissable. Nous fûmes des humains jusqu'au jour où l'homme nous a déshumanisés et nous a torturés et tués dans le silence du monde. Nous avons fêté le Nouvel An 1994 avec les nôtres, mais nous n'avons jamais pensé que c'était la dernière fois. Nous nous sommes agités dans les magasins, nous avons fait l'arbre de Noël, chacun dans sa maison. Mais nous n'avons jamais imaginé que cela fût la dernière fois. Certains des bébés qui sont nés en même temps que nous fêtions la naissance du Christ ont été tués trois mois plus tard. Au nouvel An, nous nous sommes embrassés à minuit et nous n'avons jamais pensé que c'était une année fatale. Une année de souffrances à l'extrême dans le silence du monde et qui nous apporte la solitude à vie.
[…] « Il faut refuser notre extermination. Oui, notre extermination car nous souffrons toujours de la même idéologie qui est encore vive. On nous tue encore comme l'on veut et toute arme est bonne, la faim, le froid, les conséquences du génocide et la machette, toujours la machette. L'ONU se protège. Une justice internationale qui s'obstine à ne payer aucune réparation, ne fut-ce que pour faire soigner les enfants mutilés, les femmes violées traînant avec des fistules et autres. Une réparation pour faire étudier les orphelins, une réparation pour construire des logis pour les sans-abris victimes survivantes de ce mal absolu.«Oui, la justice injuste, car une justice sans réparation est une injustice de plus qui nous est faite par les Nations Unies et la Communauté internationale. Nous devons vivre pour nous tendre la main et nous faire vivre les uns les autres. Nous n'aurons jamais personne que nous-mêmes. Nous avons le devoir de tenir. Ne nous trompons pas d'ennemis. L'ennemi de l'homme et de nous-mêmes n'est pas seulement le bras qui a découpé les nôtres, mais celui qui a pensé, celui qui a planifié, celui qui a financé, mais aussi celui qui ne veut pas entendre parler de notre reconstruction et de notre réparation. Vivons malgré tout ce monde.»
il faut aussi voir les deux cotés de la medaille allez visiter ce lien il y a d autres infos sur le rwanda http://www.r94.org