Deux mois plus tard, le blog était toujours vivant… 1) Moi-je et les vous autres
Dessin: © André Faber
Ça s’arrose, deux mois de blog ! En l’occurrence par un petit bilan en forme de quelques réflexions. Et autant d’étonnements aussi…
La première surprise, c’est l’emballement, l'auto-allumage par l’effet du support : facile à mettre en œuvre, on voit tout de suite l’effet, à double titre : visuellement, la parution immédiate, etc. ; et l’effet produit ainsi qu’en témoignent les réactions, variées, inattendues, voire stupéfiantes.
Donc la machine s’emballe, on se prend au jeu, il y a du retour, des idées qui circulent, des compléments apportés, de l’engueulade et tout, comme dans la vie. Alors, on… Non, j’arrête avec le « on », ce con. Je me suis donc laissé aller à cette sorte d’énergie interne au « système blog » – comme quoi le média conditionne bien le message.
Pris au jeu donc, voilà qu’il me bouffe temps et esprit – temps surtout, parce que ça se décompte ! L’esprit, ça peut s’additionner – ça peut.
Le temps, soit, j’en ai assez en ces jours de disette journalistique… Mais temps qui paie, ben oui, là, euh !…
Donc, c’est beau comme la gratuité. Pourvu que ça dure aussi.
Autre étonnement : le grand bazar des « commentaires » dont plusieurs m’ont laissé sur le cul. Ça va de rumeurs sur les « ailes en bois » de l’Airbus-380… jusqu’à des contresens quant à l’interprétation de mes laïus… On a beau se convaincre que le sens de la communication (je parle pas ici de la com’ – d’ailleurs je distingue toujours entre com’ et communication) est donné par la réponse… tout de même, des fois, on s’ demande !
Mais grande richesse aussi et réactivité stupéfiantes ! L’autre jour, je finis juste un chorus, clic, j’envoie, clac, aussi sec : le jazzeux pointu qui me dit, hé mec, t’as oublié Rhoda Scott. C’était vrai. Merde, la honte !
Et avant, il y avait eu cette histoire du tsunami sur la Promenade des Anglais, reconstitué par un visiteur pour les besoins de la cause anti-bidonnage. C’était la suite du coup de "Paris Normandie", piégé par une photo venue de Chine en passant par la galaxie internet où elle avait enflé comme un raz de marée… Du journal rouennais, pas de réactions directes, sinon quand même, récemment, celle d’un journaliste de là-bas me traitant de moralisateur, de gourou et même de planqué derrière un bureau…
N’empêche, le Palmarès des Pantoufles de Presse commence à faire rigoler – autrement que jaune – dans certaines rédactions; signe que la critique peut ne pas être mortelle. On peut même parier sur sa nécessité salutaire ; après tout, c’est la fonction «naturelle» qui est dévolue à la presse dans une démocratie qui se respecte. On ne voit donc pas en vertu quoi la presse échapperait à la bonne critique.
« C’est pour dire » m’a aussi permis de retrouver des perdus de vue, parfois de longue date : Isabelle Cabut et sa « Gueule ouverte », Jiho, auteur de ma caricature, qui a un site www.jiho.net; un de mes anciens étudiants du CFJ, journaliste à Télérama (Antoine Perraud) ; une dame aussi, je ne vous en dis pas plus… [là, personne ne peut vérifier et j’atteins donc la limite inférieure du système-blog…].
Quant au journaliste, et formateur de, il se délecte du «moi je», se joue de l’objectivité comme des titres courts, s’alanguit dans des phrases bizarres, se permet des états d’âme, livre ses impressions, ses commentaires en direct, s’essaie à l’auto interview – oh, l’horreur ! –, ne commence pas forcément ses papiers par le «début», encore moins par l’essentiel, les 5-WH, et tout le dogme. Bref, il plonge sans vergogne dans le journalistiquement pas correk’ et boit ainsi son petit lait qu’il partage avec son chat.
MAIS, mais il reste très pro – enfin il essaie : sur les faits autant que possible ; sur la qualité (si si, j’insiste) de l’écriture, même quand elle tord le cou aux sbires de l’académie; sur l’éthique (respect des personnes, pas forcément des fonctions) ; sur le désir de «parler à, avec, pour partager» et viser le mieux vivre ensemble… J’arrête, ça va jaser…
Ah ! oui, à propos de jazz… : c’est ma marotte d’enfer. Pas très «média» a priori. Détrompez-vous : tout ça c’est de l’écriture, de la parole, du rythme, du rapport au monde et aux autres. Un air de blog, je vous dis.
→ POUR SUIVRE, ci-dessous : Un florilège de commentaires reçus.