JOURNAUX. Entre « gratuits » et internet, l’étau se resserre
Pas d’accalmie en vue sur le front de la presse. La «mère des batailles» est encore à venir, mais s’annonce à l’horizon. Côté ouest, aux Etats-Unis, les prépayés («gratuits») s'installent dans le paysage médiatique. Le New York Times et le Washington Post s'intéressent de près à ces intrus en passe de faire leur trou. Ils ne représentent aujourd'hui que 4% du marché, mais les éditeurs sont de plus en plus nombreux à considérer qu’ils représentent l'avenir.
Parmi les lancements qui se multiplient, citons celui du milliardaire américain Philip Anschutz. Début février à Washington, il a lancé le Washington Examiner. Il a déposé le nom «Examiner» pour des titres de quotidiens dans une soixantaine de villes, comme Saint Louis ou Kansas City. Il a aussi racheté l'an dernier le San Francisco Examiner, l'un des journaux les plus emblématiques des Etats-Unis ; dans le marasme il avait dû passer au tabloïd, puis devenir gratuit.
Côté est, en se tournant vers Berlin, les diseurs de bonne (?) aventure tentent de lire l’avenir dans le «Netzeitung», littéralement «le journal du Net». Fondé en 2000, Netzeitung vient de recevoir la médaille d'argent du meilleur site d'information en ligne allemand. Avec un million de lecteurs par mois, le quotidien Internet a réussi à se hisser au deuxième rang des sites d'information les plus lus du pays, derrière «Spiegelonline» et ses cinq millions de lecteurs mensuels.
Entre les deux, sous nos yeux, c’est le quotidien économique et financier l'Agefi qui abandonne son édition papier quotidienne au profit d'un site web, d'une newsletter envoyée chaque matin par e-mail et d'un hebdo papier.
Créé en 1911, le quotidien, qui s'adresse aux professionnels de la finance, a appartenu au groupe LVMH de Bernard Arnault, puis à Philippe Micouleau, avant d’être racheté en 2000 par Artemis, la holding familiale de François Pinault (PPR).
Tout cela n'est pas sans rappeller l’analyse récente d’un certain McGregor, intitulée «Les Journaux sont foutus, vive les journalistes !».
L’AMF goûte peu l’ambiguïté de François Pinault. Ce dernier, qui expliquait mardi que « toutes les options restaient ouvertes » quant à une possible OPA de sa holding Artémis sur le groupe Suez, se voit contraint de clarifier sa position