Chirac-TFI. Une épreuve très… éprouvante
Bon, je viens de me taper les deux heures de Chirac sur TF1 face à 80 jeunes… Une épreuve pour tout le monde, on dirait.
En tant que spectateur, fallait tenir : banalités, poncifs même, répétition d’un message simplet – N’ayez pas peur ! – et pour le moins réchauffé, jusqu’à… congé- lation, depuis le temps, le pape, etc. Le président s’est imposé l’exercice comme une sorte de performance de la dernière chance pour prévenir la débâcle ; il n’en avait pas la carrure, je crois bien : méconnaissance du projet de traité et, donc, incapacité à l’expliquer, sinon à le défendre, autrement que sur la base de « croyances » et de « convictions » assénées jusqu’à plus soif ; incohérence de l’argumentation consistant d’une part à montrer que tout va bien dans cette Europe merveilleuse – la plus ceci, la plus cela, alors qu’ajouter encore ? –, et que d’autre part tout irait encore bien mieux sur l’air de l’union fait la force. Mais la force de quoi, au profit de qui ?
En tant que public invité, ces jeunes visiblement désabusés par la faible tenue des échanges, alors qu’eux, dans l’ensemble, avaient des demandes très réelles, concrètes – chômage, précarité, incertitudes multiples. Autant de vraies préoccupations en général bien exprimées compte tenu du cadre impressionnant et de la pression générale mise sur les conditions d’organisation. Le principe n’était pas si mauvais, finalement, et je ne vois pas en quoi des journalistes patentés auraient pu ajouter à ce jeu de passe-plat. Delarue a joué au pète-sec, Chain a voulu faire le malin, il n’a été que lourdingue, Fogiel a fait du Fogiel, ce qui suffisait bien, et PPDA pareil.
Le pire rôle revenait en effet à l’invité-vedette, qui l’a bien cherché. Après un démarrage de marchand de sable sous forme d’un topo ex cathedra modèle Raymond Barre-1978, il lança d’emblée son message de com’ pour le décliner ensuite en méthode Coué. Il fut sauvé de l’asphyxie par une main charitable tendue par la première de la classe venue vanter les bienfaits des mannes européennes déversées en leur temps sur l’Espagne et le Portugal. Ouf ! Ce qui n’a toutefois pas empêché Chirac de replonger ensuite dans ses baratinades, farcies de « naturellement » son adverbe de prédilection servi à doses particulièrement intenses – au moins une trentaine de fois, record battu.
Mais le « débat » ? L’échange annoncé sur la fameuse éventuelle constitution ? Rien de plus à l’arrivée, sinon plus de confusion encore, plus d’incertitudes, plus d’interrogations dubitatives. Ça se lisait sur les visages des participants. Oui, ça au moins, à la différence du projet de traité, ça se lisait.
La critique est toujours plus facile que l’action !
Néanmoins la France et le peuple Français n’a pas à pleurer de morts en Iraque.
L’humanisme de notre président actuel, peut-être le regretterons nous un jour !
Merci Monsieur le Président.