Lalibela, Éthiopie. Cette foi qui creuse les montagnes mais ne nourrit pas les miséreux
Carnet d’Abyssinie (26/10/05)
Des bribes de mon voyage dans la corne de l’Afrique. Pour autant que la technique le permet… Sans trop d’images ni de mise en page.
[dropcap]Je[/dropcap] dors peu. A peine cinq heures par nuit. J’irais bien jusqu’à accuser les oranges d’ici, hyper-vitaminées peut-être. Mon excitation est plus profonde ; elle tient à ce pays que, par facilité première, je qualifierais d’incroyable ; au sens où je n’en crois pas mes yeux. L’Éthiopie, ce pays des « visages brûlés » (Ethiops, en grec) m’empêche de dormir. En moins d’une semaine, il m’a mis sens dessus-dessous ; je crois bien avoir déjà vécu un mois : une sorte de surdose. Je suis donc stupéfait. Mais de quoi ?
Un des soucis du journaliste : par où et par quoi prendre la bête ? Le bonheur alors est d’avoir l’embarras du choix, signe qu’on n’a pas aplati son sujet, que plein de facettes surgissent, qu’on tient le diamant…
Donc, j’en étais à remuer tout ça dans ma nuit agitée quand l’appel du muezzin, mêlé au chant des coqs (innombrables dans la ville, en plus des chiens et leurs aboiements), m’a tiré du lit – quatre heures pile. Muezzin ? A Addis-Abeba, en pays plus chrétien que chrétien, avais-je bien entendu ? Pris dans sa brume matinale, le vieux voyageur de l’Afrique sahélienne aurait-il été rattrapé par quelques réminiscences ? Il ne réalise pas encore qu’il a débarqué en cette terre post-biblique de résistance à l’envahisseur arabe et musulman. La menace venait (vient ?) par le nord, ou bien par la mer Rouge, à l’est, avec l’Arabie juste là, à une portée de boutre. Et l’histoire – chargée, épique, héroïque – de l’Éthiopie est intarissable sur le chapitre. Ses traces en sont même monumentales, et quasiment démentielles. Je reviens précisément du front nord, de Lalibela, à quelque 800 km de la capitale.
C’est le pays Amhara, celui des sources du Nil bleu et de la langue aujourd’hui dominante, l’amharique. Un historien africaniste, que je ne suis pas – j’en connais –, nous embarquerait dans la grande Aventure antique passant par le royaume d’Axoum. Il nous parlerait de ce roi et saint, « reconnu par les abeilles », selon le mot même de Lalibela. On ne s’en sortirait pas sur un blog…
Voyons le visible actuel : renversant. En effet, si la foi soulève les montagnes, à Lalibela, elle les a creusées. Tandis que notre Occident oeuvrait, et comment !, à nos cathédrales, ici, à coups de pics et de haches, des églises monumentales ont été taillées dans la roche. Alors que nos cathédrales s’élevaient vers le ciel, les onze églises de Lalibela surgissaient du dedans de la montagne.
Le procédé a été reconstitué : on commençait par creuser les tranchées extérieures délimitant le volume brut de l’église. La taille du monument s’effectuait de haut en bas (un autre monde, à l’envers du nôtre). À partir du bloc dégrossi, les ouvriers élaguaient les pilastres, ouvraient des fenêtres, puis pénétraient dans le roc et procédaient à la taille des plafonds, coupoles, nefs, croix, piliers, arcs, chapiteaux, marches, tombeaux, créant de l’intérieur, une église complète, « normale ».
Le lieu laisse pantois. D’abord sur le plan architectural, en termes de conception : il a fallu aussi maîtriser l’orientation (vers Jérusalem), les pentes et l’écoulement des eaux de pluie, l’évacuation des alluvions. Il fallait aussi s’adapter à la qualité variable de la roche – un grès assez tendre, depuis durci par les siècles. (La région est volcanique et on y marche souvent sur de la lave brunâtre). Sur le plan technique il aura fallu aussi s’adapter à une relative imprécision due au matériau et à ses irrégularités.
Mais c’est par la dimension humaine que ces églises monolithes expriment le plus fortement leurs mystères. On n’ose imaginer les chantiers pharaoniques – d’ailleurs, comment ne pas penser aux temples égyptiens ? –, la peine des ouvriers ainsi exploités au nom de Dieu et au profit de qui, de quoi ? Je pense aussi à la souffrance des animaux et à ces ânes martyrs qui, aujourd’hui encore, bâtés de tôles grossières et bruyantes, colportent des tonnes de pierres destinées aux routes ou à la construction.
La foi donc, comme mystère constitutif de la condition humaine. Ici d’impressionnants sarcophages surgis des entrailles rocheuses, là des pyramides insurmontables, là encore des temples ou des pardons, comme avant eux, depuis des temps immémoriaux, dolmens, menhirs, taulas et autres mégalithes totémiques.
Mais que ne commet-on au nom de l’espérance plus ou moins aveuglante ? Là tout autour de ces monuments sublimes, la misère s’étale, insupportable. Une chose est la pauvreté – et l’Éthiopie est pauvre, ça oui ! –, une autre est la misère, celle qui abaisse l’homme plus bas que terre, plus bas que les fosses aux églises glorieuses. L’Afrique se distingue à cet égard. L’Éthiopie peut-être plus particulièrement – il y a du monde sur le podium.
Ils sont là, comme en d’innombrables cours des miracles, ces mendiants infra-humains, aveugles, estropiés en tous genres, fous hagards, malades mourants, affamés. Et ces enfants à la rue, en guenilles, pris par la fièvre, mourants ! Allez soutenir leurs regards, ne pas vous dérober à leurs plaintes, leur faire l’aumône, les prendre… en photo ?
Que faire ? Auprès de qui protester ? Plus des trois quarts de l’humanité ploient sous la souffrance, en deçà du minimum vital. De retour à la capitale, les choses sembleraient se diluer, paraître plus soutenables. Illusion des façades un peu chics, des avenues datant du fastueux et féodal Négus – déchu en 1975, j’y reviendrai –, puis retouchées à la mode stalinienne par son assassin et successeur, Mengistu.
Voilà pour la frime, grimée de modernité, de bizness tapageur, de corruption avancée, de pollution politique avec élections truquées. Un monde qui roule carrosse 4x4, tandis qu’à terre, par terre, sous terre bientôt, tout un peuple de miséreux hante les rues, s’amasse dans des bidonvilles. Les témoignages concordent pour dénoncer une régression accentuée ces dernières années. Il n’y a pas de statistiques mais le chiffre de 40 % de chômeurs est avancé comme hypothèse basse.
Et ils viennent sans cesse grossir le flot terrible de l’injustice galopante. Les chiffres ignorent tout ça, quand bien même ils recenseraient cette misère du monde, ici tellement criante – non : gémissante, c’est bien pire.
(à suivre)
Gérard Ponthieu, en Abyssinie
PS. Mon « muezzin » du petit matin aurait pu être, si ce n’est l’heure, un officiant chrétien orthodoxe... Car le clocher a vaincu le minaret. Par quel cheminement ou mimétisme les religieux chrétiens en sont-ils venus à ce même appel à la prière par haut-parleurs interposés ?
j ai eu une revelation mon reve est de me faire batiser dans le pays du christ vivant c a dire l ethiopie lalibela les onze eglises le palais du roi des rois la grotte de maryam. . encor un reve que je veu realiser beni soit tu terre promise .que les anges protege ce qui me touche c que les ethiopiens certain ne s avent pas qu ils detienne le royaume de dieu et le reste du monde aussi qui ny la verité et voler l histoire du christ noir j ai honte et en meme temps je me dit que je suis milliardaire en esprit de grace aux christ roi des rois ma redempter et sauver des morts et depuis vingt ans je vie sous sa protection et joie intense il me reste plus qu a rendre visie a son histoire vrai que renferme l ethiopie jhaguide a tous