Grâce à un lecteur, Le Monde reconnaît ses erreurs… et celles de Sarkozy
La médiatrice du Monde n’a pas volé sa paie ni son rôle avec sa dernière chronique pudiquement titrée « Alerte » [24/02/07]. Concernant l’épineuse question de l’indépendance de la rédaction en période présidentielle, Véronique Maurus ne tourne pas longtemps autour du pot. Médiation oblige, elle s’appuie pour cela sur des objections de lecteurs (nombreux) et en particulier de l’un d’eux : « Il est acquis une fois pour toutes, note le docteur Élie Arié (Paris), que Ségolène Royal, étant une femme, est forcément incompétente : Nicolas Sarkozy peut, dans la seule émission sur TF1 du 5 février, parler de la moitié des salariés français qui gagnent le smic (le chiffre est de 17 %), du baril de pétrole à 90 dollars (il n'a jamais dépassé 78 dollars), de l'inflation qui était autrefois à 24 % en France (elle n'a jamais dépassé les 14 %), ce n'est pas lui qu'on traitera d'incapable. "
« Vérification faite, reprend Véronique Maurus, M. Arié a raison, et Le Monde n'a pas relevé ces erreurs. Il n'a pas non plus tenté de chiffrer le programme du candidat UMP avant que Mme Royal ne soit accrochée sur ce thème, le 13 février - soit un mois après le discours d'investiture de M. Sarkozy. L'expertise à l'égard de ce dernier a porté sur ses relations avec la police, les fonctionnaires ou les syndicats, son QG, sa présence dans les banlieues, etc.
« Fait aggravant, poursuit la médiatrice, ces articles de critique, publiés avec retard (comme les dossiers par thème), accompagnent rarement les comptes rendus de campagne. Surtout, de même que les " démontages ", les reportages de terrain et les analyses, ils apparaissent dans d'autres parties du journal et ne sont donc pas assimilés par les lecteurs à la couverture politique stricto sensu. " Les informations éclairantes sont là, relève l'écrivain Jacques Gaillard, mais distillées comme à la dérobée, dans un coin, dans un supplément économique ou à quatre pages de celles relatant la campagne, tout en restant absentes des éditoriaux et des articles de fond. " Résultat : " En lieu et place d'une information critique et d'une analyse véritable ", la presse propose, " malgré elle ", dit-il, une " caricature ". »
Faute avouée… Notons tout de même que cette chronique paraît trois semaines après l’émission en question
Je ne sais si c’est un effet des réactions très intéressantes des abonnés du « Monde » à cet article, mais, quatre jours plus tard, paraissait dans « le Monde » un article recensant les principales « bourdes » de Sarkozy, Royal et Bayrou, dont les 3 de Sarko signalées dans ma lettre à la Médiatrice.
Il reste à la tenir à jour (récente erreur de Sarkozy sur le nombre de sous-marins nucléaires français et sur son ignorance de la direction exclusivement chiite d” Al-Quaïda).