J moins un. Et en plus, on ne devrait pas diaboliser le diable ?
De tous côtés on nous dit que « c’est plié » ! Depuis qu’on nous le rabâche… L’autre jour sur France Inter encore, « c’est plié » a conclu une journaliste après une analyse de sondologue (Roland Cayrol), qui venait de montrer le contraire ! Et on replierait les gaules, comme ça, sur ordre de l’air dominant ?! Elle se bat avec acharnement, jusqu’au bout de l’engagement, dans une lutte magnifique. Serait-ce bien le moment de chipoter face à un choix aussi vital, aussi chargé d’enjeux de fond, aussi lourd d’avenir ?!
L’autre truc de défaitiste à la mode, ce serait de s’interdire de diaboliser… le diable. Pas le moment de donner dans la dentelle! Faudrait-il donc analyser en finesse, démêler le pourquoi du comment face à la sauvagerie qui s’annonce? J’assume le mot : les gros qui bouffent les petits – parce qu’ils sont ou se disent plus forts, parce qu’il s’arrogent le droit de la force brute… oui, ça relève du monde sauvage, celui de l’animalerie primaire. S’extraire de cette férocité animale, c’est précisément s’élever à la condition humaine. Précisément ne pas céder au darwinisme social des Pinochet, Reagan, Thatcher, Aznar, Berlusconi et la cohorte à l’œuvre au noir des néoconservateurs de Bush et de ses émules – dont le plus à l’affût plane aujourd'hui sur nos têtes.
Comme en un tour de bonneteau, le diable a quelque peu rogné ses cornes. Du moins les a-t-il rentrées depuis deux jours. Depuis que ses stratèges de com’ l’ont enjoint de faire le dos rond. Je le vois hier, d’un ton soudainement patenôtre, après sa prière scénarisée à la Résistance…, donner pour les caméras des leçons d’apaisement à Ségolène Royal. Il a pris à son compte, le mot à base de « paix », comme s’il l’incarnait, lui, le grand rupteur, le rapteur de Jaurès et de Blum, d’Hugo et de Camus, lui le karchériste, le détonateur des banlieues, lui le surexcité hystérique, l’impatient violent, lui le mégalomane grave !
Voilà que je m’énerve à mon tour… Non « je ne m’énerve pas, je suis en colère, je suis révolté(e) !» De la colère j’en éprouve, de la révolte aussi, comme pour me protéger de la tristesse redoutée. Et du dégoût. Celui, par exemple, que m’inspire cette séquence télé : Le dégraisseur de mammouth sort de chez Sarkozy (siège de campagne) par une petite rue, à la dérobée. On le voit de dos, pachidermique, pressant le pas, sentant le danger venant de derrière. Et pan ! : rattrapé et pris par une caméra la main dans la confiture. Pas l’air con, tiens ! Et de bredouiller comme un gamin : « Euh, je venais voir Fiillon, … euh, mais l’était pas là ». Ça dépasse en traîtrise le niveau Besson, c’est peu dire. Dans un registre bien décalé aussi, cette photo dans Libé du jour : Glucksmann haranguant la foule de Bercy, aux côtés de Rika Zaraï et de Villepin… Vieillir, passe encore, mais mourir (politiquement).
Voilà, c’était… pour dire. Dire, s’exprimer, bon sang ! Et comment ! Et ne pas s’en priver. Jamais. Rester debout. Un impératif catégorique. Question de santé – personnelle & démocratique, individuelle & collective : l’articulation du je-nous, comme dit mon pote Joël. Un système plus ou moins arthritique qui appelle à un minimum d’exercice antirouille, le minimum de l’engagement citoyen : voter. Et tant qu’à faire, voter « comme il faut ». Avec un dessein, une ouverture au monde et à la démocratie. Je sais, même le diable dit ça.
Exprimons nous ! Alors quelques banalités :
tant que le vainqueur n’est pas élu, il n’est pas vainqueur,
depuis 25 ans environ, le deuxième du premier tour est l’élu du second,
au nom de quoi une élection serait elle gagnée d’avance pour faire plaisir à ceux qui pense faire la pluie et le beau temps des tendances parisiennes ?
Pour moi, la candidate a autant de chance que le candidat…Alors :
Nous verrons dans 24 h…