Le rêve puéril d’un Mickey de Neuilly
Une sorte de dégoût. Non, pas une sorte : un dégoût, un vrai. Sans l’ami Faber, « c’est pour dire » serait KO. Lui aussi, le Dédé a du mal, d’ailleurs, du bout de son crayon pourtant bien affûté ; de la peine, le mot n’est pas trop fort. Comme si la souffrance du monde ne suffisait pas à terrasser ce qu’on nomme l’actualité. Non, elle s’en nourrit, avide, goulue. Voilà donc le Spectacle, le Spectacle de tout et du « tout à l’ego » comme dit Régis Debray, la voilà cette obscénité du paraître et du pognon – le showbiz pour tout dire – portant l’injure à son sommet.
Des sans-logis sont jetés à la Seine – j’exagère à peine, voir Libé du jour et cette photo de Martin Choutet, militant des Don Quichotte, « tombé » à l’eau – tandis que la sarkozie indécente se pavane là, en Disneyland, arborant sa dernière emplette au magasin du pouvoir trépignant. Ça me rappelle tellement la récente sortie du cher Alain Delon : “Un tableau, c'est comme une femme. Il me plaît, je le veux”. Capricieux vieux ados infoutus de mûrir et déjà si blets. A en douter des femmes, de celles-là plutôt, excuses aux autres, les belles du dedans autant que d’elles-mêmes, de celles que l’on croise en tout lieu, et aussi rue de la Banque, pas que les Carole, Josiane, Emmanuelle. Mais aussi les Josette et les Fatimatou, et toutes ces Mères Courage, héroïnes modernes et anonymes.
Lui, déjà si petit en candidat, qui avait préféré le Fouquet’s – on a le Panthéon qu’on peut – pour y disperser au peuple cathodique les paillettes d’une victoire-défaite. Puis ce yacht m’as-tu-vu pour une croisière de beauf. Puis ce programme de tour-operator dans le bush étatsunien. Et aussi ce jogging - tee shirt - NYPD… Le rêve américain, hier bouclé à Marne-la-Vallée, rêve puéril d’un Mickey de Neuilly, ce gosse de parvenus, ce lèche-cul faisant copain-copain avec l'affreux Jojo de Libye.
À tout cela j’aimerais opposer une sereine indifférence. Mais j’ai la gerbe ! S’il ne s’agissait que de cette étalage indigne… La liste s’allonge de jour en jour : tous ces chantiers de démolition sapant par le fond des siècles d’Histoire burinée. « Plus de tabous ! », clame-t-il à tout va et dans son désir de déstructuration totale.
J’en deviendrais conservateur face à cette démolition-là, à cette inculture, à ce déni de l’acquis. On aura tout dit d’eux : de Gaulle, Mitterrand, Chirac même… Mais rien d’une telle bassesse, d’une telle vulgarité. On n’a tout de même pas viré les aristos (il est vrai revenus par les fenêtres) pour mériter un tel affront ! Au secours, nos grands hommes et femmes d’alors et d’aujourd’hui ! Tant de figures à ressusciter qui, pourtant, ne dorment pas si loin, quand elles ne veillent pas en chacun de nous, du songe toujours vif de nos héros d’école. Jean Valjean, dites, c’était pas Oncle Picsou ! Et Gavroche, pas rien qu’une «racaille » des faubourgs !
Non, pas morts, ces héros là. On en croise encore, même dans les séquences spectaculaire du monde, même filtrées dans les lucarnes ou sur la toile, face à Notre-Dame comme hier – salut Hugo –, ou au Guillevinec l'autre fois, dans la gouaille d’un pêcheur. Comme du haut des barricades.
Pour savoir qui est notre Président…relisez, relisez sans celles la fable du Grand LAFONTAIRE : « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf ».. Vous comprendrez tout ! Espoir, espoir, quand donc éclatera-t-elle ?? Ne faudrait-il pas l’aider une peu ?