« Le monde selon Monsanto », l’histoire cachée des OGM
Arte diffuse, ce soir mardi 11 mars à 21h, un documentaire sur Monsanto – à charge mais fouillé.
Disons-le d'emblée : le documentaire de Marie-Monique Robin sur Monsanto, leader mondial des OGM, est violemment à charge. Et c'est là son principal défaut. Il confortera dans leurs camps retranchés respectifs les pro- et les anti-OGM, les seconds stigmatisant la multinationale faisant son OPA sur les semences de la planète, les premiers dénonçant le caractère partial du film. On imagine d'ailleurs aisément que l'entreprise, experte en stratégie et communication, a sciemment refusé d'y participer pour mieux en dénoncer la crédibilité.
Il ne faudrait cependant surtout pas s'arrêter à cette critique. Car la journaliste a mené une enquête fouillée, s'est procuré des liasses de documents confidentiels et a rencontré aux États-Unis nombre de protagonistes de premier plan qui ont eu maille à partir avec Monsanto : scientifiques, personnalités politiques, membres d'ONG et surtout responsables des autorités chargées de la réglementation.
Se dévoile ainsi l'histoire de Monsanto qui, avant d'être une multinationale des biotechnologies, fut l'une des plus grandes entreprises chimiques prospérant avec la vente de produits hautement toxiques (PCB, dioxines, agent orange...) en masquant leurs effets délétères - on en apprend beaucoup plus sur le passé de Monsanto dans l'ouvrage que publie l'auteur (Ed. La Découverte).
On découvre aussi comment Monsanto a su inspirer, pour ne pas dire dicter, l'absence de réglementation sur les cultures transgéniques. Dans une étonnante convergence de points de vue entre industriels et dirigeants politiques américains, républicains et démocrates, le fulgurant développement attendu des biotechnologies et la suprématie américaine en la matière ne devaient en aucun cas être entravés par une réglementation tatillonne. Les autorités réglementaires s'employèrent avec zèle à exaucer ce voeu et à tenter d'imposer les OGM sur la planète.
>>> Un site a été ouvert sur/contre la firme agro-chimique : http://www.combat-monsanto.org
Pour rappel : Marie Monique Robin avait réalisé un reportage sur les trafics d’organes, « Voleurs d’yeux », qui lui avait valu, en 1995, le prix Albert-Londres. Son travail avait été violemment attaqué, Marie Monique Robin accusée de bidonnage, au point que son prix avait été suspendu – mais, après enquête confirmé.
Elle en parle dans L’Humanité :
http://www.humanite.fr/Marie-Monique-Robin-grand-reporter-sous-pressions-mediatiques