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Cuba. Le Prix Sakharov à Guillermo Fariñas excite la « bienveillance » de Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon a préféré quitter l'hémicycle du Parlement de Strasbourg plutôt que d'assister,  mercredi 15 décembre, à la remise du prix Sakharov au dissident cubain Guillermo Fariñas, empêché par la dictature castriste de quitter l’île. Comme lors de la remise du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, cinq jours avant, la cérémonie s'est déroulée devant une chaise vide.

 

Chaise vide pour le Prix Sakharov (Pn. Parlement européen)

L’auteur de Qu'ils s'en aillent tous ! a déclaré à l’AFP : « Le Parlement européen est embrigadé dans des croisades anticommunistes qui m'exaspèrent. Ça ne veut pas dire qu'on approuve l'emprisonnement, ça veut dire qu'on désapprouve la manière dont le Parlement est bienveillant pour des dictatures fascistes, et malveillant vis-à-vis du camp progressiste. »

Et le « camp progressiste », selon Mélenchon n’est autre que cet aimable club regroupant notamment Cuba, la Chine et le Venezuela de son ami Chavez. Attitude symptomatique chez les trotskistes d’un jour ou/et de toujours (le leader du Parti de gauche fut membre actif de l'Organisation communiste internationaliste).

À propos des relations entre la France et la Chine, Mélenchon écrit dans son livre : « Il y a entre nous une culture commune bien plus étendue et profonde qu'avec les Nord-Américains. Les Chinois, comme nous, accordent depuis des siècles une place centrale à l'Etat dans leur développement. Dans leurs relations internationales, ils ne pratiquent pas l'impérialisme aveugle des Américains. La Chine est une puissance pacifique. Il n'existe aucune base militaire chinoise dans le monde. (...) La Chine n'est pas intéressée au rapport de forces de cet ordre. »  De cet ordre, admettons… Mais dans l’ordre de la démocratie ?

Concernant le Prix Sakharov décerné au dissident cubain Guillermo Fariñas, la question ne concerne pas d’abord le Parlement européen ; il s’agit de dénoncer une dictature « communiste ». Ce que refuse de faire Mélenchon sous le spécieux argument de l’existence de « dictatures fascistes » objet de la bienveillance européenne…  « Dictatures fascistes » versus « camp progressiste ». Poids des mots, choc des idéologies.

Rappels sur le même registre :

Avec sa femme, Helena Bonner, en 1986 à Moscou. (Ph. Wikipedia)

– Mort à Moscou le 14 décembre 1989, Andreï Sakharov était un physicien nucléaire russe, militant pour les droits de l'Homme, les libertés civiles et la réforme de l'Union soviétique. Prix Nobel de la paix en 1975, le pouvoir soviétique lui interdit de quitter le pays pour aller chercher son prix, en lui refusant son visa.

Liu Xiaobo (Ph. Wikipedia)

Liu Xiaobo est un écrivain chinois de 55 ans, professeur d'université et lui aussi militant des droits de l'homme. Le 8 décembre 2008, il est arrêté et emprisonné pour avoir signé la Charte des écrivains. Il a été condamné à 11 ans de prison pour subversion. Le 8 octobre 2010, le prix Nobel de la paix lui est attribué pour ses « efforts durables et non violents en faveur des droits de l’homme en Chine. » Liu Xiaobo n'a pas pu se rendre à Oslo, le 10 décembre 2010 pour recevoir son prix. Sa chaise est restée vide, aucun de ses proches n'ayant pu effectuer le déplacement.

Guillermo Fariñas, 48 ans, est un dissident cubain, directeur de l'agence de presse cubaine Cubanacan Press financée par des anti-castristes et par les Etats-Unis. Il a mené plusieurs grèves de la faim, dont celle de février à juillet 2010, qui aura contribué à faire  libérer une cinquantaine de détenus politiques malades.

> Voir sur C’est pour dire : Article et interview de Fariñas

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8 réflexions sur “Cuba. Le Prix Sakharov à Guillermo Fariñas excite la « bienveillance » de Mélenchon

  • Si la Chine n’a effec­ti­ve­ment pas de bases mili­taires à l’é­tran­ger, elle se consti­tue à grande vitesse des bases éco­no­miques qui ne sont pas toutes à visée d’a­mé­lio­ra­tion des condi­tions de vie de ses habi­tants. Du moins de son pro­lé­ta­riat… dont on connaît les condi­tions de tra­vail à tra­vers ses reven­di­ca­tions qui com­mencent à émer­ger. A tra­vers les nom­breux acci­dents aus­si, notam­ment dans les mines. La Chine pro­cède ain­si à l’a­chat de site de pro­duc­tion de divers mine­rais sur le conti­nent afri­cain (et d’ailleurs), mais aus­si de pro­duits semi-fac­tu­rés. Ce fai­sant, l’ex empire du milieu devient un pays/​continent de sto­ckage pour le futur. Une sorte de place cen­trale pour les pétroles de demain… Il se dit, dans des milieux sérieux, que le « car­ton », pro­duit auquel je n’au­rai pas pen­sé de prime abord, fait par­tie du lot. Comme quoi le tigre de papier prend de la consis­tance. A la mort du pétro­dol­lar, le car­to­nyuan embal­le­ra-t-il le monde ?

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  • Dany Bruet

    Ah bon, il n’y a que Mélenchon qui a quit­té l’hémicycle ?
    Il n’y a pas eu quelques dépu­tés socia­listes pour lui emboi­ter le pas ?
    Sur le blog de Mélenchon on peut lire ceci :
    « Je n’ai pas vou­lu être asso­cié si peu que ce soit à la céré­mo­nie d’attribution du prix Sakharov. Pour la troi­sième fois en sept ans, il s’agissait de « rendre hom­mage » Bla Bla Bla à un oppo­sant cubain anti cas­triste. Ces attri­bu­tions obses­sion­nelles, à répé­ti­tion, à des anti cas­tristes sont le fait d’un comi­té com­po­sé des seuls pré­si­dents de groupe. Le but est de pure pro­pa­gande. Le par­le­ment ne vote jamais donc sur les lau­réats. Nous sommes seule­ment invi­tés pour applau­dir et entendre des nobles paroles. Cette fois-ci nous savions que nous allions être réga­lés de cou­plets contre le « com­mu­nisme sau­vage » et diverses prières au Christ « pre­mier dis­si­dent ». Ce fut bien le cas. Et ce par­le­ment en rang ser­ré applau­dis­sait. Pas moi. Je suis sor­ti de la salle comme tous mes col­lègues du Front de Gauche fran­çais. Comme plu­sieurs socia­listes fran­çais éga­le­ment. Je per­siste et signe. Ni cette fois ci ni aucune autre je ne me lais­se­rai prendre au pré­texte de la défense des droits de l’homme pour cau­tion­ner une pure opé­ra­tion de pro­pa­gande de nos adver­saires de droite et sociaux démo­crates lati­nos qui n’en sont qu’une varié­té com­por­tant un nombre consi­dé­rable de cor­rom­pus et d’assassins. Ce genre de ges­ti­cu­la­tions est exclu­si­ve­ment des­ti­né à leur don­ner la belle pos­ture de défen­seurs intrai­tables de ces droits de l’homme dont ils sont en véri­té de constants adver­saires sur le ter­rain. Le choix du par­le­ment euro­péen ne sert qu’à don­ner des pré­textes et de la légi­ti­mi­té sup­plé­men­taire à leur sale pro­pa­gande en Amérique latine. Que cela vienne de ce par­le­ment pré­ten­tieux, et si cruel en matière d’échanges inter­na­tio­naux notam­ment avec l’Amérique du sud, aggrave le cas. Le Parlement euro­péen devrait plu­tôt avoir honte et deman­der par­don à la décla­ra­tion uni­ver­selle des droits de l’homme. Car il n’a même pas eu une minute pour voter une condam­na­tion du coup d’état au Honduras ! Depuis, plus de deux cent per­sonnes ont été per­sé­cu­tées, assas­si­nées ou tor­tu­rées dont sept jour­na­listes. Ce n’étaient pas des défen­seurs de la liber­té en chambre type Quatremer ceux-là ! Ce par­le­ment n’a pas eu une seconde pour affi­cher la moindre soli­da­ri­té avec le pré­sident de l’Equateur après que la police de son pays lui a tiré des­sus et l’a séques­tré. Ce par­le­ment n’a pas man­qué une occa­sion de mani­fes­ter son insup­por­table « deux poids, deux mesures ».

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  • Dominique Dréan

    Et la série des indi­gna­tions sélec­tives n’est évi­dem­ment pas close par cette ébauche de liste : Dans quel « tiroir » ran­ge­rons-nous un régime qui condamne un cinéaste à 6 ans de pri­son et lui inter­dit d’exer­cer son art pen­dant 20 ans ?
    Je pro­pose qu’on ne l’ou­blie pas trop vite.
    http://​www​.fran​ce​cul​ture​.com/​2010 – 12-21-france-culture-soutient-jafar-panahi.html

    Dira-t-on dans ce cas qu’il ne faut pas s’en prendre à cette dic­ta­ture reli­gieuse sous pré­texte qu’il existe des dic­ta­tures laïques éga­le­ment stupides ?

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  • Osvaldo Guttierez

    Je me demande si la peur de paraitre de droite n’empeche pas les gau­chistes d’être de gauche. Ou bien les « revo­lu­tion­naires » d’être vre­ment revo­lu­tion­naire (sans guiiemets)

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  • Gérard Ponthieu

    @ Dany. Je ne dis pas que seul Mélenchon a quit­té l’hé­mi­cycle. Seraient-ils qua­rante à l’a­voir fait, la ques­tion reste ouverte : le cas­trisme est-il ou non une dic­ta­ture ? Mélenchon semble dire que non, sans le dire vrai­ment… Toujours cet embar­ras à ne pas paraître plus à droite que… (voir le com” d’Osvaldo) Que le Parlement euro­péen le soit, à droite ; et que même Farinas le soit aus­si (car « finan­cé par les yan­quis »), est-ce que ça change pour autant la nature du régime cas­triste ? C’était pareil pour Soljenitsine et l’URSS, tan­dis que Sakharov était pro­gres­siste. Qu’est-ce qui empê­che­rait, sinon l’i­déo­lo­gie, Mélenchon de dénon­cer à la fois l’in­dif­fé­rence affi­chée des par­le­men­taires euro­péens à l’é­gard du Honduras et de l’Équateur tout en sou­te­nant les défen­seurs des liber­tés à Cuba ?

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  • Gérard Ponthieu

    @ Dominique. Bien sûr. A pro­pos de Jafar Panahi, on note­ra que c’est aus­si et encore une chaise vide qui l’a repré­sen­té à Cannes en mai der­nier lors de la céré­mo­nie d’ouverture du festival.

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  • gornety

    l’an­ti­com­mu­nisme se porte bien, je vous remer­cie pour ce bul­le­tin de santé

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  • LAGUNE Bernard

    J’avais com­men­cé à écrire ça il y a déjà un cer­tain nombre de jour. Ce qui se passe en Tunisie m’a don­né envie d’y revenir.

    Ce qui importe dans l’at­tri­bu­tion des prix Sakharov et autres prix Nobel de la paix c« est leur por­tée poli­tique au moment de leur attri­bu­tion. En ce sens la liste des prix Nobel de la Paix com­porte com­porte des cri­mi­nels notoires notam­ment Henry Kissinger, non pour l’as­sas­si­nat de Salvador Allende mais pour la fin de la guerre du Vietnam. De même il est cer­tain qu’un prix « Sakharov » n’a pas été créé pour tres­ser des louanges aux pays d« Amérique du sud qui se débattent pour se déta­cher de la domi­na­tion des États Unis ou de l’UE. Cuba fut de ceux là, comme le sont peut-être aujourd’­hui le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie, le Brésil, l’Uruguay. Si le prix du par­le­ment euro­péen s« appe­lait prix « Salvador Allende » on serait peut-être moins enclin à l’at­tri­buer 3 fois en 7 ans à un oppo­sant anti-cas­triste. On peut tou­jours s’a­mu­ser à créer un clas­se­ment des dic­ta­tures. On ver­ra que c’est sou­vent très sug­ges­tif. Ainsi la Tunisie de Ben Ali n’est de toute évi­dence pas une dic­ta­ture. Pas de plu­ra­lisme de l’in­for­ma­tion, pas de liber­té d’or­ga­ni­sa­tion, tor­ture dans les com­mis­sa­riats et les pri­sons, élec­tions tru­quées, répres­sion de toutes les formes d’op­po­si­tion (orga­ni­sa­tions de défense des droits de l’homme, avo­cats défen­seurs des droits de l’homme, blo­gueurs etc…), cor­rup­tion jus­qu’au plus haut niveau de l’État (le pré­sident et sa famille), confis­ca­tion des res­sources du pays, un état poli­cier impla­cable etc.. et le tir à balles réelles sur les mani­fes­tants. Mais çà en France de gauche à droite, ça s’ap­pelle des bavures ou tout au plus des débor­de­ments regret­tables. C’est quoi la dictature ?

    Amitiés

    Bernard

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