Marina Ovsiannikova, pour l’honneur de la Russie
Pour ne goûter que rarement les unes et les titres à double tiroir de Libération, j'en apprécie d'autant celle-ci,, qui tape dans le mille. De là à mettre Poutine KO… En tout cas, admirable geste de courage de cette femme, première résistante au tsar du Kremlin. Sa libération après interrogatoire et amende ne doit toutefois pas faire illusion ; la manœuvre est assez rusée pour atténuer la portée immédiate de l'événement. Mais cette "délinquante" n'en est pas moins attendue devant les juges, antichambre probable de la prison. L'opinion russe aura pu percevoir un premier signe d'alerte, un premier dévoilement sur l'horreur déclenchée par le dictateur. L'histoire se souviendra de Marina Ovsiannikova.
Cette vidéo reprend aussi celle que Marina Ovsiannikova avait enregistrée avant son intervention ; elle y expose les raisons de son geste. À suivre également une autre vidéo montrant l'extension de l'influence russe en Afrique, où l'on retrouve à la manœuvre le fameux groupe "privé" des mercenaires de Wagner.
L’histoire se souvient timidement d’Anna Politkovskaïa qui a eu moins de chance, si on peut parler de chance…
Oui, tu fais bien de rappeler le sort dramatique de cette opposante déterminée à Poutine – ce qui en dit assez sur les risques encourus par Marina O.
Chercher la bestiole dans la tragédie … Le “bandeau” de traduction est inexact, sur le panneau brandi en plateau par Marina Ovsiannikova, elle n’a pas écrit “NON à la guerre”, mais une interpellation directe : “ARRêTEZ LA GUERRE”, et elle utilise la même formule, oralement, dans la vidéo adressée à ses compatriotes russes. Elle y accompagne son impératif d’action (“Arrêtez la guerre” au présent, ici et maintenant, la guerre concrète en cours, pas l’entité abstraite de la guerre en général) d’une remarque statistique évidente : “ils ne peuvent pas nous arrêter tous” (en russe, deux verbes différents pour “arrêter” un processus = “faire cesser, mettre fin à” et pour “arrêter” un malfaiteur ou un opposant = “coffrer, conduire au poste de police, en prison, etc”). Le diable niché dans les détails sémantiques ?
Il faut certes louer les opposants à Poutine. Mais mis à part les fameuses sanctions économiques qui vont pénaliser une bonne partie de la planète, que peuvent faire des occidentaux engagés dans un processus de décadence morale accentué. Soljenytsine avait parlé du « déclin du courage » dans les pays les plus favorisés économiquement. Poutine n’a jamais eu besoin de son oeuvre pour être ultra-slavophile. L’auteur du « Pavillon des cancéreux » était d’ailleurs très modéré sur ce plan. Mais en ce qui concerne notre déliquescence, le prix Nobel et le maître actuel du Kremlin portent le même diagnostic. Sans cela, les occidentaux n’auraient peut-être même pas besoin de menacer la Russie.
Je réponds surtout à Françoise Alabe.
Non, je ne pense pas en l’occurrence que le diable se niche dans les détails sémantiques dont vous parlez.
Interrogée hier sur France 24, Anastasia Perun, traductrice en Ukraine, ne croit pas une seconde à la véracité de la performance de Marina Ovsiannikova. Selon elle, la rhétorique qu’elle utilise est celle du pouvoir et aucunement celle de la résistance à Poutine. Il faut entendre son témoignage :
https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20220316-guerre-en-ukraine-tous-les-russes-sont-coupables-de-ce-qu-il-se-passe-assure-une‑r%C3%A9fugi%C3%A9e
Et si vraiment le diable se niche dans TOUS les détails, comme ceux-ci, n’oublions pas que Poutine n’est pas spécialement un saint.
Pas plus convaincant… On n’a qu’à attendre d’éventuelles preuves.