Pourquoi Nietzsche aujourd’hui ?
L’énigme du jour : ce graphisme génial, s’agissant d’un génie. Non pas tant le système Google, mais celui qu’il entend célébrer, aujourd’hui 169e anniversaire de sa naissance. Pourquoi 169 ? Ben, pardi, parce que le dessin était prêt, s’imposant dans une sorte d’urgence. On peut le voir ainsi. Et qu’importe, au fond, le rituel des nombres « ronds » s’agissant d’un génie protéiforme et, en partie pour cela, généralement incompris, donc récupéré, malaxé, maltraité, pillé, gaspillé et houspillé.
Nietzsche – il s’agit bien de lui – a ainsi été « rapté » par les fascistes italiens et par les nazis qui firent leur, en les détournant de leur sens profond, les notions de « surhomme », de « volonté de la puissance » et d' « éternel retour »,
C’est donc l’occasion, à partir de cette célébration googlienne – bien entendu, c’est le cas de le dire, surveillée par la NSA yankee – d’aller à l’encontre des clichés enfermant Nietzsche, sa philosophie, sa vie. À propos de celle-ci, rappelons cet épisode déclencheur de sa folie et de ses dix dernières années : la scène se passe dans une rue de Turin en janvier 1889 ; un cocher brutalise son cheval qui refuse d’avancer. Nietzsche, saisi de sanglots et de compassion, enlace l'animal. Reconduit à son domicile, il demeure prostré durant deux jours, avant de sombrer dans la démence.
Cette scène[ref]Scène dont la véracité est cependant contestée ou, du moins, objet d'incertitudes.[/ref] est le point de départ du Cheval de Turin, film du Hongrois Béla Tarr, Ours d'argent (Grand Prix du Jury) au Festival de Berlin 2011. Un film des plus étranges qui soient, récemment passé à la télé, sorte d’allégorie poignante tout autant que désespérante sur la vie, la mort, l’absurdité… [Extrait vidéo ci-dessous. Lire à l'occasion ce très intéressant article sur le cinéma et l'art en général : Le Cheval de Turin : pourquoi ça vaut le coup de se faire chier au cinéma ?].
Photo de Nietzsche dédicacée à René Char, exposition Albert Camus, Lourmarin, sept. 2013. Au dos de la photo, Camus a écrit, au-dessus d'un petit soleil : « À René Char, le souvenir de ce qui nous unit. Mai 1957 ». [Ph. gp]
Bien vu, Ponthieu, ce logo nietzschien de googueule, bouillie illisible, graphisme prétentieux. Me souviens « d’ainsi parlait Zarathoustra » lu dans les chiottes des ateliiers Class entre deux séries de montage sur la chaîne. Pas tout pigé évidemment si ce n’est l’envie de quitter l’usine, ce que j’ai fait.
Ce graphe, je le trouve gé-ni-al… même que j’ai failli ajouter « on dirait du Faber ». Tu fais ton jaloux, je le vois bien ! Tu voudrais tant te faire gougueuliser, hein, pas vrai ? Ça viendra, je le prédis ! 😉
Ha ha ha, sacré le Ponthieu. J’en avale ma souris, j’en broute mon clavier. J’entre dans ma période Vallotton, poil au menton, ses gravures purée, c’est pas du Plantu. Pour info, expo à Paris au grand palais (Vallotton, pas moi, enfin pas encore).
Le génial crâniologue Lombroso n’avait-il pas déjà déclaré après de méticuleuses recherches que la figure apparaissant sur le suaire de Turin était celle de Nietsche, dans lequel celui-ci avait été enveloppé un temps, à défaut de camisole, quand il avait voulu faire de son cheval un sénateur ?
Je signale à l’ami Gérard que la video promise ne s’affiche pas. Pas grave, j’étais allé « me faire chier » à voir ce génial film « Le cheval de Turin ». A ce propos, du moins au niveau de l’image, une certaine proximité de plan avec les deux non moins passions Heimat d’Edgar Reitz.
…Pourtant elle marche, c’te vidéo, je viens de vérifier… (NSA passerait au brouillage aussi ?) Du coup, je note en passant que cet extrait, à vocation « publicitaire », montre la seule séquence du film où l’on voit « de l’action »… Quant à celle du début du film, plan-séquence enveloppant le cheval et l’attelage, elle est sublime.
Heimat, je vois bien cette proximité formelle ; à vérifier aussi. Merci l’Daniel.
Je viens de recaler une nouvelle vidéo qui montre le tout début du film « Le Cheval de Turin » de Béla Tarr : un incroyable travelling autour d’une musique saisissante ; symbole de l’attelage homme-animal, souffrance et destin partagés. Quelque chose de sublime. Ce film m’a fasciné.