« On peut rire de tout », prétendait le Pr Choron. Oui, mais…
Choron, paix au professeur et à son âme, ne faisait pas dans la guipure. C’était tout son charme. On pouvait ne pas y succomber. Mais Georges Bernier s’inscrit bel et bien dans la lignée gauloise du PCT (Pet, Cul et Tradition). Une singularité plutôt française nourrie à Rabelais, revisitée en son temps par le génie de Coluche, célébrée au plus haut par le dévastateur Desproges. À côté desquels un Bigard évoquerait plutôt «la fiente de l’esprit qui vole», selon le mot de Victor H., parlant du calembour.
Peut-on rire de tout ? Oui ! professait Choron, sans le moindre doute. Car il ne doutait de rien, peut-être même pas de lui-même. Oui ! assurément, confirmait Pierre Desproges, «mais pas avec n’importe qui !». Restriction de taille, bien que son auteur ne l’ait guère pratiquée, surtout pas devant le Tribunal des flagrants délires. Là, sur France Inter et en plein midi, avec ses comparses Claude Villers et Luis Rego, il pourfendait le politiquement correct à un point qu’on n’ose plus imaginer aujourd’hui. Même si l’outrance verbale peut encore – parfois – donner le change en amusant, et même jusqu’à faire rire, ce qui ne fait jamais de mal. Mais d’un rire sec (même s’il est gras), à basse altitude, sans lendemain.
Or, un Desproges, osant par exemple ce monologue intitulé «Les Juifs», sait se jouer des pires poncifs antisémites, tout en nous libérant d’un éventuel interdit sur la question. Seuls quelques rares humoristes – comme Boujenah ou Popek – peuvent exercer cette liberté-là, mais de l’intérieur de la référence juive.
En vingt ans, le contexte aura viré au politiquement correct, à la Précaution élevée en principe cardinal. On le sait parce qu’on peut le mesurer à l’aune de ces balises que sont les grands humoristes. Choron aussi, dans son genre, celui qui a permis le «bête et méchant», ce jeu-de-con iconoclaste bigrement salutaire, quasi salvateur au regard au moins de notre – si grande & petite – condition humaine.
Oui, rire de tout – mais… avec humour. L’umour qui sauve. Comme l’amour.
Bonjour à tous,
Si vous passez par Avignon, n’hésitez-pas.
Emmanuel Pallas dans « PEUT-ON RIRE DE TOUT ? »
Le politiquement correct s’est emparé des médias. On ne peut plus rien dire sous peine d’être taxé de raciste, misogyne, anti-vieux, anti-jeunes, anti tout. Emmanuel Pallas met les pieds dans le plat et ça déménage. Une vision acide de notre époque troublée. On rit beaucoup et surtout, quand on sort, on en parle. Peut-on rire de tout ? Peut-être un début de réponse.
Théâtre du ROI RENÉ
6, rue Grivolas
Avignon
du 10 juillet au 3 Août 2008
19H45