ÉCOLE ET MÉDIAS. Contre la complicité des gobeurs et des faiseurs d’« information »
[dropcap]Entre[/dropcap] école et médias, il y a matière à malentendus. Jusqu’à samedi, la 16e Semaine de la presse et des médias dans l'école va tenter d’y confronter plus de quatre millions d'élèves, dans 14.000 établissements. Le thème retenu, «diversité des médias et pluralisme des opinions», ne manque pas de piquant à l’ère des concentrations et recapitalisations sur le mode industriel. Une occasion aussi pour les journalistes d’opérer sur eux-mêmes et leurs employeurs un nécessaire recul critique.
Normalement, je dis bien normalement, les 392.000 enseignants – dont les quelque 32.000 portés disparus au front du combat pédagogique, selon le rapport «secret» dévoilé par le quotidien des idées saines, ouf ! – devraient s’adonner à «C’est pour dire». Je n’ai pas écrit «s’abonner», c’est toujours vraiment gratuit.
Je parle, en clin d’œil, de cette complémentarité entre ce blog voué à la critique des médias et des maîtres plus ou moins appelés à agir de même auprès de leurs élèves. Justement pour les élever au-dessus du troupeau.
Je déplore souvent ici le redoutable panurgisme journalistique, et cette inertie qui va avec, telle la corde du pendu. Ce mal insidieux frappe bien des rédactions. Mais pas moins les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs prompts à avaler les nouvelles comme autant de couleuvres. Il y a là une complicité de fait qui se joue entre des faiseurs d’ «information» et des gobeurs coupablement passifs et complices.
Gloire donc au Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information, du ministère de l'éducation nationale, qui se voue à cette noble mission salvatrice des uns et des autres, des uns par les autres ! Puisque tel est le rôle du Clemi, notamment, que d’éveiller enseignants et élèves à la fréquentation critique des médias.
Des journalistes et des journaux se prêtent au jeu. Ils en espèrent souvent des clients de demain. Oui, j’ai bien écrit clients, là où il faudrait des lecteurs. L’école, à commencer par celle de la République, se doit d’élever les enfants à hauteur d’homme. C’est le beau sens du mot élève et de même le beau rôle du métier de passeur entre les générations. Tandis que le monde marchand tire à lui les consommateurs, l’école peut encore lui opposer des citoyens de demain. Les médias, eux, sont-ils encore capables de mériter de vrais lecteurs ?
Merci Gérard de cet hommage au CLEMI 😉
Et pour en revenir à France Inter, hommage à cet invité de Philippe Bertrand dans « Carnets de campagne » qui, hier, demandait un enseignement de l’image à l’école.
En ces périodes de changements possibles, pourquoi ne pas imaginer un ministère de l’Education qui, à l’instar de ceux de certains pays (nordiques en particulier) créerait des postes de professeurs de médias et adapterait ses programmes à la vraie vie ?
Evotution obligée dans une situation où la défense de la république et de la démocratie est la seule réponse viable aux dérives possibles. Il faut officialiser ce qui pour beaucoup d’entre nous n’a été, en raison des circonstances et par la force des choses, plus une action militante qu’une application stricte des directives imposées. Et ceci est d’autant plus urgent face à l’évolution rapide des technologies de communication : où est aujourd’hui la frontière entre TV et Internet, comment circule l’info, qui la manipule ? … Tant de questions urgentes sur lesquelles tout le monde (ou presque) s’empresse de fermer les yeux !!!