DANS LA PRESSE. Lâcher de faucons à Washington
Sous cet excellent titre, le confrère suisse rafraîchit nos mémoires, si besoin était, à propos de la bande des «néo-cons» qui tirent les ficelles de la politique états-unienne, en particulier sur le «rest of the world». Ici, ce n’est rien moins que la Banque mondiale qui pourrait être la proie des faucons de Washington.
Serge Enderlin, Le Temps [Genève 17/03/05]
«Paul est un homme bien qui a du cœur», a dit George W. Bush en annonçant le choix de Paul Wolfowitz pour accéder à la présidence de la Banque mondiale. Le président américain n'a pas entièrement tort. Wolfowitz a en effet du cœur à revendre quand il s'agit de mener des entreprises aussi radicalement ambitieuses que celle consistant à démembrer le droit international en piétinant ses principes élémentaires.
« Cerveau de la meurtrière opération irakienne, le numéro deux du Pentagone n'a presque aucune expérience pratique du développement, mais ce n'est pas un handicap suffisant aux yeux de la Maison-Blanche. La promotion de Wolfowitz intervient quelques jours après celle de John Bolton, nommé ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies. Bolton est bien connu du personnel onusien. Pas pour ses compétences de diplomate (l'homme n'a aucune diplomatie), mais pour avoir exigé à plusieurs reprises l'abolition de l'institution!
« Bush place ainsi deux unilatéralistes convaincus au cœur du système international multilatéral. Plus qu'une provocation, c'est une agression de plus contre la communauté internationale, la preuve que les «néo-cons» qui mènent la danse à Washington sont en train de se réveiller.
[…] « Les Européens, et tous ceux qui entrevoyaient dans les derniers événements («ouvertures» démocratiques au Moyen-Orient) le début d'une vérité bushienne en seront pour leurs frais: non, Bush n'a pas changé; non, on ne s'était pas trompé sur lui; non, il n'y a pas d'examen de conscience à faire sur les critiques formulées dans le passé à l'encontre de cette administration américaine pour qui un bon allié est un partenaire qui se couche. »
Quant à moi j’aurais plutôt observé une chose, en tant que lecteur du Monde.fr, que nulle part n’est donnée la position de Paul Wolfowitz vis à vis du développement et de la pauvreté.
Pour Bolton, nommé ambassadeur à l’ONU, nous avons eu droit à la description de sa profonde foi en le multilatéralime et en l’action de l’ONU via ses diverses sections dont la CPI n’est qu’un exemple. *cough*
Par contre, pour Wolfowitz, on en est réduits à présumer qu’en tant qu’américain néo-cons, il est libéral etcetera et tutti quanti…
Pourtant vu son job, c’est bizarre que rien n’en ait été dit.